Swiss IT Forum(s): la maturité numérique au cœur de l’édition 2025
La 4éme édition des Swiss IT Forum(s) a réuni 2’652 visiteurs, rassemblant la communauté IT romande autour des grands défis du numérique. Les échanges ont entre autres mis en lumière des approches suisses fondées sur l’innovation maîtrisée, ainsi que la collaboration entre métiers et IT.



Les 1er et 2 octobre à Genève, la 4ème édition des Swiss IT Forum(s) a réuni 2’652 visiteurs et 160 exposants internationaux, soit une croissance de 18% par rapport à 2024. Un succès salué par l’organisateur Yannick Bazin, pour qui «ce cru 2025, porté par l’enthousiasme des participants et marqué par la montée en puissance de l’IA», illustre le dynamisme du secteur. De la cybersécurité à la transformation digitale, en passant par l’IA générative, les conférences ont montré comment les entreprises suisses conjuguent innovation technologique, stratégie et gouvernance responsable.
Cybersécurité: apprendre à penser comme l’attaquant
Le thème de la cybersécurité était à l’honneur, jeudi matin, avec une démonstration menée par la communauté Swiss CyberSecurity et l’association ISC² Romandie. Les participants ont été plongés dans un scénario d’attaque par ransomware, destiné à tester les bons réflexes: détection rapide, confinement des systèmes, restauration des données et communication coordonnée. L’exercice a rappelé que la préparation humaine reste le maillon clé d’une défense efficace. «La question n’est pas de savoir si vous serez attaqués, mais quand», ont averti les experts en cybersécurité David Zanellati, (Global Cruise Tourism Company) et Stéphane Dahlen (HES-SO Genève), soulignant l’importance d’un plan de crise éprouvé et de formations régulières.
Dans la continuité, Elastic et Cheops Cyber Défense ont présenté leur vision d’un centre de supervision modernisé, capable de corréler en temps réel les logs issus de multiples environnements — cloud, serveurs, postes clients — pour identifier plus vite les signaux faibles. L’intégration d’outils d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique permet de prioriser les alertes, de réduire les faux positifs et d’automatiser certaines réponses via des playbooks. Selon Jérémy Voisin, directeur cyber défense de Cheops, l’enjeu est de tirer parti de l’automatisation sans perdre la dimension humaine de l’analyse. Objectif: passer d’une sécurité réactive à une sécurité réellement proactive.
Orchestrer la collaboration, clé de toute transformation digitale
La transformation numérique ne se résume plus à une question d’outils, mais à la capacité de faire travailler ensemble des équipes aux cultures et aux rythmes différents. C’est le constat développé par CBTW (Collaboration Betters The World), société de conseil spécialisée dans l’accompagnement des transformations digitales. Estelle Veille, designer produit, a introduit la métaphore musicale M.U.S.I.C. (Match, Upskill, Synchronize, Integrate, Celebrate), utilisée comme fil conducteur pour évoquer les leviers d’une transformation réussie: associer les bons profils, renforcer les compétences, synchroniser les équipes, ancrer les pratiques et célébrer les réussites collectives. «Un bon projet, c’est un orchestre où chaque instrument compte», a résumé Thibault Couhin, directeur de la stratégie et de la transformation, rappelant que la technologie seule ne suffit pas sans une culture du changement partagée.
IA générative: usage massif, encadrement nécessaire.
Thème central du forum, l’IA générative s’est imposée cette année encore comme le fil rouge des discussions, avec des projets désormais déployés à grande échelle et encadrés par des démarches de gouvernance. Chez MCI Group, acteur international de l’événementiel basé à Genève, elle est déjà intégrée dans le quotidien des collaborateurs via Microsoft Copilot. L’entreprise encadre les usages par une charte éthique et une gouvernance interne. Selon Édouard Duverger, CIO du groupe, l’IA doit être envisagée comme un appui au travail humain plutôt qu’un substitut, avec un accompagnement et une formation adaptés pour garantir une adoption durable.
Cette adoption se diffuse bien au-delà du secteur des services. À la Vaudoise Assurances, Gaëtan Hervé, responsable produit IA, a présenté un projet pilote mené dans un cadre métier précis: la gestion des sinistres. L’expérimentation porte sur l’analyse automatisée de certificats médicaux et de documents justificatifs, afin d’accélérer le tri et la classification tout en maintenant une validation humaine des décisions. L’entreprise s’appuie sur Azure Databricks et un cadre MLOps complet pour superviser l’entraînement, la traçabilité et la conformité des modèles. Des tests de non-régression quotidiens permettent de contrôler les dérives et de prévenir tout biais. «L’enjeu n’est pas seulement de développer des modèles d’IA, mais de s’assurer qu’ils restent fiables et contrôlables dans le temps», a souligné Gaëtan Hervé. Ce cadre strict permet à l’assureur de réduire de près de 80% le temps de traitement sur certains flux, tout en respectant les exigences de la FINMA et du futur AI Act européen.
L’édition 2025 témoigne de la maturité croissante de l’écosystème numérique suisse, marqué par la maîtrise technologique et l’ouverture à l’innovation. La prochaine est annoncée pour les 30 septembre et 1er octobre 2026.