Pour la compatibilité

IBM investit un milliard de dollars dans les technologies Linux

| Mise à jour
par Jean Elyan / lemondeinformatique.fr

IBM va financer le développement d'applications Linux et le déploiement d'un service cloud sous Linux équipé de serveurs Power. Il ouvrira le premier octobre à Montpellier un centre Power Systems Linux pour ses clients européens.

Dans les 5 prochaines années, IBM va investir un milliard de dollars dans le développement de Linux. L'entreprise veut que ses serveurs Power puissent gérer des applications cloud et big data dans des environnements distribués. L'investissement, annoncé lors de la conférence LinuxCon qui se tient actuellement à la Nouvelle Orléans (16-18 septembre), va permettre de financer des programmes de développement d'applications Linux pour les serveurs Power d'IBM. Les fonds seront également utilisés pour mettre sur pied un service cloud réservé aux développeurs qui pourront écrire et tester leurs applications pour serveurs Power avant leur déploiement. L'investissement sera également consacré au développement de logiciels compatibles avec les nouvelles puces Power8 d'IBM qui doivent équiper des serveurs l'année prochaine.

Par ailleurs, IBM ouvrira le premier octobre en France, sur son site de Montpellier, un centre technologique Power Systems Linux qui met à la disposition des développeurs les puces et les serveurs Power pour développer et déployer des applications Linux. Ce centre s'adressera principalement aux clients européens. Le groupe américain a déjà constitué trois autres structures de ce type, à New York, Austin et Pékin, ce dernier ayant été ouvert en mai. «Linux est un système tout à fait adapté aux grands déploiements cloud et big data des centres de calcul», a déclaré Doug Balog, directeur général Power Systems d'IBM. «Si l'on regarde ce qu'ont accompli depuis des années nos clients actuels, Linux va nous permettre de valoriser ce qu'ils ont développé et leur apporter de nouvelles capacités», a-t-il ajouté. L'investissement concernera aussi bien les développements Linux réalisés par des clients, que par des développeurs et des étudiants, mais IBM n'a pas expliqué comment les fonds seront distribués. Big Blue s'attend à de nombreuses contributions de code pour des applications comme OpenStack, un environnement de calcul distribué pour le traitement de grands ensembles de données sur un réseau de serveurs.

IBM veut attirer des constructeurs vers Power

Le matériel Power d'IBM est surtout connu à travers le supercalculateur Watson tournant sous Linux, qui a battu l'homme dans le jeu télévisé «Jeopardy». Jusqu'ici, les puces Power ont été utilisées pour des applications exigeant de grosses quantités de ressources, comme le traitement des transactions financières, mais IBM estime que ses puces offrent suffisamment de flexibilité pour le cloud computing et l'analyse de données et sont performantes pour la collecte, la gestion et l'analyse rapide des données. IBM espère également attirer plus de développeurs Linux pour rester compétitif face à des rivaux comme HP et Dell, dont les serveurs x86 sont largement utilisés dans le cloud et les déploiements analytiques.

Voilà plus de dix ans qu'IBM investit des millions de dollars dans le développement de Linux. La dernière annonce fait suite à la décision prise le mois dernier par IBM d'ouvrir son architecture et sa licence Power à des tiers pour leur permettre de construire des serveurs et des composants basés sur sa puce (lancement de l'alliance OpenPower avec Google en août). Avec Linux, IBM espère aussi que sa puce Power8 attirera des tiers qui veulent construire des serveurs non-x86. Le choix de Linux soulève quelques interrogations sur l'avenir du système d'exploitation Unix AIX d'IBM, mais Doug Balog a déclaré que celui-ci restait destiné aux applications haut de gamme. «L'apport de fonds pour Linux pourrait contribuer à donner plus de flexibilité aux infrastructures Power-AIX existantes pour traiter de nouvelles charges de travail dans le cloud et dans le domaine des analytiques», a ajouté le directeur général Power Systems d'IBM.

L'investissement ne profitera pas directement à la communauté

AIX et Linux sont déjà compatibles entre eux pour ce qui est de la virtualisation et de la gestion du système, de sorte que les serveurs tournant sous différents systèmes d'exploitation peuvent coexister dans un datacenter. «AIX est trop important pour nos clients et pour la stratégie à long terme», a affirmé Doug Balog, ajoutant que «IBM a investi des milliards de dollars dans son système d'exploitation, et continuera à investir».

«Linux était un système d'exploitation très secondaire dans l'architecture Power d'IBM», a déclaré Al Gillen, vice-président du programme de recherche en logiciel système chez IDC. Selon lui, on ne sait pas très bien où ira le milliard de dollars injecté par IBM, mais l'argent pourrait servir à améliorer le fonctionnement de Linux sur Power. Il pourra aussi être affecté au développement de l'architecture matérielle, et au portage de la machine virtuelle sur Power. «Cependant, l'investissement ne profitera pas directement à la grande communauté Linux qui travaille majoritairement sur des serveurs x86», a ajouté Al Gillen.

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