10 ans

Le digital s’empare du monde réel

Réalité augmentée, internet des objets, voitures autonomes ou encore smart cities, après avoir numérisé l’analogique dans les années 2000, la révolution digitale et les géants qui la mènent s’en sont pris au monde physique.

La décennie écoulée a vu s’entremêler les mondes numérique et physique. De plus en plus intelligents, nos objets peuvent désormais être mis à jour et personnalisés. Même nos voitures. En 2015, le PDG de Daimler, déclarait: «Nous ne voulons pas devenir des fournisseurs n’ayant plus de contact direct avec les clients et qui produisent du hardware pour des tiers.»

Automobile

En 10 ans, le projet Google Car est devenu Waymo. Ses voitures autonomes ont déjà parcouru 13 millions de kilomètres. Ne voulant pas rester sur le bord de la route, la plupart des constructeurs (mais aussi Uber, le chinois Baidu et le russe Yandex) se sont lancés dans la course à l’autonomie. L’enjeu est de se placer au cœur de l’écosystème des applications qui seront mises à disposition des utilisateurs d’une mobilité devenue elle aussi as a service. «L’automobile et les transports, l’énergie, la santé, le retail, l’agriculture… tous ces secteurs vont être révolutionné par la coopération de technologies désormais aussi matures que l’était l’iPhone en 2007: cloud, intelligence artificielle et machine learning, impression 3D, blockchain, 5G et capteurs communicants», théorisait le penseur de la transformation numérique N. Venkat Venkatraman de passage à Berne le 26 juin dernier.

Retail

Le géant du retail Walmart a déjà commandé 45 des futurs camions électriques semi autonomes que Tesla a promis pour 2019. Objectif: améliorer l’efficacité d’une supply chain loin d’être épargnée par la digitalisation: big data pour la gestion des stocks et des commandes, intelligence artificielle pour les anticiper, blockchain pour certifier les fournisseurs, robots dans les entrepôts, drones de livraison... Aboutissement d’une décennie de click & collect et de stratégie multicanal puis omnicanal, Amazon ouvre des supermarchés sans caisse et Michael Grund (HES Zurich,) prévoit même l’arrivée des prix dynamiques dans les magasins physiques.

Objets connectés

Expression la plus palpable de cette phygitalisation: montres, balances, télés et frigos peuvent désormais interagir avec leur utilisateur. L’internet des objets a aussi permis l’émergence de l’industrie 4.0 et des machines qui communiquent entre elles pour optimiser la production des usines. Les thermostats, compteurs et bâtiments intelligents sont venus de leur côté perturber le secteur de l’énergie. En 2014, le rachat de Nest par Google pour 3,2 milliards de dollars est l’un des marqueurs de cette décennie. Déjà, certains fournisseurs d’électricité stockent des données issues de ces instruments dans la blockchain.

Réalité augmentée

Mise mondialement en lumière avec la folie Pokemon Go en 2016, la réalité augmentée est l’allégorie de cette incursion du virtuel dans le monde physique. Au-delà du divertissement, des applications émergent pour la maintenance, la fabrication, la formation… Le rachat d’Oculus par Facebook (2014) laisse quant à lui augurer de futures interactions sociales dans des environnements digitaux.

Toute cette phygitalisation est accompagnée par la numérisation de l’infrastructure. Concept présenté dès 2006 par AWS, l’infrastructure as code offre aux développeurs la capacité d’agiliser leurs ressources physiques, ce qui simplifie les déploiements comme les mises à l’échelle. Mais ce mouvement d’ampleur est aussi source d’inquiétudes: tous ces objets connectés sont autant de nouvelles portes d’entrées vers nos données pour les hackeurs.

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