Les Suisses font un peu plus confiance à l’IA, mais un peu moins à la protection des données
En 2025, les Suisses utilisent les services d’IA beaucoup plus fréquemment qu’un an plus tôt. La confiance envers les fournisseurs d’IA progresse elle aussi, mais plus timidement. En revanche, le sentiment de sécurité lors de la saisie de données en ligne et la confiance dans la protection des données au niveau national diminuent.
  L’intelligence artificielle continue de gagner en popularité auprès de la population suisse. C’est ce que révèle la dernière étude sur la confiance dans les données réalisée par le service de comparaison Comparis. Les résultats reposent sur un sondage mené en septembre 2025 auprès de 1’049 adultes dans toutes les régions du pays.
Selon l’enquête, 52,9% des personnes interrogées utilisent désormais des outils d’IA tels que ChatGPT et d’autres systèmes d’IA. D’après Comparis, cette proportion a presque doublé en un an: elle s’élevait à 27,4% en 2024 et à un peu plus de 17% en 2023.
 
Non seulement l’utilisation de l’IA a augmenté, mais la confiance accordée à ces outils pour un traitement sérieux des données clients progresse également. Selon Comparis, l’augmentation reste toutefois modeste et «à un niveau bas». Sur une échelle de 1 à 10, les personnes interrogées évaluaient leur confiance envers les fournisseurs d’IA à 3,9 points il y a deux ans. En 2025, cette moyenne atteint 4,3. Les banques (de 6,9 en 2023 à 7,2 actuellement) et les autorités (de 6,8 à 7,0) enregistrent elles aussi une légère hausse.
Sentiment de sécurité numérique en recul
Alors que la population suisse utilise de plus en plus les outils d’IA, d’autres services perdent du terrain. L’usage des moteurs de recherche a reculé de 87,1% en 2020 à 83,2% en 2025, indique Comparis. La baisse est encore plus marquée pour les services de messagerie électronique, dont l’utilisation est passée de 85,1% à 79% sur la même période. Les sites d’information traditionnels enregistrent eux aussi un net recul, de 66,7% à 54,7%.
«Cela indique que de nouvelles façons de rechercher ou de communiquer des informations sont adoptées», explique Jean-Claude Frick, expert numérique chez Comparis.
Si les Suisses font davantage confiance aux fournisseurs d’IA, ils se montrent en revanche plus réservés lorsqu’il s’agit de saisir des données sur Internet. Comparis constate que le sentiment d’insécurité lors de la saisie de données en ligne s’accentue. Sur une échelle de 1 à 10, la moyenne est passée de 5,7 en 2022 à 5,3 en 2025.
Le comparateur relève aussi une baisse de la confiance dans la réglementation suisse en matière de protection des données: en 2024, 56,6% des personnes interrogées estimaient encore que cette protection était «bien réglementée». Cette proportion est tombée à 51,7% cette année.
Sur ce dernier point, le service de comparaison relève des différences régionales marquées: en Suisse alémanique, 54% des sondés estiment que la protection des données est «plutôt bien» réglementée, contre 59,6% en Suisse italienne. En Suisse romande, ils ne sont que 43,5% à partager cet avis. Les hommes (10,9%) et les jeunes (11% des 15-35 ans) jugent plus souvent cette protection «très bonne» que les femmes (6 %) et les plus de 56 ans (2,5%).
Le sentiment général d’être surveillé atteint en moyenne 6,6 sur 10. Là encore, Comparis note des différences nettes entre les régions linguistiques: la Suisse alémanique affiche une moyenne de 6,5, contre 6,9 en Suisse romande. Ce qui suggère que les Romands se sentent globalement plus surveillés.
Submergé par les alertes incessantes
Comparis relève une autre contradiction dans le domaine de l’autodéfense numérique: celle-ci serait en recul, malgré le fait que «la perception des menaces est au niveau le plus élevé jamais mesuré.» Concrètement, l’utilisation de mots de passe complexes est passée de 49,3% en 2020 à 43,1% en 2025. La volonté de mettre régulièrement à jour les logiciels a également diminué, passant de 57,5% à 49,9% sur la même période.
La vigilance concernant les paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux suit la même tendance: alors qu’en 2020, 47,4% des personnes interrogées y prêtaient attention, elles ne sont plus que 41,5% en 2025. Cela pourrait traduire une évolution dans la perception de la vie privée en ligne, note Comparis.
Jean-Claude Frick avance une autre explication: «Ce phénomène peut être interprété comme une «fatigue de la sécurité»: les utilisateurs sont submergés par les avertissements constants et développent une attitude fataliste» explique-t-il.