IA & secteur public

Quand le secteur public suisse s’appuie-t-il sur des IA?

Prévention des crimes, assurances, thérapies contre le cancer… En Suisse, les algorithmes contribuent aux prises de décision dans plus d’un domaine. L’organisation AlgorithmWatch a dressé une liste des multiples usages de ces technologies par le secteur public helvétique.

Certains hôpitaux suisses font appel à des systèmes d'intelligence artificielle pour diagnostiquer les cancers, à l’instar des HUG et de l’hôpital de Nyon. (Source: IBMWatson Health)
Certains hôpitaux suisses font appel à des systèmes d'intelligence artificielle pour diagnostiquer les cancers, à l’instar des HUG et de l’hôpital de Nyon. (Source: IBMWatson Health)

L’organisation non-gouvernementale AlgorithmWatch a publié le rapport «L’automatisation de la société», qui cartographie les usages des systèmes ADM (algorithmic decision-making) par le secteur public dans 16 pays. En Suisse, l’ADM est utilisé dans diverses branches. Mais les méthodes d’apprentissage automatique ne sont pas utilisées dans les activités de l’Etat au sens strict.

Diagnostic et traitement du cancer

Certains d’hôpitaux font appel à des systèmes d’intelligence artificielle pour diagnostiquer les cancers et pour aider les oncologues à choisir le traitement le plus approprié. Les HUG ou l’hôpital de Nyon utilisent par exemple l’outil d’IBM Watson Health, Watson for Genomics. A l’hôpital universitaire de Zurich, l’ADM est employé en radiologie et en pathologie.

Chatbot à l’Institut d’assurance sociale

Des chatbots sont utilisés par certains cantons pour simplifier et assister les communications administratives, observe AlgorithmWatch. Saint-Gall ou encore le service d’assurance sociale d’Argovie, font appel à ces agents conversationnels pour endiguer le flot des demandes de réduction de prime que doivent gérer ces services en fin d’année.

Système pénal

L’exécution des peines et la justice pénale suisse se reposent en partie sur un système ADM. Le logiciel FaST intervient dans la prévention des récidives et classe les cas selon le risque de délinquance ultérieure. «Cette classification est déterminée à partir des casiers judiciaires et repose sur des facteurs de risque statistiques généraux, notamment l’âge, les infractions violentes commises avant l’âge de 18 ans, les inscriptions du juge des enfants, le nombre de condamnations antérieures, la catégorie de l’infraction, les peines, la délinquance polymorphe, la période sans infraction après la remise en liberté et la violence domestique», expliquent les auteurs du rapport.

Police préventive

Des polices cantonales, notamment à Bâle-Campagne, en Argovie et à Zurich, utilisent des logiciels pour aider à prévenir les cambriolages de domiciles. Logiciel commercial, PRECOBS est basé sur l’hypothèse que les cambrioleurs frappent plusieurs fois en un bref laps de temps s’ils ont déjà réussi leur coup à un certain endroit.

Formalités douanières

Les systèmes ADM sont particulièrement déployés à l’Administration fédérale des douanes (AFD). Un système procède à une analyse de risque pour déterminer quelles marchandises doivent passer par une inspection. AlgorithmWatch n’a toutefois pas déterminé si cette décision peut déjà être délivrée sans intervention humaine. Cela devrait être le cas avec le programme DaziT, qui vise à numériser toutes les procédures douanières d’ici 2026.

Assurance-accidents et assurance militaire

Dans le cadre de la révision de la LPD, il est prévu que les compagnies d’assurance-accidents et d’assurance militaire puissent prendre des décisions automatisées, selon AlgorithmWatch. A l’avenir, ces organismes pourraient par exemple évaluer les dossiers médicaux des assurés à l’aide d’algorithmes, dans le but de calculer les primes et de répondre aux demandes de prestations.

Reconnaissance automatique des véhicules

En Suisse, des technologies de reconnaissance optique des plaques d’immatriculation des véhicules sont déployées, mais ne sont employées que dans un cadre limité. «Au niveau fédéral, le système de détection automatique des véhicules et de surveillance de la circulation n’est utilisé que comme un outil tactique en fonction de la situation et de l’évaluation des risques, ainsi que de considérations économiques, et uniquement aux frontières entre Etats», note AlgorithmWatch.

Répartition des élèves de primaire

AlgorithmWatch mentionne également un projet d’algorithme favorisant la mixité dans les écoles. «L’algorithme a été formé pour reconstruire la carte scolaire et pour étudier la composition sociale de chaque école en utilisant les données du recensement des élèves de la première à la troisième année dans le canton de Zurich», précise encore le rapport.

> Notre article principal pour prolonger le sujet: Des algorithmes dans les administrations publiques

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