Le trucage de la photo de Ben Laden démasqué grâce à un logiciel français

C’est une plateforme logicielle baptisée Tungstène qui a permis de déterminer que la photo d’Oussama Ben Laden présenté comme mort était en faite fausse. Mise en circulation par plusieurs médias à l’annonce de la liquidation du terroriste lundi 2 mai, l’image du visage tuméfié a vite attiré les suspicions, notamment de l’AFP, qui ne l’a pas diffusé. L’agence de presse, qui utilise depuis 2008 l’outil d’Exo Makina, une société française spécialisée dans l’assistance à la photo-interprétation pour l’identification d’images numériques altérées, a ainsi vite découvert le trucage.

Tungstène analyse en profondeur n’importe quelle image numérique grâce à une série de filtres graphiques s’appuyant sur des calculs algorithmiques. Le logiciel ne sonde donc pas l’aspect visuel de la photographie. Il détecte par contre s’il y a eu destruction dans la structure du fichier. Selon le site newzilla.net, trois grandes catégories de filtres sont utilisés. Tout d’abord, les filtres «archéorithmiques», qui étudient l’histoire algorithmique du fichier. Ceux-ci sont capables de dire combien de fois la photo a été trafiquée et de retrouver la signature logicielle du premier appareil photo utilisé. Les filtres algébriques, ensuite, examinent la structure mathématique de la photo alors qu’une troisième série de filtres analysent la manière dont l’appareil a pris la lumière, l’angle et la diffusion. Toutes les éventuelles incohérences sont passées au peigne fin.

La photo trafiquée de Ben Laden a notamment laissé transparaître des cassures prouvant que plusieurs images avaient été superposées. L’AFP n’en est pas à son coup d’essai a-t-elle annoncée dans le sillage de sa découverte: d’autres arrangements avec la réalité ont déjà été démasqués, tel ce cliché de presse «boosté» pour dramatiser l’intensité du nuage de cendres qui s’est échappé du volcan islandais Eyjafjöll l’année dernière. Entre autres.