Répondre au Covid-19

A l’OMC aussi, le coronavirus dope la numérisation

Comme dans d’autres organisations, le confinement a accéléré le déploiement de technologies de collaboration à l’Organisation mondiale du commerce. Responsable IT de l’organisation, Fabrice Boudou explique les choix qui ont été faits pour que les opérations, réunions et autres négociations se poursuivent en tenant compte des contraintes particulières de l’OMC.

L’Organisation Mondiale du Commerce n’y a pas échappé. Coronavirus oblige, les 700 collaborateurs du siège genevois de l’organisation ont dû quitter leurs bureaux et poursuivre leur travail à domicile, le transfert étant assuré par les équipes IT. «Ce n’était pas si compliqué, on s’est appuyé sur nos procédures ITIL et on a juste dû augmenter les capacités de connexion à distance au fur et à mesure», explique Fabrice Boudou, Directeur de l’Informatique de l’OMC. La formule est la même que dans d’autres organisations: on déploie et on augmente les accès VPN, la bande passante, la VDI et les outils collaboratifs, en l’occurrence Teams. «C’est fascinant, commente le DSI. Avant nous avions une stratégie complète pour inciter les gens pour qu’ils emploient Teams, maintenant tout le monde l’a adopté, même les plus réfractaires».

Les premières semaines sont aussi passées à déployer quelques PC supplémentaires et à supporter les utilisateurs avec les outils de télétravail. «Rapidement tout le monde a pu travailler à la maison et être productif, se réjouit Fabrice Boudou. On a été un peu vus comme les sauveurs de l’organisation alors que nous ne faisions que notre job. Avec peut-être un peu plus d'intensité que d'habitude, c'est vrai.»

Le Covid a permis l’accélération de l’utilisation du cloud. «Notre VDI étant en fin de vie, nous avions planifié de le remplacer avant la fin de l’année. Soit nous renouvelions l’infrastructure avec de lourds investissements, soit nous passions au cloud», explique le DSI. Toutefois, l’OMC traitant de disputes opposant les pays entre eux, il n’était pas question que des données confidentielles puissent devenir accessibles à certaines agences de renseignement d’Etats membres. L’organisation opte donc plutôt pour une transformation du service existant. «Le COVID nous l’a montré, l’accès RDC à sa propre machine de bureau en donnant aux utilisateurs leur environnement de travail normal est une très bonne solution», commente Boudou. Ainsi, au lieu d’un VDI offert à tous, le département IT accélère la mise à disposition d’accès distants via RDC, tandis que la technologie VDI, autrefois généralisée, reste employée par les traducteurs travaillant pour l’OMC. Du coup, l’utilisation du cloud et un paiement à la consommation deviennent une possibilité, explique Fabrice Boudou qui constate combien la crise fait sauter certains blocages. Ainsi la solution VDI tourne sur le cloud d’Azure, chose qui aurait été inconcevable il y a quelque temps.

Négociations en vidéoconférence?

L’OMC n’est pas pour autant une organisation comme les autres. Pas question par exemple de négocier ou de résoudre des différends commerciaux via Teams ou un outil public. En lieu et place, les parties impliquées échangent via un outil garantissant davantage de confidentialité: une solution Skype for Business «privée» hébergée dans une autre organisation internationale basée à Genève. «La solution est parfaitement confidentielle tant que personne n’y participe avec un téléphone», avertit Fabrice Boudou.

Ce n’est pas la seule spécificité à gérer, il faut aussi trouver des solutions pour permettre les rencontres des Membres au sein des Comités, en charge de domaines aussi divers que l’accès au marché, l’agriculture ou les services. Avec le défi supplémentaire que les réunions entre les représentants des pays doivent être traduites en direct par des interprètes. Là aussi, l’urgence fait bouger les lignes, commente Fabrice Boudou: «Nous avions beaucoup de difficulté à obtenir que l’on teste des réunions de Comité en mode numérique. Et, du jour au lendemain, on nous a donné 48h pour recommander ce que nous pouvions mettre en place en offrant une meilleure garantie de sécurité qu’avec la plateforme Zoom». Les solutions standard comme Teams ne permettant pas d’offrir les outils nécessaires aux interprètes, le département IT se tourne vers une solution suisse spécifique déjà testée par l’Union Internationale des Télécommunications. Fait original, l'un des investisseurs principaux de l’entreprise est la famille Suchard!

Les projets qui démarrent et ceux qui reprennent

Deux mois après le début du confinement et avec une crise qui pourrait durer, Fabrice Boudou se prépare déjà aux prochaines capacités informatiques à développer. Il faudra sans doute conduire d’autres activités de l’OMC de manière virtuelle, comme l’organisation de grandes conférences ou les formations en direct de fonctionnaires de pays en voie de développement d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.

Certains chantiers de transformation ne se sont pas arrêtés et pourraient profiter de la dynamique et de l’aura actuelle de l’IT. Le DSI évoque notamment la migration des systèmes RH sur un nouveau système en SaaS, ainsi qu’un gros projet de numérisation des flux de création et de traduction des documents - l’organisation du commerce en produit beaucoup…

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