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Les Suisses sont attachés à leur vieux smartphone

Selon Deloitte, la hausse des prix des smartphones irait de pair avec une montée en puissance du marché de l’occasion. Mais selon Swico Recycling, les Suisses ont plutôt tendance à garder leur ancien smartphone au chaud, dans un tiroir, à la maison.

Cet iPhone est-il suffisament cassé pour que son propriétaire s'en débarasse? (Source: InspiredImages)
Cet iPhone est-il suffisament cassé pour que son propriétaire s'en débarasse? (Source: InspiredImages)

L’obsolescence programmée des téléphones ne serait-elle qu’un mauvais souvenir? Depuis la polémique sur les iPhones ralentis, nous n’en avons plus entendu parler. Le focus sur la Suisse de l’étude Mobile Consumer Survey de Deloitte montre que dans la Confédération, la tendance est à l’allongement de la durée de vie des smartphones. «Aujourd'hui, les consommateurs n'acquièrent plus automatiquement un nouvel appareil au bout de deux ans ; bien souvent, ils attendent plus longtemps pour effectuer cet achat», indiquent les auteurs. En cause «le ralentissement des avancées techniques» mais aussi «le prix des appareils [qui] ne cesse d'augmenter.» Une évolution du marché lisible également dans les chiffres de Digitec. «Au quatrième trimestre de cette année, les appareils à plus de CHF 1’000 représentent plus de 4,5% de nos ventes de téléphones. Cette catégorie n’existait même pas avant le dernier trimestre 2017», témoigne Alex Hämmerli, porte-parole de l’entreprise de commerce en ligne.

Cette tendance est plus visible en Suisse qu’ailleurs. «Ici, les consommateurs achètent volontiers des appareils dernier cri », commente Roger Lay, Directeur Mobile Enterprise chez Deloitte Digital. Selon le cabinet de conseil, cela rend également le marché de l’occasion plus dynamique: «17% des utilisateurs suisses revendent leur ancien appareil, contre seulement 12% dans toute l'Europe.» Pour Deloitte, ces smartphones de seconde main rencontreraient ainsi «un succès grandissant». Une affirmation que contredisent les chiffres de Digitec dont l’onglet «Acheter d'occasion» n’écoule que 50 smartphones par mois depuis son lancement, en octobre 2017. «Ces chiffres ont été constants tout au long de l'année et représentent près de 10% du total des ventes de notre espace de revente», nous confie Alex Hämmerli, qui se dit «assez satisfait de ces résultats, relativement au faible investissement marketing qu’a représenté la plateforme.»

«Des choses personnelles, voire intimes»

Selon Deloitte donc, 17% des Suisses tenteraient de revendre leur ancien smartphone, tandis que «37% le conserveraient au cas où le nouveau tomberait en panne», 6% le feraient recycler (voire infographie ci-dessous) et 7% le jetteraient simplement à la poubelle après en avoir acheté un neuf. Des résultats que contestent Swico Recycling, chargée de la collecte et du recyclage des appareils électroniques usagés en Suisse. «Je ne pense pas que cela soit correct», s’étonne Jean-Marc Hensch, directeur de l’organisation nationale. «Nos recherches ont montré qu’un utilisateur ne se séparera de son téléphone que s’il est vraiment cassé, sinon il le gardera. L’appareil a pour lui une valeur non seulement financière mais aussi émotionnelle. Le smartphone est toujours avec vous, quand vous faites des choses personnelles, voire intimes. Vos données sont dessus. Le jeter ne rentrerait pas du tout dans le modèle psychologique lié à cet attachement.»

L’étude menée en 2015 par GFK pour Swico étaye la thèse du responsable de l’entreprise. Selon celle-ci, la moitié des Suisses conservent leur ancien appareil à la maison. Pourquoi? «Disposer d’un appareil de remplacement» est la réponse la plus citée (35%) suivie par «Il me reste des données sur l’ancien appareil» (13%), «Cet appareil vaut encore trop d’argent pour s’en défaire» (9%), puis, tout simplement, «Je ne veux pas me séparer de mon ancien téléphone» à égalité avec «Je déciderai plus tard ce que je souhaite en faire» (7%). En Suisse, la durée d’utilisation d’un téléphone ne correspond donc pas à sa durée d’existence selon Swico. La logique commerciale de l’engagement sur deux ans pour un forfait et un smartphone pousse encore certains consommateurs à changer régulièrement d’appareil. Mais ceux-ci ne se débarrassent pas pour autant de leur «vieux natel» tandis que de plus en plus nombreux sont les clients qui décorrélent leur contrat avec un opérateur de l’achat d’un appareil. Pour preuve: «Dans nos centres de collecte, la moyenne d’âge des téléphones que nous récupérons est aujourd’hui de 6 ans», affirme Jean-Marc Hensch.

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