En 10 ans, le DSI est sorti de l’ombre
La digitalisation a permis à certains responsables informatiques de changer de statut. Il y a 10 ans uniquement considérés comme centre de coûts, ceux qui ont saisi cette opportunité sont désormais créateurs de valeurs pour les clients finaux…et générateur de business.
Quand ICTjournal est né, l’iPhone avait un an. La vague de la «mobilité» n’avait pas encore déferlé sur les entreprises. Alors, seule une petite part d’entre elles utilisaient le cloud. Vous en souvenez-vous? Le responsable informatique était alors le réparateur en chef et la personne en charge du bon fonctionnement des logiciels et des serveurs installés dans une salle à atmosphère contrôlée.
Ses objectifs? Satisfaire les équipes business, en leur donnant accès à des outils fonctionnels, le tout à moindre coût pour combler le CFO. Ses combats? Justement, ne plus être considéré uniquement comme un centre de coûts mais comme un porteur de valeur ajoutée, voire obtenir une place au board et être associé aux décisions stratégiques de l’entreprise.
Leader
Des souhaits qui ont été exaucés pour ceux qui ont saisi les opportunités offertes par la transformation numérique. Les usines sont 4.0, les maquettes sont numériques, la supply chain est digitalisée, le marketing est multicanal… l’informatique est partout. Mais ce n’est pas tout. Pas d’innovation sans innovation digitale expliquait en février le Boston Consulting Group¹. Les CIO qui l’ont compris ne se sont pas seulement rapprochés des métiers, ils se sont rapprochés des clients finaux. Comprendre les besoins pour les transformer en features, dans des solutions logicielles développées à vitesse grand V en travaillant en mode Agile et DevOps et non plus en cascade, tel est le quotidien du responsable IT qui a su prendre le leadership de la nécessaire mue digitale de son entreprise.
En revanche, ceux qui ne sont pas sortis de leur terrain originel ont vu au cours de cette décennie un nouveau profil peu à peu grignoter leur pré carré. Le Chief Digital Officer a fait son apparition dans bien des organigrammes. Installés auprès des CEO qui ne voyaient pas dans leur DSI un stratège de la numérisation, les CDO se sont appropriés des ressources traditionnellement dédiées à l’IT pour mener à bien leur mission d’insuffler le fameux Digital Mindset à l’ensemble de l’entreprise… avec plus ou moins de succès. Quoi qu’ait été le choix des dirigeants, Forrester² affirme qu’en 2018 les DSI rendront le CDO obsolète, tant «la technologie est au cœur de la transition vers le numérique.» D’ailleurs, 17 des 21 CIO romands que nous avons interrogés sur leurs objectifs 2018 citent «atteindre des résultats business grâce aux services IT» comme une priorité majeure.
Broker
Et si le responsable IT a désormais du temps à consacrer à innover, intégrer les feedbacks clients et accompagner – voire challenger – les business dans la conception de nouveaux services, c’est que nombre des systèmes dont il avait la charge il y a 10 ans sont désormais dans le cloud. Plus de la moitié de nos sondés utilisent déjà des solutions SaaS, faisant du DSI un broker de services (qui doit maîtriser les coûts).
Le chef de l’IT a donc sorti les mains du cambouis pour devenir chef d’orchestre. Il n’en demeure pas moins le garant de la sécurité informatique de son entreprise. Et celle-ci s’est grandement complexifiée avec l’élargissement de la surface d’attaque offerte par la mobilité et «l’entreprise étendue» ainsi que par la sophistication des méthodes employées par les hackers. Mais là encore, la capacité d’accompagnement et de sensibilisation de tous les membres de l’entreprise comptent autant que l’expertise technique. Stratège, gestionnaire consultant, le DSI 2018 est la clé de voûte de la transformation digitale. Alors que tout devient data driven, le rôle de Chief INFORMATION Officer prend (enfin) tout son sens.
(*) Références
1) The Most Innovative Companies, BCG, 2018
2) Predictions 2018: CIOs Make The Chief Digital Officer Obsolete, Forrester, 2017