Forrester prédit un ralentissement des investissements IA en 2026
La frénésie autour de l’intelligence artificielle devrait se calmer en 2026, selon Forrester. L’heure n’est plus à l’expérimentation tous azimuts mais à la consolidation: un quart des investissements IA seront différés, et les directions financières reprendront la main pour mesurer la valeur réelle des projets.
«Toutes les bulles finissent par éclater un jour. En 2026, l’IA va perdre de son éclat, et échanger sa couronne contre un casque de chantier», estiment les analystes de Forrester dans un récent article de blog lié à ses prédictions pour 2026. Le cabinet indique en effet que les entreprises vont devoir ajuster leur approche de l’IA en 2026, confrontées à une valeur métier encore incertaine.
Forrester estime qu’un quart des investissements en IA initialement prévus pour 2026 seront repoussés à 2027. Cette réévaluation intervient alors que seuls 15% des décideurs ont observé une amélioration de l’EBITDA grâce à leurs projets IA au cours des 12 derniers mois. En outre, moins d’un tiers parviennent à relier ces projets à une hausse mesurable du chiffre d’affaires ou à une réduction des coûts opérationnels.
Dans ce contexte, les directions financières seront davantage sollicitées pour évaluer les retours sur investissement. Ce recentrage devrait également bénéficier aux entreprises les plus stratégiques, qui sauront tirer parti de la pression sur les fournisseurs pour négocier à la baisse les coûts et cibler des impacts mesurables sur les résultats.
Vers des «agentlakes» pour gérer la fragmentation du marché de l’IA agentique
L’année 2026 verra aussi une évolution des architectures techniques, face à la fragmentation persistante des fournisseurs dans le domaine de l’IA agentique. Forrester prévoit que la majorité des entreprises devront adopter des «agentlakes», c’est-à-dire des environnements capables d’orchestrer et d’interconnecter plusieurs agents IA issus de différents fournisseurs.
Les analystes expliquent que ni les hyperscalers ni les éditeurs de plateformes n’ont aujourd’hui la mainmise sur l’IA agentique. Résultat: les entreprises devront composer leurs propres architectures, en intégrant des données multimodales et des flux d’automatisation adaptables. Cette approche permettra de soutenir des cas d’usage plus complexes, tout en renforçant l’interopérabilité entre agents.
«Les avancées rapides des outils de codage agentique, désormais complètement intégrés aux outils d’infrastructure et de déploiement, se multiplient à une vitesse extrême. Les données sous-jacentes nécessaires à l’ingénierie contextuelle des agents d’IA vont renforcer le besoin de composer des supports en temps réel capables de traiter des données multimodales et multisources — des capacités rarement réunies sur une seule plateforme», détaillent les analystes.
Formation à l’IA obligatoire dans 30% des grandes entreprises
Autre évolution attendue: pour combler le manque de compétences et réduire les risques, trois grandes entreprises sur dix instaureront une formation obligatoire à l’IA. D’après Forrester, 21% des décideurs identifient l’insuffisance de préparation des collaborateurs comme un frein à l’adoption de l’IA.
Le développement d’une culture IA à l’échelle de l’entreprise est donc considéré comme un facteur de maturité et de réduction des risques, notamment dans les secteurs réglementés. Les entreprises sont invitées à s’appuyer sur leurs partenaires technologiques ou fournisseurs de services pour structurer ces formations et mesurer leur impact à travers des critères clairs.
Forrester recommande aux organisations de planifier dès à présent leur stratégie IA pour 2026, en intégrant ces tendances et en préparant leur gouvernance, leurs investissements et leurs équipes à cette nouvelle phase d’intégration fonctionnelle de l’intelligence artificielle.