Des bases qui font souvent défaut

Les communes suisses ont des difficultés avec la cybersécurité

par René Jaun et traduction/adaptation ICTjournal

Les communes suisses ont du mal à assurer leur cybersécurité. Selon une enquête récente, un nombre inquiétant d'entre elles n'ont pas d'inventaire ou seulement des inventaires incomplets de leurs systèmes informatiques et seulement un peu plus de la moitié dispose de plans d'urgence. La plupart d'entre elles voient toutefois la numérisation en tant que telle d'un bon œil.

(Source: thenort / AdobeStock.com)
(Source: thenort / AdobeStock.com)

«Nous avons perdu le rythme». Près d’une commune suisse sur trente fait ce constat désabusé concernant son niveau de numérisation. Et c'est loin d'être la fin du pessimisme, selon les résultats d'une nouvelle enquête auprès des communes suisses menée par l’association Ma Commune, l’Association des Communes Suisses (ACS) et la Haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse (FHNW). 621 communes ont participé à leur analyse, soit près d'un tiers de toutes les communes suisses, selon les auteurs de l'étude.

Les résultats ne sont guère réjouissants. Près de 60% des communes interrogées se considèrent comme «à la traîne» en matière de numérisation. L’étude de cette année s’est particulièrement penchée sur la cybersécurité, mettant en lumière un important besoin de rattrapage. Certes, les communes accordent une grande importance aux thèmes de la cybersécurité et de la numérisation. Ces deux sujets se classent en troisième et quatrième position parmi les des principaux défis communaux les plus importants, juste derrière les infrastructures et les finances, tout comme l’année dernière. Cependant, environ un tiers des communes interrogées en Suisse alémanique déclarent ne pas tenir d’inventaires complets de leurs systèmes informatiques. En Suisse romande et au Tessin, près de la moitié des communes interrogées reconnaissent la même lacune.

Mais seuls ceux qui savent ce qu'ils possèdent peuvent le protéger, écrivent les auteurs. Et Alex Sollberger, président de l’association Ma Commune, de commenter: «La cybersécurité ne commence pas seulement par le pare-feu, mais par la compréhension globale de l’ensemble. De nombreuses communes dépendent de prestataires informatiques — d’autant plus important est qu’elles assument elles-mêmes leurs responsabilités, forment leurs collaborateurs de manière ciblée et se considèrent comme des organisations apprenantes. Parallèlement, les prestataires doivent également être davantage tenus responsables.»

Seule une commune sur deux dispose d'un plan d'urgence

Les chiffres concernant les plans d’urgence sont également préoccupants. Seulement, un peu plus de la moitié des communes interrogées disposent de tels plans. Toutefois, cela ne suffit pas, selon les auteurs de l’enquête, notamment pour assurer la sécurité des prestations essentielles comme l’énergie ou l’eau. Le besoin de rattrapage est également évident en gestion des risques: seule une commune sur deux analyse systématiquement les risques et met en œuvre des mesures préventives.

Selon l’enquête, environ 50% des communes de Suisse alémanique et de Suisse romande proposent des formations en cybersécurité, tandis que les communes tessinoises affichent un résultat encore plus faible avec seulement 21%. Les auteurs soulignent que le comportement vigilant des collaborateurs constitue un pilier central de la cybersécurité.

La majorité des communes interrogées souhaitent être soutenues par des spécialistes externes dans le domaine de la cybersécurité et de la prévention. Selon les résultats, jusqu’à 60% des communes expriment le besoin d’un soutien renforcé, notamment dans la gestion des risques, l’élaboration de directives de sécurité, la planification d’urgence ainsi que la formation.

La numérisation suscite l'optimisme

Au vu de ces chiffres, la question se pose de savoir si des normes légales devraient à l’avenir fournir un cadre plus strict, notamment là où les ressources et les compétences font défaut, selon les auteurs. Claudia Kratochvil-Hametner, directrice de l’Association des communes suisses (ACS), évoque les offres de soutien de son organisation et ajoute: «Nous soutenons des solutions standardisées — mais celles-ci doivent être à la fois praticables et finançables.»

Alors que la majorité des communes locales se considère en retard en matière de numérisation, celle-ci jouit néanmoins d’une réputation tout à fait positive. La plupart des communes associent la numérisation à des opportunités clairement identifiables — qu’il s’agisse d’améliorer l’efficacité, de renforcer les services à la population et à l’économie, ou encore d’améliorer la communication avec les habitants, selon l’étude.


 

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