Edge computing

Edge computing: traiter la data à la source

Mieux vaut dans certains cas opter pour l’Edge computing que pour le cloud. Economie en bande passante, temps de latence minime ou encore confidentialité des données… Plusieurs facteurs contribuent à fortement accélérer l’adoption d’architectures IT permettant de traiter les données au plus proche de leur source.

(Source: FotoKachna / adobe.stock.com)
(Source: FotoKachna / adobe.stock.com)

Le cloud n’est pas idéal dans n’importe quel contexte. Typiquement pour les applications basées sur l’internet des objets (IoT), qui mettent la bande passante à rude épreuve en nécessitant le transfert vers le cloud des masses de données collectées via des capteurs et objets connectés. L’avènement de l’IoT stimule ainsi l’adoption d’une autre architecture informatique, l’Edge computing, qui permet de traiter les données au plus proche de leur source, à la périphérie du réseau.

Le concept d’Edge computing s’inscrit selon la définition de certains analystes et fabricants dans celui du Fog computing, qui englobe les différents éléments hardware, réseau et logiciel d’une architecture IT s’étendant du cloud à la périphérie. Ce type d’architecture – nous nous limiterons ici au qualificatif Edge – peut faire appel à différents composants plus ou moins proches de la source de données: capteurs, machines ou appareils connectés, devices et appliances à la puissance de calcul variable, datacenters Edge.

Les moteurs d’adoption

«Dans notre avenir riche en données, avec des milliards d’appareils connectés à Internet, un traitement plus rapide et plus fiable des données deviendra crucial», prévient CB Insights¹. Le cabinet de recherche estime que le marché mondial de l’informatique Edge devrait atteindre 6,72 milliards de dollars d’ici 2022.

L’adoption de l’Edge computing devrait en effet fortement s’accélérer ces deux prochaines années. Gartner prédit que d’ici fin 2021, plus de la moitié des grandes entreprises auront déployé au minimum un use case, contre moins de 5% en 2019. Selon le cabinet², quatre facteurs poussent les entreprises à déployer des architectures Edge:

  • Latence/Déterminisme: Un traitement centralisé loin du cas d’utilisation crée des retards (dans la gestion du réseau et la vitesse de transmission) qui pourraient ne pas être acceptables pour certains traitements où une réaction en temps réel est nécessaire.

  • Données/bande passante: Les données générées à la périphérie peuvent n’être utiles que quelques millisecondes après un événement ou n’avoir que peu de valeur (par exemple le flux vidéo d’une scène où rien ne se passe). Traiter les données à la source permet de les filtrer et de transmettre au datacenter uniquement les données ou métadonnées qui font sens, réduisant ainsi les besoins en bande passante.

  • Autonomie limitée: Même dans les cas où la latence et la bande passante ne sont pas des exigences critiques, la nécessité de préserver un fonctionnement continu lorsqu’une connexion au système central est interrompue peut motiver un recours à l’Edge computing.

  • Confidentialité/Sécurité: Les données captées à la périphérie deviendront toujours plus intimes (données de santé, reconnaissance faciale ou vocale, interactions dans des endroits privés) ou confidentielles (données critiques dans une usine). L’Edge sera utilisée pour répondre aux exigences réglementaires croissantes et à la protection de la vie privée par le traitement, le stockage et/ou l’élimination des données au plus près de la source.

Une enquête de Forrester³ fait en outre ressortir un autre facteur important d’adoption: l’avènement de l’intelligence artificielle. Les architectures Edge apportant une flexibilité à même de répondre aux exigences actuelles et futures des systèmes intelligents.

Maturité croissante

Selon Forrester, l’augmentation des investissements dans les technologies Edge s’explique aussi par la maturité croissante des plateformes dédiées, ainsi que par l’avènement parallèle d’autres technologies, dont la 5G.

2020 devrait ainsi être une année charnière pour l’Edge computing. Le marché verra notamment apparaître des solutions aidant les entreprises à déployer des architectures répondant spécifiquement à leurs besoins. L’Edge se caractérisant par la variété des cas d’utilisation applicables dans de multiples industries, les exigences de calcul, de stockage et de mise en réseau spécifiques à chaque use case entraîneront le développement de solutions de personnalisation directement au niveau du processeur.

Vers un boom des services cloud pour l’Edge

Forrester prédit par ailleurs une croissance d’au moins 50% du marché des services cloud pour l’Edge. Les hyperscalers, les entreprises télécoms, les fournisseurs de plateformes logicielles, les réseaux de diffusion de contenu et les fournisseurs de colocation de centres de données innovent en effet pour proposer des offres IaaS et des services de programmation cloud-native pour les infrastructures Edge. «L’objectif de ces fournisseurs est d’offrir des services IaaS et PaaS qui fonctionnent indépendamment du cloud public et des centres de données, ou uniquement avec une connectivité intermittente», précise Abhijit Sunil, analyste chez Forrester.

Vers quels fournisseurs les entreprises vont-elles se tourner pour leurs déploiements Edge? L’analyste est d’avis que les solutions packagées multi-fournisseurs seront privilégiées: «Les besoins de maintenance des plateformes Edge inciteront les entreprises à travailler avec les intégrateurs [...] au lieu de construire et de déployer leurs propres solutions.»

A lire aussi:
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>> Quand miser sur l’Edge plutôt que sur le cloud?

(*) Références
1) CB Insights, «What Is Edge ­Computing?», 2018
2) Gartner, «Exploring the Edge: 12 Frontiers of Edge Computing», 2019
3) Forrester, «Predictions 2020: Edge Computing Makes The Leap», 2019

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