Prise de position

La FMH reproche au dossier électronique d’être compliqué pour les patients et chronophage pour les médecins

L’association professionnelle des médecins juge que, dans sa forme actuelle, le dossier électronique est trop complexe à gérer pour les patients et génère plus de travail que de bénéfices pour les médecins.

(Source: nyul / Fotolia.com)
(Source: nyul / Fotolia.com)

On sait combien les projets de numérisation risquent d’échouer s’ils ne satisfont pas aux besoins des divers types d’utilisateurs. Et le dossier électronique du patient (DEP), tel qu’il commence actuellement à être déployé, ne convainc pas vraiment les médecins - c’est un euphémisme. Dans une prise de position, la FMH reproche à la solution d’être à la fois compliquée à gérer pour les patients et de manquer de fonctionnalités pour une utilisation efficace par les médecins. Au final, les professionnels risqueraient de passer beaucoup de temps sur l’outil pour peu de bénéfices.

L’une des critique de la FMH concerne les droits d’accès au DEP. Les patients peuvent déterminer les prestataires de soin pouvant consulter leurs informations médicales avec trois niveaux de confidentialité. Selon l’association professionnelle, les patients ne sont pas tous également armés pour gérer cette complexité et l’on risque de voir des informations bloquées quand bien même les patients seraient disposés à les partager. «Face à une grande équipe de soins, il devient difficile pour les patients de conserver la vue d’ensemble et de savoir à quels professionnels de santé ils devraient ou aimeraient accorder les droits d’accès», explique la FMH dans un communiqué.

Les autres griefs de la FMH portent sur l’emploi du dossier au quotidien par les médecins. Faute de structure suffisante dans l’outil, la FMH estime que de nombreux médecins devront saisir quantité de métadonnées s’ils veulent ensuite pouvoir chercher et filter les documents, par exemple en fonction d’une période de traitement. Faute d’intégration poussée avec les logiciels existants, la FMH craint aussi que les médecins ne doivent faire beaucoup de tâches à double.

«Lorsque les données ne sont pas structurées et que les fonctionnalités ne répondent pas aux processus propres des cabinets médicaux, le DEP reste non seulement un instrument peu attrayant pour le corps médical, mais augmente aussi les charges administratives», explique Reinhold Sojer, chef de la division Numérisation/eHealth FMH.

Selon la FMH, ces différents problèmes auront un impact financier pour les médecins: ils devront assister les patients dans la gestion du dossier, réaliser un grand nombre de tâches non rémunérées et parfois investir dans des équipements (logiciels, scanner) - un tiers des cabinets suisses ne dispose pas de système IT de gestion des patients, souligne l’association.

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