Mobilité

Apps business, une opportunité pour les entreprises et pour les développeurs

| Mise à jour
par Rodolphe Koller

Les apps mobiles professionnelles sont de plus en plus nombreuses et représentent un marché de niche attractif pour les développeurs. Pour répondre à la forte demande au sein des entreprises, les départements IT doivent accélérer le rythme et donner la priorité aux apps et aux collaborateurs retirant le plus de bénéfices de la mobilité.

L’emploi de terminaux mobiles continue de progresser dans les entreprises de tous secteurs. Au niveau mondial, la moitié des employés utilisent un smartphone contre 18% en 2010. Cet essor se traduit par une augmentation des apps à usage professionnel. Les plus populaires concernent l’édition et la gestion de documents, les communications unifiées, et les applications personnalisées, selon les activations enregistrées par le spécialiste Good Technology. Tant du côté des apps que des terminaux, Apple est la plateforme préférée de deux entreprises sur trois, loin devant Android. L’accord conclu récemment entre IBM et la firme à la pomme devrait lui permettre de consolider cette avance, tout comme son programme d’achat d’apps en gros, désormais étendu à la Suisse.

Besoins des utilisateurs pas encore satisfaits

Malgré les activations d’apps professionnelles en constante augmentation, la plupart des entreprises ne sont pas en mesure de satisfaire la demande de leurs collaborateurs. La gamme des logiciels proposés sur mobile reste bien inférieure à celle des desktops. Pour combler cet écart, nombreux sont les employés qui recourent pour leur travail à des apps grand public, telles qu’Evernote, Skype ou Dropbox. Ce qui conduit à une absence de contrôle et de mesures de sécurité maintes fois décriée. Les départements IT sont ainsi pressés de réduire cette lacune et de décider des apps mobiles à fournir en priorité.

Les analystes de Forrester qui se sont penchés sur le sujet estiment qu’il convient en premier lieu d’analyser et de distinguer les besoins mobiles des collaborateurs. Un vendeur, un employé de bureau, un responsable marketing ou un technicien de maintenance n’ayant ni les mêmes attentes, ni le même potentiel à tirer du mobile. Dans son rapport «Workforce Personas And the Mobile App Gap», Forrester propose de différencier ainsi quatre types de collaborateurs:

  • Les professionnels mobiles (21% des collaborateurs), typiquement des cadres, qui travaillent beaucoup en déplacement et emploient beaucoup d’applications collaboratives et de productivité. C’est chez eux que le gap entre applications desktop et mobiles est le plus important.
  • Les praticiens mobiles (11%), par exemple des vendeurs et du personnel de santé, qui travaillent eux aussi beaucoup hors de leur bureau. Ils ont besoin de leur terminal mobile pour réaliser des tâches et processus spécifiques, et ne peuvent donc recourir à des apps standard du marché.
  • Les professionnels dédiés (18%), tels que les employés administratifs ou dans les RH et la finance, qui travaillent surtout au bureau. Ils nécessitent des apps collaboratives pour réaliser certaines tâches à domicile.
  • Les praticiens dédiés (50%), actifs notamment dans les services à a clientèle, la grande distribution et les administrations publiques. Leur besoin en mobilité est actuellement limité. Mais pourrait grandir à mesure que leur travail se rapprochera de la clientèle.

Apps et profils de collaborateurs prioritaires

Sans surprise, Forrester invite les entreprises à s’attaquer d’abord aux besoins des professionnels et praticiens mobiles. Pour les premiers, les départements IT peuvent typiquement commencer par mettre à disposition des apps de synchronisation et de partage de fichiers à la Dropbox, puis mettre en place un programme pour mobiliser les autres applications bureautiques clés. En ce qui concerne les praticiens mobiles, Forrester suggère aux responsables informatiques de collaborer avec les métiers afin de lier investissements de développement et résultats business escomptés. Et de ne pas négliger les opportunités de transformer les processus grâce au mobile.

Un marché attractif pour les développeurs

Les nombreux besoins des entreprises font des apps business un marché en plein essor. Selon les estimations du cabinet d’études Vision-Mobile, le marché des apps professionnelles s’élève à quelque 28 milliards de dollars, soit environ 40% du marché total des apps. Il devrait croître de 27% par an et atteindre 58 milliards en 2016. Malgré la taille de ce marché, le domaine des apps business et bureautiques est peu prisé des sociétés spécialisées dans le développement, trois quarts d’entre elles privilégiant les apps pour particuliers. A tort, de l’avis de VisionMobile, qui juge le marché des apps professionnelles plus lucratif et moins occupé que celui des apps grand public.

Développement à façon vs. Vente d’apps standard

Le marché des apps business et bureautiques se distingue aussi par la source des revenus des développeurs. La plus grande part de leurs chiffre d’affaires provient en effet de mandats de développement et seule une fraction de la vente d’apps sur les app stores. Idem pour la publicité, très prisée par les concepteurs d’apps grand public, mais négligeable dans le domaine des apps d’entreprises. En revanche, les développeurs d’apps professionnelles recourent beaucoup à des modèles d’affaires répandus dans le domaine des logiciels d’entreprise et donc plus familiers des départements IT, comme la vente directe et les licences et abonnements conclus hors des app stores. Outre les revenus, le marché des apps business se distingue également par les compétences et les services offerts: la qualité, le support et la sécurité jouant un rôle bien plus important que dans les apps destinées aux particuliers.

Selon l’analyse de VisionMobile, le marché des apps business devrait néanmoins connaître un glissement vers davantage d’apps standard. Le nombre d’apps professionnelles prêtes à l’emploi et couvrant des scénarii business spécifiques (vente, santé, construction, etc.) devrait en effet augmenter. En parallèle, les entreprises – à commencer par les PME – vont sans doute se familiariser et recourir davantage à l’achat d’apps standardisées. A l’horizon 2016, 10% des revenus liés aux apps business devraient ainsi provenir des ventes réalisées sur les app stores. A l’inverse, l’exécution de mandats de développement ne devrait plus représenter que 55% des revenus contre 65% aujourd’hui.

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