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L’informatique talonnée par les cleantech dans le cœur des entreprises suisses

| Mise à jour
par Nicolas Paratte

Les entreprises helvétiques sous-estiment l’importance des TIC par rapport au reste du monde, selon une étude publiée par Ernst & Young. Dans celle-ci, le cabinet d’audit relève également que la Suisse peine à devenir leader en matière de technologies de pointes par manque de main-d’œuvre spécialisée et de tolérance à l’égard de l’étranger.

Dans l’enquête d’Ernst & Young intitulée «Technologie, talents et tolérance: la Suisse est-elle parée pour l’avenir?», le cabinet d’audit a déterminé l’intérêt que portent les multinationales helvétiques fortement actives dans la recherche et le développement (R&D) aux différents secteurs technologiques à fort potentiel. A la question «Quelles sont pour vous les technologies clés du 21e siècle?», elles ont répondu de manière très différente par rapport à la moyenne internationale. Ainsi, si quelque 37% des firmes mondiales estiment que les TIC joueront un rôle d’importance durant ce siècle, seuls 26% des groupes ayant leur siège en Suisse sont de cet avis. Le même constat peut être fait concernant l’accès sans fil et internet, le poids de ce domaine étant évalué à 12% au niveau global contre 6% sur le plan suisse.
L’étude d’Ernst & Young révèle à l’opposé que 22% des grandes entreprises helvétiques misent sur les énergies renouvelables et solaires contre 14% des firmes à l’international. Le fossé et encore plus grand quant aux micro et nanotechnologies, 20% des sociétés suisses estimant quelles représentent l’avenir alors qu’elles sont seulement 9% sur le plan mondial à le penser. Les biotechnologies et la pharma sont toutefois presque également cotées (environ 8%).

Une réputation à améliorer

Même si la Suisse figure dans le peloton de tête des nations innovantes, elle n’est pas encore la meilleure en matière de technologies de pointe en se classant au septième rang parmi les pays leaders à l’échelle mondiale, indique parallèlement l’étude d’Ernst & Young. Ainsi, seule une entreprise sur dix désigne la Suisse comme un des trois principaux sites hébergeant des technologies avancées. Malgré ce résultat, 68% des sociétés helvétiques interrogées estiment que l’accès aux technologies futures dans le pays est bon, voire très bon.
Pour les trois-quarts des entreprises suisses consultées, une stratégie de R&D propre est le meilleur moyen pour accéder aux technologies de pointe. Le nombre de brevets déposés par million d’habitants et par an est à ce titre un bon indicateur d’innovation. La Suisse arrive aujourd’hui à la 6e place avec 137 patentes contre 187 cinq ans plus tôt (5e place). Elle fait mieux que l’Inde – 0,5 brevet pour 1 million d’habitants –, mais moins bien que les Etats-Unis ou encore le Japon (environ 250). Le dépôt de brevets d’inventions coûte cependant très cher. Les pays dans le haut du classement, comme la Finlande ou encore la Suède, consacrent jusqu’à 3% de leur produit intérieur brut (PIB) en matière de R&D, notamment en allouant des fonds dans les hautes écoles et les instituts de recherche générateurs de talents.

Recours à des spécialistes étrangers

Le manque de main-d’œuvre spécialisée en recherche et développement est actuellement le plus gros handicap pour les entreprises en Suisse, explique l’enquête Ernst & Young. Quelque 43% des dirigeants helvétiques sondés estiment que la situation actuelle est critique, en particulier pour les petites sociétés. «En tant que pays sans ressources naturelles, la Suisse dépend du savoir et des compétences de spécialistes hautement qualifiés, qu’ils soient suisses ou étrangers. Un manque considérable de personnel qualifié menace de devenir un obstacle à l’innovation», avertit Markus Schweizer, managing partner accounts & business development chez Ernst & Young.
Pour mettre fin à cette pénurie de personnel hautement qualifié en R&D, de plus en plus d’entreprises en Suisse recourent ainsi à des spécialistes venus de l’étranger. Pour 58% d’entre elles, cette main-d’œuvre représente un groupe important au sein de leur personnel spécialisé. Les experts venus d’Allemagne sont actuellement très appréciés, précise le cabinet, 84% des sociétés recrutant en premier lieu chez le voisin germanique et un peu moins en Suisse (70%).

L’intolérance, talon d’Achille de la Suisse

Les managers interrogés au niveau mondial sont convaincus que les meilleurs talents viendront à l’avenir de la Chine, des États-Unis et d’Inde. A cet égard, ils considèrent que la population suisse est certes ouverte aux technologies d’avenir mais peu tolérante envers les religions et cultures étrangères. Seulement 8% des entreprises internationales comptent la Suisse parmi les nations leaders en matière de tolérance, la reléguant au 11e rang du classement dans cette catégorie, loin derrière les États-Unis considérés comme le pays le plus tolérant au monde suivis par l’Allemagne et la Grande-Bretagne. «Si des sites manquent de s’ouvrir à des personnes très créatives quelle que soit leur origine, ils n’entreront pas en ligne de compte pour du personnel hautement qualifié», conclut Ernst & Young.
Sur les 1200 entreprises multinationales actives dans la R&D consultées dans 16 pays par Ernst & Young, 100 ont leur siège en Suisse. L’enquête a été réalisée en août-septembre 2010.

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