Wearables

Les entreprises jouent les pionnières pour les accessoires connectés

De la chaîne de production aux services clients, les lunettes et autres accessoires connectés suscitent l’intérêt des entreprises qui pourraient jouer un rôle de précurseur. Florilège d’applications.

(Quelle: BMW)
(Quelle: BMW)
Mi-janvier, Google mettait un terme à son programme Glass Explorer. Le géant technologique souhaite désormais se focaliser  sur le développement d’applications pour lunettes connectées destinées au milieu professionnel. L’avenir des wearables serait-il dans l‘entreprise? Un certain nombre d’experts le pensent, dont Bill Briggs, CTO de Deloitte Consulting. Dans des domaines aussi variés que la logistique, l’assemblage et la maintenance industriels, la relation client ou les ressources humaines, diverses applications sont déjà testées et parfois déployées. Tour d’horizon.

Smartglasses dans les entrepôts

Les lunettes connectées peuvent améliorer les processus de gestion et d’expédition de marchandise. Bosch, par exemple, a ainsi effectué un test en collaboration avec SAP. Avec un binocle futuriste de marque Vuzix sur le nez, des magasiniers du manufacturier allemand ont testé la gestion des commandes via l’app AR Warehouse Picker de SAP (lire interview en p.15), laquelle permet aux employés de prendre connaissance de leurs tâches. Ils sont ensuite invités à scanner les codes-barres des produits qu’ils préparent, l’app servant donc aussi au suivi de leur travail. Bosch estime le retour d’expérience positif et attend maintenant des améliorations matérielles avant d’envisager un déploiement.

Assemblage et assurance qualité

Autre segment prometteur pour les smartglasses: l’assemblage et la maintenance industriels. L’entreprise allemande Ubimax s’est spécialisée dans ces applications, notamment utilisées dans les usines de WS Kunststoff-Service, qui fournit des pièces automobiles pour Daimler ou BMW. Les techniciens  se servent de Google Glass, équipées de l’app Xmake, laquelle affiche des instructions lors de l’assemblage. Un code QR scanné par les lunettes lance une marche à suivre. L’app permet aussi d’effectuer le processus d’assurance qualité, guidant le technicien étape par étape, Il peut aussi signaler les éventuels défauts, en temps réel au système principal, par exemple un ERP. Le fabricant BMW a communiqué il y a peu avoir commencé à tester cette solution pour sa chaîne de production.

Détecter les contrefaçons

L’institut de recherche sierrois Icare a collaboré avec l’Organisation Mondiale des Douanes à Bruxelles (OMD), en mettant au point une app pour lunettes connectées. Objectif? Lutter contre la contrefaçon. Rencontré fin janvier lors de la Conférence TechnoArk consacrée aux wearables, Benoît Golay, responsable de la valorisation à l’institut, nous a expliqué que cette app permettait notamment de scanner un code-barres sur un emballage. Les informations liées à la traçabilité de la marchandise, saisies par les ayants droit dans une base de données de l’OMD, sont alors directement consultables par le douanier.

Gestion des passagers dans les aéroports

Les smartglasses ont aussi le potentiel d’améliorer l’expérience client. Des essais pliotes exploitant les Google Glass ont notamment été menés en aéroport par le laboratoire de la Société internationale de télécommunication aéronautique (SITA), basé à Genève, qui a développé des apps pour smartglasses. A TechnoArk, Stéphane Cheikh (Innovation Manager au SITA Lab) s’est appliqué à illustrer comment à Heathrow, les données affichées par les lunettes, synchronisées au système de gestion des passagers, ont permis aux agents et hôtesses de terre de Virgin Atlantic d’optimiser leur coordination et d‘affiner l’accueil des passagers. SITA Lab expérimente aussi une application pour l’embarquement, exploitant cette fois-ci des lunettes connectées signées Vuzix, équipées selon Stéphane Cheikh d’une meilleure caméra que celles de Google. L’app simplifie le contrôle des passagers, en permettant de scanner simultanément le passeport et la carte d’embarquement.

Renforcer la cohésion entre collaborateurs

Les lunettes intelligentes ne sont pas les seuls wearables à s’inviter dans le monde du travail. Les traqueurs d’activité en font de même. La société Swiss Re a par exemple distribué en 2013 des capteurs Fitbit aux collaborateurs qui le désiraient. Brigitte Meier, porte-parole de Swiss Re, nous confie que l’objectif consistait à renforcer la cohésion de l’entreprise de manière amusante, en comptabilisant le nombre de pas des employés prenant part, de façon volontaire, à un concours (l’ascension virtuelle de l’Everest). La porte-parole tient à souligner: «Les résultats étaient saisis par les utilisateurs. Swiss Re n’avait pas directement accès aux données.» Près de 90% des employés ont pris part à ce programme, considéré comme un succès par le management.

Vers un contrôle de la productivité?

Coca-Cola, Electrolux, ou encore CA proposent des programmes de bien-être faisant appel à des capteurs ou bracelets intelligents. Avec parfois des avantages à la clé pour les employés. Chez BP par exemple, être suffisamment actif donne droit à des primes d’assurance réduites. Intervenant à TechnoArk, le Dr Chris Brauer, chercheur à l’Université de Londres, ne cache pas que certains employeurs mettent en avant ces programmes pour négocier à la baisse leur contrat d’assurance collectif. Il note en outre que les capteurs ont pour effet d’augmenter la productivité. Répondant à nos questions, Chris Brauer confie ne pas croire à une imminente mise en place systématique de programmes de contrôle des collaborateurs. Notamment en raison des enjeux liés à la protection de la sphère privée. Mais selon lui, les commandes d’étude ponctuelle de mesure de productivité basée sur des traqueurs pourraient se généraliser. 

Des technologies pas encore matures

Le potentiel des applications professionnelles liées aux wearables stimule l’expérimentation en entreprise. Néanmoins, plusieurs intervenants à TechnoArk  l’ont observé: pour l’heure, les accessoires connectés ne sont pas suffisamment matures pour se faire une place au soleil en milieu professionnel. Des produits futuristes changeront-ils la donne? A l’image du micro projecteur laser transformant n’importe quel binocle en smartglass, imaginé par Composyt Light Labs, start-up de l’EPFL rachetée il y a peu par Intel? Voire du masque Hololens tout juste dévoilé par Microsoft, permettant d’interagir avec des interfaces dites holographiques? Il est trop tôt pour le dire, reste que contrairement  aux smartphones, les entreprises pourraient cette fois jouer un rôle de pionnier dans le développement d’applications innovantes.
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