Ethereum passe au Proof-of-Stake

Dominik Spicher, 21 Analytics: «Le rôle d’Ether ne devrait pas être affecté de manière significative par la fusion»

La plateforme Ethereum modifie son mécanisme de consensus et abandonne le Proof-of-Work pour adopter le Proof-of-Stake. Ne s’appuyant pas sur le calcul réalisé par les «mineurs», le nouveau mécanisme devrait être beaucoup moins gourmand en énergie. Contacté par ICTjournal, Dominik Spicher, co-fondateur de 21 Analytics, explique les enjeux de ce «merge» pour la crypto-économie et pour la scène suisse.

Dominik Spicher est co-fondateur et chercheur senior chez 21 Analytics (https://21analytics.ch/), une société zougoise, développant des outils de conformité pour le secteur des crypto-monnaies.
Dominik Spicher est co-fondateur et chercheur senior chez 21 Analytics (https://21analytics.ch/), une société zougoise, développant des outils de conformité pour le secteur des crypto-monnaies.

Qu'est-ce que le merge de l’Ether? Quel est son objectif principal? Qu'est-ce qui en fera un succès ou un échec?

La fusion d'Ethereum est un moment largement anticipé où Ethereum fera passer son mécanisme de consensus de Proof-of-Work (PoW) à Proof-of-Stake (PoS). Ce changement est également son principal objectif. Le principal avantage (à ce stade hypothétique) est une diminution spectaculaire de la consommation d'énergie. Cependant, le nouveau mécanisme de consensus est beaucoup plus complexe que le Proof-of-Work, car il n'est plus possible de lier la validité de la blockchain à un travail extrinsèque et objectif effectué par les mineurs. Par conséquent, l'indicateur immédiat de succès ou d'échec sera la douceur avec laquelle cette transition se produira. Si tout se passe bien, il n'y aura aucun échec pour parvenir à un accord sur ce qu'est la blockchain légitime. À plus long terme, le succès se mesurera au fait que le système de blockchain Ethereum pourra conserver ses propriétés de décentralisation et de résistance à la censure dans le cadre de ce nouveau mécanisme de consensus, quelque peu expérimental.

Quel sera l'impact sur la cryptoéconomie? Comment cela va-t-il changer le rôle et l'importance de l'Ether?

Tout d'abord, si tout se passe bien, l'impact devrait être marginal. Sur le plan fonctionnel, l'une des principales différences entre les deux mécanismes, réside dans le fait que dans le Proof-of-Stake les frais de transaction et les nouveaux jetons distribués en raison de l'inflation iront aux détenteurs de gros avoirs en Ethereum. Cela signifie de nouveaux modèles commerciaux pour les acteurs de la cryptoéconomie qui conservent l'Ethereum pour le compte de leurs clients. Bitcoin Suisse deviendra par exemple l'un des plus grands validateurs (l'équivalent des mineurs sous PoS) sur Ethereum 2.0, et gagnera ainsi un revenu sur ses avoirs. S’agissant du rôle de l'Ether, il ne devrait pas être affecté de manière significative par la fusion. Ethereum reste le choix privilégié pour les applications blockchain qui ont besoin des riches fonctionnalités des contrats intelligents.

Si la fusion ne se passe pas bien, l'impact pourrait être important et négatif : Ethereum, en tant que deuxième plus grande crypto-monnaie (en termes de capitalisation boursière) et aussi l'une des plus anciennes, pourrait causer de grands dommages à l’image et à la réputation de l'ensemble du secteur des crypto-monnaies, qui se traduisent naturellement par les prix des crypto-monnaies. On ne peut pas s'attendre à ce que le public fasse des distinctions fines entre les différentes crypto-monnaies. Tout problème lié à la fusion pourrait ainsi contaminer la réputation de l'ensemble du secteur.

Quel sera l'impact pour la Suisse et la scène suisse des crypto-monnaies?

La Crypto Valley en Suisse repose sur le succès des projets blockchain. En tant que telle, les potentiels effets négatifs que j’ai mentionnés en termes de réputation et de perception la toucheraient de manière particulièrement forte. La fondation Ethereum est domiciliée à Zoug, les liens sont donc assez forts. Là encore, si tout se passe bien, l'impact devrait être relativement faible, comme partout ailleurs dans le monde. En Suisse, il n'y a pratiquement pas d’activité de minage Proof-of-Work qui cesserait avec le passage au Proof-of-Stake.

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