Microsoft surprend son monde en lançant deux tablettes

Le CEO de Microsoft Steve Ballmer a présenté hier deux tablettes, confirmant les rumeurs qui avaient filtré en fin de semaine dernière. Baptisées Surface, les deux ardoises profitent de l’interface Metro de Windows 8 et sont notamment équipées de ports USB, de caméras sur les deux faces et d’une protection faisant également office de clavier, disponible dans deux finitions. L’éditeur qui a donc choisi de sortir son propre matériel plutôt que de collaborer avec un fabricant partenaire, explique que ses tablettes sont destinées tant à la consultation et au divertissement qu’à la création active.

Un modèle grand public et un modèle pro

Equipée de Windows RT et tournant sur un processeur ARM, la première tablette propose un écran tactile HD de 10,6 pouces, pour un poids de 676 grammes et 9,3 mm d’épaisseur. Le terminal sera également doté d’applications Office. Disponible en versions 32 et 64 GB il est attendu pour la sortie de Windows 8 cet automne, dans les magasins Microsoft et en ligne. Selon les commentateurs, son prix devrait avoisiner celui des autres tablettes ARM, soit environ 500 dollars.
La seconde tablette devrait sortir 90 jours plus tard et être munie de Windows 8 Pro, d’un processeur Intel Ivy Bridge et d’une mémoire de 64 ou 128 GB. Egalement dotée d’un écran de 10,6 pouces, cette tablette plus puissante sera aussi plus lourde (903 grammes) et plus épaisse (13,5 mm). Munie d’un stylo digital pour faciliter la saisie, le terminal devrait se vendre au prix d’un ultrabook et s’approcher des 1'000 dollars.
Pour les deux tablettes, une grande incertitude concerne l’autonomie de leur batterie, notamment lors de l’emploi du clavier externe.

Office: l’application killer pour l’entreprise

S’il sera difficile pour Microsoft de concurrencer l’iPad, sa tablette haut de gamme dispose de nombreux atouts pour convaincre les utilisateurs professionnels. Grâce à son clavier, à son stylet et au port permettant de se connecter à un écran tiers, elle se rapproche d’un ultrabook et comble l’une des principales lacunes de l’ardoise d’Apple, à savoir la saisie de contenus. D’autre part, Microsoft veillera sans doute à un usage optimal d’Office sur sa tablette. La suite bureautique étant sans conteste une killer app, comme le prouvent les intentions de Google en la matière. Au niveau applicatif toujours, Microsoft devrait pouvoir rallier les éditeurs de logiciels d’entreprise à sa tablette, mais devrait peiner à concurrencer la richesse du magasin d’Apple dans le domaine des apps grand public.

Microsoft va-t-elle se fâcher avec ses partenaires?

Beaucoup de commentateurs soulignent le risque que prend Microsoft de détériorer la relation avec ses partenaires. Ses tablettes étant susceptibles de concurrencer tant les tablettes que les ultrabooks Windows de ses partenaires Acer, Asus, Dell, HP, etc. Une démarche dont Microsoft s’est gardée des années durant en se limitant aux logiciels.
Pour autant, la stratégie de Microsoft a le mérite de l’innovation et du courage. La firme signale implicitement que ses fabricants partenaires n’ont pas su pour l’heure concurrencer l’iPad. Elle reconnaît aussi qu’à l’heure de la consumérisation des terminaux, il faut peut-être contrôler l’ensemble de la chaîne, du matériel au logiciel, pour fournir l’expérience demandée par la clientèle. Enfin, on peut légitimement se demander si les autres équipementiers auraient été prêts à payer les licences Windows sachant qu’ils disposent avec Android d’un OS gratuit. Avec sa stratégie, Microsoft court certes un risque, mais le risque était vraisemblablement plus grand à ne rien changer et à laisser peu à peu iOS et Android s’accaparer le marché.