Effets disruptifs

A long terme, l’industrie 4.0 augmentera les inégalités mais pas le chômage

Les économistes établis en Suisse ne s’attendent pas à une incidence négative de l’industrie 4.0 sur le marché du travail à long terme, selon une enquête du KOF. La majorité des experts sondés souhaite un changement de cadre légal.

A long terme, les économistes ne s’attendent à aucune incidence négative de l’industrie 4.0 sur le marché du travail. En outre, selon leurs estimations, l’économie suisse semble bien armée pour relever les défis de la quatrième révolution industrielle. Ces deux constats émanent de l’enquête réalisée par le KOF, le centre de recherche de l’Ecole fédérale polytechnique de Zurich. Avec la collaboration de la RTS, il a sollicité 476 économistes établis en Suisse. Quelque 157 d’entre eux ont répondu aux différentes questions concernant les conséquences de la quatrième révolution industrielle, ses répercussions sur le marché de l’emploi et sur les réactions éventuelles (de l’Etat).

Des avis divergents sur les incidences de l’industrie 4.0

L’enquête montre que les opinions des économistes sont divisées en ce qui concerne les répercussions à court terme sur le marché du travail. En effet, 32% des économistes estiment "plutôt exact" le fait que l’industrie 4.0 aura globalement un effet disruptif à court et moyen terme sur le marché de l’emploi. 16% d'entre eux jugent cet avis comme "en grande partie exact". A l’opposé, 19% des experts considèrent comme inexacte les supposés effets disruptifs sur le marché du travail à court terme et 22% sont en net désaccord.

S’agissant des répercussions à long terme, les économistes interrogés sont davantage du même avis: près de 50% d’entre eux ne s’attendent à aucune répercussion sur le chômage. Si l’on y ajoute les réponses faisant état d’effets positifs, 65% des économistes n’escomptent aucune incidence ou prévoient même une diminution du chômage. Un peu plus de 30% d’entre eux s’attendent, en revanche, à un impact à long terme, légèrement voire fortement négatif, sur le marché de l’emploi.

L’augmentation des inégalités

Les appréciations des économistes se révèlent moins positives et encore plus nettes en ce qui concerne l’impact sur la répartition des revenus. Une majorité des économistes tendent à estimer que, dans les pays industrialisés, l’inégalité pourrait s’accroître au niveau de la répartition des revenus en raison de ces nouvelles technologies. En effet, ils sont prêts de 72% à considérer que la répartition des revenus deviendra plus inégale à long terme en raison des effets de l’industrie 4.0.

La Suisse peut en tirer profit

Selon les économistes, la robotique et la numérisation pourraient avoir pour effet en Suisse que le besoin en main-d’œuvre peu qualifiée décroîtra et que le besoin en main-d’œuvre hautement qualifiée s’accroîtra. Ils sont en effet 74% à s’attendre à une hausse du personnel qualifié. Concernant le besoin en main-d’œuvre moyennement qualifiée, 8% des économistes interrogés prévoient également une diminution de la demande, mais une part non négligeable d’entre eux (12%) n’envisage aucun changement. Globalement, les économistes voient plutôt la Suisse dans le camp des gagnants suite à l’introduction de ces technologies. Les conditions politiques et légales locales sont telles que la Suisse gagnera plutôt en compétitivité par rapport aux autres pays industrialisés.

Concernant les options politiques, une part substantielle des économistes (51%) revendique un changement du cadre légal de sorte que la Suisse puisse jouer un rôle de précurseur. Cependant, 28% des experts considèrent également qu’il n’y a aucun besoin d’intervention de l’Etat. Quelque 13% d’entre eux demandent que l’Etat fournissent des moyens financiers et promeuvent la robotique et la numérisation dans les entreprises. Et 4% souhaite voir l’Etat protéger les emplois existants.

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