Pourquoi faire compliqué… ?

A trop vouloir employer la blockchain on se complique la vie

Avant de se lancer tête baissée dans un projet d’innovation basé sur la blockchain, les entreprises auraient tout intérêt à appliquer le principe du rasoir d'Ockham, estime McKinsey, histoire de s’assurer que cette technologie se prête mieux à un cas d’usage qu’une solution plus conventionnelle.

(Source: Photo by Tony Rojas on Unsplash)
(Source: Photo by Tony Rojas on Unsplash)

N’a-t-on pas tendance à vouloir utiliser la blockchain un peu trop souvent pour des cas d’usage qui ne s’y prêtent pas? Technologie au top de la hype il y a encore deux ans, la blockchain a généré moult projets pilotes et d’importants investissements, pour au final très peu d’avancées concrètes. C’est l’avis d’analystes de McKinsey, qui dans un article récent font observer que de nombreux projets d’innovation semblent avoir expérimenté la blockchain uniquement pour le buzz qu’elle pouvait susciter. Avec le risque de faire fausse route, en cherchant coûte que coûte quel problème cette technologie en vogue pourrait bien pouvoir résoudre. Alors qu’il conviendrait plutôt de partir d’un problème déjà identifié et pour lequel la blockchain devrait être envisagée comme une solution possible parmi d’autres.

Nécessité d’appliquer le principe du rasoir d'Ockham

Les initiateurs de projets blockchain seraient dès lors bien inspirés d’appliquer le principe de raisonnement du rasoir d'Ockham, l’un des principes heuristiques fondamentaux en science et qui peut se résumer par la formule «les hypothèses suffisantes les plus simples doivent être préférées». «A moins qu'il n'y ait un problème ou un point faible valide, la blockchain ne sera probablement pas une solution pertinente», expliquent ainsi les analystes de McKinsey, avant de préciser que si la blockchain s’applique à un cas d’utilisation, elle doit n’être choisie que si elle se profile comme la solution disponible la plus évidente à mettre en place. «Les entreprises qui s'engagent à aller plus loin dans l’utilisation de la blockchain doivent adapter leurs schémas stratégiques, examiner honnêtement les avantages par rapport aux solutions plus conventionnelles.»

La blockchain n’est pas nécessairement la meilleure solution

Faute d’avoir appliqué le principe de parcimonie du rasoir d'Ockham, nombre de projets blockchain n’ont pas su dépasser le stade du proof-of-concept et très peu sont parvenus à boucler des tours de financement de série C. Par exemple, dans le domaine des applications financières, les cas d'utilisation de services de paiement basés sur la blockchain ne sont pas nécessairement la meilleure solution, fait remarquer McKinsey: «Dans le domaine des paiements, il est logique de penser qu'un grand registre commun puisse remplacer le système actuel hautement intermédié. Cependant, la blockchain n’est pas la seule option. De nombreuses fintechs disruptent la chaîne de valeur.»

Une technologie immature, énergivore et pas forcément fiable

Manque de cas d’usage pertinents et émergence de technologies concurrentes ne sont pas les seuls freins au déploiement de solutions blockchain dans les entreprises. Selon l’article de McKinsey, de nombreuses firmes estiment encore que la technologie est trop immature pour répondre aux exigences des applications d'entreprise. Outre les maillons faibles de la blockchain que représentent les problèmes de validité des données qui y sont entrées ou la pertinence du smartcontract qui la régit, il existe aussi des craintes en matière de sécurité. Certains spécialistes prédisent que les progrès de l’informatique quantique pourraient un jour permettre de pirater les codes utilisés pour autoriser les transactions reposant sur une blockchain. Sans oublier la consommation énergétique par nature exponentielle de la technologie. Au point qu’à lui seul, le bitcoin pourrait faire grimper la température mondiale de 2°C.

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