Gamification et enseignement

HEC Business Game: l’ERP comme jeu pédagogique

La gamification débarque dans l’enseignement supérieur. Organisé par HEC Lausanne pour la troisième fois au printemps dernier, un jeu sérieux fait appel à un simulateur basé sur l’ERP SAP.

Dans la peau de managers, des équipes d’étudiants ont les yeux rivés sur l’interface d’ERPsim, un simulateur basé sur l’ERP SAP. (Source: Netzmedien)
Dans la peau de managers, des équipes d’étudiants ont les yeux rivés sur l’interface d’ERPsim, un simulateur basé sur l’ERP SAP. (Source: Netzmedien)

Le 23 avril dernier, en sous-sol de la Faculté des HEC de Lausanne, des groupes de jeunes investisseurs discutent de la valorisation initiale d’une poignée de firmes. Pas encore tout à fait réveillés mais déjà sans pitié, ils attribuent des notations entre BBB+ et AA- à des fabricants de muesli, en se basant sur les stratégies commerciales que ces derniers viennent de leur dévoiler. Doit-on s’attendre à voir bientôt de nouveaux produits à base de céréales inonder les étals des supermarchés? Que nenni! Nous assistons en réalité aux prémices de la finale du HEC Business Game. Dans l’air, la tension est palpable. Divisés en  «investisseurs» et «managers», les joueurs – des étudiants en 3ème année –  ne sont pas vraiment venus dans le seul but de s’amuser. Car ce serious game s’inscrit dans un cours à part entière, au programme de Bachelor de la faculté, et la performance au jeu final constitue une part non négligeable de la note attribuée aux étudiants. Ceux-ci sont aussi évalués sur un rapport, incluant la présentation de leurs objectifs initiaux et l’analyse de leur performance.

Simulation basée sur SAP

Afin de gérer le portefeuille des titres des entreprises et mettre en place leur stratégie de placement, les équipes d’investisseurs utilisent la plateforme de marché de prédiction MarMix, développé à l’Institut des systèmes d’information de HEC Lausanne. Tandis que dans la salle d’à côté, les groupes de managers ont les yeux rivés sur l’interface d’un ERP un peu spécial: ERPsim. Développé par HEC Montréal et déjà utilisé par 170 professeurs à travers le monde, cet outil de simulation repose sur le progiciel de gestion SAP. Il permet aux utilisateurs d’administrer l’entier du cycle d’exploitation d’une entreprise. Le programme gère la demande des produits automatiquement. En se basant sur les rapports du marché générés par le simulateur, les joueurs doivent faire preuve de réactivité, notamment en réajustant leurs prix et en s’approvisionnant en matières premières. Il s’agit également de prédire les marges, de planifier la stratégie marketing ou encore les opérations financières. Professeur à HEC Lausanne ayant collaboré à la mise en place de ce jeu sérieux, Christine Legner nous explique: «C’est un excellent concept pédagogique, intégratif, qui permet aux étudiants de mettre en pratique l’ensemble des connaissances assimilées depuis le début de leur cursus. Cela va plus loin que la simple théorie. Ils doivent gérer l’incertitude et se rendent ainsi compte qu’il n’est pas toujours possible de tout anticiper par des méthodes analytiques.»

Mise en situation réaliste

Tout jeu nécessite des règles. Pour éviter une forme de triche, il est ainsi demandé aux équipes, classées en fonction de la maximisation de leurs profits, de gérer leur firme comme si leurs affaires se poursuivaient normalement une fois la partie terminée. Ceci dans le but d’empêcher que des petits malins ne vident soudainement leurs stocks dans les derniers jours, histoire de gonfler artificiellement leur cash flow. «Avec cette simulation, les participants sont dans un contexte semblable à la vraie vie», observe le Pr Legner. ERPsim met toutefois les joueurs face à un flux temporel accéléré: une journée s’écoule en une minute et un round correspond à 30 jours. Une partie s’achève après 4 à 6 rounds. A l’image d’authentiques dirigeants, il arrive que les équipes de managers subissent la pression des investisseurs. Egalement initiateur du HEC Business Game, le Pr Thibault Estier remarque: «On voit parfois des investisseurs furieux venir dans la salle des managers pour demander ce que peut bien fabriquer une équipe sur qui ils ont misé! C’est un jeu qui crée des situations très stimulantes pour les étudiants.»

Evoluer vers la technologie HANA

Cette simulation de gestion d’entreprise rencontre un vif succès. Plus de 90% des participants se disent très satisfaits par ce cours pas comme les autres. Il y a deux ans, la première édition avait attiré 40 étudiants. Cette année, pas moins de 120 s’y sont inscrits. Membre d’une équipe de managers, Margaux Frey apprécie ce serious game: «Je suis contente, après trois rounds, on est à la seconde place. Avec ce jeu, on est comme dans une situation réelle. On ressent du stress et on doit être hyper attentif. C’est vrai qu’au début, l’utilisation de SAP peut paraître compliquée. Mais en février, on a consacré une semaine à sa prise en main, et finalement ça va.» Jouant dans la peau d’un investisseur, Raphaël Steil révèle: «C’est une expérience très sympa, mais je trouve dommage que l’on doive encore beaucoup se servir d’Excel. Cela aurait été bien de pouvoir utiliser un programme plus performant.» Une remarque qui va dans le sens des modifications dont bénéficie déjà la dernière mouture d’ERPsim. Profitant d’une intégration à la plateforme de base de données en mémoire SAP HANA, le programme fait converger les aspects décisionnels et opérationnels au sein d’une même interface. «Cette nouvelle version devrait être utilisée lors du HEC Business Game de l’année prochaine», avance le Pr Thibault Estier. Une évolution bienvenue, qui offrira notamment aux étudiants l’opportunité de tester davantage la mise en pratique de la Business Intelligence.

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