Mauvais outil

Comment un mauvais usage d’Excel a permis d’ignorer 16’000 cas de Covid-19

Au Royaume-Uni, l’agence nationale de santé publique n’a pas inclus dans ses rapports quotidiens près de 16’000 cas de Covid-19. La faute à une mauvaise utilisation de Microsoft Excel. Explications.

Excel n’est pas idéal pour gérer du Big Data... Au Royaume-Uni, Public Health England (PHE) en a fait l’amère expérience. Cette agence nationale de santé publique a annoncé que 15’841 cas de test positifs au Covid-19 n’avaient pas été inclus dans ces rapports quotidiens. PHE s’est contenté d’évoquer «un problème technique», désormais résolu, pour expliquer ces près de 16’000 cas manquant dans ses chiffres officiels entre le 25 septembre et le 2 octobre. Plusieurs médias britanniques dont Daily Mail et le Guardian ont ensuite rapporté que l’erreur était liée à une mauvaise utilisation du tableur Microsoft Excel pour le suivi des cas.

Selon les investigations de la BBC, les tableaux Excel employés par l'agence de santé pour récolter les résultats de dépistage ont atteint une limite dans le nombre de lignes qu'ils pouvaient traiter. Les nouveaux cas positifs n’ont en conséquence plus pu s’y ajouter. La faute à l’utilisation de l'ancien format de fichier XLS (au lieu de XLSX), datant de 1987, pour rassembler automatiquement les données dans Excel. A l’heure actuel, le tableur de Microsoft peut contenir 1’048’576 lignes et 16’384 colonnes. Mais avec le format XLS, la limite se situe à 65’000 lignes. Chaque résultat de test créant plusieurs lignes de données, le nombre maximum de cas positifs listés était d’environ 1’400, toujours selon la BBC.

Beaucoup d'autres outils plus appropriés

PHE a résolu le problème en décomposant les données des résultats des tests en plus petits lots, rassemblés dans davantage de tableaux. Mais des experts de la data et certains politiciens britanniques se montrent très critiques, pointant du doigt l’emploi du tableur de Microsoft pour ce cas d'usage alors que de nombreuses solutions IT sont plus appropriées. Dans les colonnes du média The Conversation, Paul Clough, Professeur en recherche et analytics à l’Université de Sheffield s’étonne qu’un système basé sur Excel ait pu être jugé approprié. «Les ingénieurs en données aident depuis longtemps les entreprises à gérer, transformer et fournir des données, et à développer des méthodes pour construire des bases de données efficaces, robustes et précises. Les professionnels des données ont également développé des approches de gouvernance de l'information, notamment en évaluant la qualité des données et en élaborant des protocoles de sécurité appropriés», remarque le Professeur, regrettant que l’agence de santé n’ait pas jugé bon de faire appel à cette expertise.

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