Le président d’ICTswitzerland à propos de Wikileaks

Ruedi Noser: «Il doit être possible d’exprimer son opinion sur internet»

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Le parti pirate suisse a demandé au Conseil fédéral de réfléchir à offrir l’asile à Julian Assange. Ruedi Noser, président d’ICTswitzerland soutient cette demande. En interview avec notre rédaction alémanique, il explique ses motivations et critique sévèrement Postfinance.

Source: ruedinoser.ch (Quelle: Foto/Copyright: Roger Wehrli)
Source: ruedinoser.ch (Quelle: Foto/Copyright: Roger Wehrli)

Dans une lettre ouverte au Conseil fédéral, le Parti pirate suisse demande au Conseil fédéral de considérer d’accorder l’asile politique au fondateur de Wikileaks. Vous avez cosigné ce document. Pour quelle raison la Suisse devrait-elle accueillir Assange?

La liberté de la presse est un bien supérieur. La Suisse fait partie des premiers états à s’être engagés activement contre la censure et en faveur de la publication libre des informations et opnions au 19ème siècle déjà. Notre pays fait d’ailleurs toujours partie du peloton de tête dans ce domaine en comparaison internationale. Cet héritage historique doit continuer d’être défendu à l’ère digitale. Il doit être possible d’exprimer librement son opinion et de publier des informations sur internet, sans craindre d’être poursuivi ou mis sous pression. La Suisse doit s’engager pour les personnes qui feraient l’objet de poursuites, à l’exception naturellement des procédures pénales à l’encontre de Julian Assange. Il s’agit en fin de compte de défendre la liberté de la presse et d’opinion sur le web.

La lettre ouverte parle d’une campagne médiatique contre Wikileaks. Pourtant, des média réputés comme Le Monde et le Guardian jouent un rôle central dans le dévoilement des câbles. N’y voyez-vous pas une contradiction?

J’ai rendus les auteurs de la lettre attentifs à cette contradiction. Mais ce n’était pas pour moi un motif suffisant pour ne pas signer le document. Car la liberté – dans ce cas concret la liberté de la presse – est un bien beaucoup trop important pour en laisser la défense aux seuls partis pirates «exotiques». Nous sommes tous interpellés et il faut montrer que le soutien est large.

Des entreprises comme PayPal, Mastercard et Postfinance ont arrêté de fournir leurs services à Julian Assange. En ce qui concerne ce dernier prestataire suisse, trouvez-vous cette intervention justifiée?

Je suis très surpris de la façon dont Postfinance communique ouvertement à propos des relations qu’elle a avec un client. Je pensais qu’il existait un secret bancaire. Je ne pense pas que cette manière de faire est approuvée par les clients de Postfinance. Cela ne concerne personne qu’une personne x ou une entreprise y ait son compte bloqué.

[ndlr : De nouvelles prises de position ultérieures à cette interview sont apparues dans la presse ce weekend. Tant le juge d’instruction responsable de l’arrondissement Berne-Mittelland que le Ministère public de la Confédération examinent si le communiqué de la Poste au sujet de la fermeture du compte de Julian Assange violerait le secret postal.]

Votre comité multi-partis appelle à une «politique numérique réfléchie» - qu’entendez-vous par là?

La liberté de la presse et d’opinion doit également être garantie sur internet. Les personnes et les organisations critiques envers l’Etat doivent pouvoir publier des informations et exprimer leur opinion sans subir de pression de l’Etat. Leur plateforme de communication ne peut pas être simplement éteinte sans décision judiciaire.

Le conseiller fédéral Johnann Schneider-Ammann a demandé d’éteindre Wikileaks. Votre position ne vous place-t-elle pas en porte-à-faux par rapport à vos collègues de parti ?

Non, je pense que le conseiller fédéral Schneider-Ammann s’engagera pour la liberté de la presse et d’opinion.

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