En Suisse, technologie et durabilité dominent les priorités des dirigeants
Si les entreprises suisses intègrent de plus en plus la technologie dans leurs démarches durables, le récent C-Suite Sustainability Report de Deloitte pointe un écart entre les intentions environnementales affichées et les priorités réelles souvent orientées vers la réputation ou la réduction des risques.
La quatrième édition du rapport C-Suite Sustainability de Deloitte révèle une forte convergence entre innovation technologique et objectifs environnementaux. En Suisse, plus de la moitié (56%) des dirigeants d’entreprise interrogés font de la technologie leur priorité stratégique, devant la durabilité, qui reste toutefois un pilier essentiel (47%). L’enquête a été menée auprès de plus de 2'100 cadres dirigeants, dans 27 pays, dont 77 de Suisse.
Les technologies sont principalement mobilisées dans quatre domaines : la gestion de la chaîne d’approvisionnement (53%), l’amélioration de l’efficacité opérationnelle (53%), le développement de produits durables (50%) et le reporting d’impact environnemental (47%).
Dans ce contexte, l’intelligence artificielle s’impose comme un outil clé. En Suisse, 88% des entreprises interrogées déclarent déjà l’utiliser pour soutenir leurs démarches de durabilité, un chiffre supérieur à la moyenne mondiale de 81%.
«Le taux élevé d’adoption de l’IA montre que les entreprises suisses considèrent la technologie comme la clé d’une durabilité mesurable. Une utilisation efficace est déterminante : il faut privilégier les modèles IA spécialisés plutôt que les systèmes universels gourmands en énergie. En investissant intelligemment, il est possible de mesurer et de contrôler avec précision son propre impact environnemental. C’est le chemin qui mène des bonnes intentions aux bons résultats», explique Reto Savoia, CEO de Deloitte Suisse.
Un quart des dirigeants suisses interrogés identifient la mesure de leur propre impact environnemental comme le principal obstacle à la mise en œuvre de leurs engagements. La collecte de données, en particulier dans les chaînes d’approvisionnement, représente l’un des aspects les plus complexes du processus.
Priorités réputationnelles?
L’étude souligne également certaines contradictions. Alors que les outils techniques se perfectionnent, les critères d’évaluation des mesures durables restent souvent orientés vers des intérêts économiques ou réputationnels. Ainsi, 36% des membres de comités de direction suisses mettent en avant la protection de la marque, la propriété intellectuelle ou la réduction des risques, contre seulement 18% qui priorisent l’impact environnemental direct de leurs actions.
Cette divergence pourrait soulever des interrogations sur la sincérité des engagements, dans un contexte où la perception de greenwashing reste un risque pour les entreprises, notent Deloitte. «Les entreprises suisses doivent s’assurer que l’impact environnemental mesurable de leurs initiatives ne passe pas au second plan. Les meilleures stratégies de durabilité sont celles qui combinent à la fois une gestion des risques solide et des répercussions positives mesurables sur l’environnement», précise Liza Engel, Chief Sustainability Officer de Deloitte Suisse.