Rosendo Mañas Faura, Resilio: «L’impact de l’IT est en général intégré au reporting ESG»
Spin-off de l’EPFL, Resilio a développé des services et une plateforme SaaS pour évaluer l’empreinte environnementale des systèmes IT des entreprises. ICTjournal s’est entretenu avec Rosendo Mañas Faura, en charge des opérations de la jeune pousse lausannoise.
A quelles entreprises vous adressez-vous? Auquel de leur problème répondez-vous?
Je dirais que nous nous adressons en priorité à des grandes organisations tant publiques que privées. Les cantons de Vaud et de Genève, la Ville de Lausanne comptent parmi nos clients, mais aussi le groupe Occitane et des entreprises dans le sport, l’alimentation et la banque. Toutes les grandes organisations sont engagées dans une numérisation de leurs processus qui ne tient pas compte des enjeux environnementaux. C’est un problème compte tenu du changement climatique et de ses répercussions. Nous les aidons donc à réaliser leur transition vers un numérique responsable, à appréhender les enjeux écologiques et à prendre des décisions sur la base de facteurs environnementaux.
Qu’est-ce qui motive les entreprises à réduire l’empreinte de leur IT?
Les motivations sont diverses. Dans la plupart des cas, l’impact IT est intégré au reporting ESG ou l’entreprise veut se préparer à ce que cet aspect soit exigé à l’avenir. Pour le cas particulier des entreprises qui développent et commercialisent de produits numériques, c’est un moyen d’afficher que ces derniers ont un impact réduit. Il peut aussi s’agir de se mettre en conformité avec des règlementations spécifiques. En France, les collectivités de plus de 50 000 habitants ont jusqu’à 2023 pour mettre en place une démarche Green IT.
Qu’offrez-vous aux entreprises qui recourent à vos services?
Notre plateforme SaaS permet aux organisations de mieux maîtriser l’impact de leur infrastructure IT, de savoir en permanence combien de CO2, d’eau, d’énergie, d’écotoxicité émettent leurs systèmes. Sur cette base, un deuxième volet de notre offre consiste à les conseiller et les accompagner pour réduire cet impact. Nous avons maintenant une certaine expérience et nous savons identifier les points d’amélioration pour mettre en place des stratégies de réduction ciblées. Avec parfois des économies à la clé, comme lorsque notre analyse indique que le parc informatique est suréquipé. Les entreprises s’intéressent aussi à nos benchmarks pour comparer leurs résultats, mesures et objectifs à ceux d’autres organisations.
Quelles informations fournit votre plateforme SaaS?
La plateforme est à la fois un outil de saisie de données sur le parc informatique et de reporting de son impact. Nous nous appuyons sur des méthodes analogues au Lifecycle Assessment. Les responsables peuvent consulter des indicateurs pour les différents périmètres de leur infrastructure: le datacenter, les postes clients, le réseau, l’impression, la téléphonie, etc. Ils peuvent aussi simuler l’impact qu’auraient des changements envisagés sur les indicateurs. Nous développons par ailleurs de nouvelles visualisations. Nous travaillons aussi à rendre notre plateforme davantage automatisée. La prochaine étape sera de la connecter à la CMDB pour épargner aux utilisateurs le travail de saisie parfois laborieux et réduire les erreurs.
Qu’est-ce qui limite aujourd’hui la mesure de l’impact de l’IT?
L’une des limites tient au manque de données disponibles. Il n’existe notamment pas de base de données fiable recensant tous les modèles d’équipements IT avec leurs données environnementales. Nous sommes donc souvent contraints de nous appuyer sur des standards et des moyennes. L’impact des environnements de cloud public est par ailleurs difficile à mesurer. Les informations fournies par les hyperscalers sur leurs émissions ne sont pas claires, on ne sait pas comment ils arrivent à leurs résultats, donc on ne peut pas en faire en grand-chose. L’impact des infrastructures sur site est sans doute moindre et il a l’avantage d’être mieux maîtrisé.
