Editorial

Guerre en Ukraine: quand la distinction physique-numérique et humain-IA peut décider d’un conflit

(Photo: Brian McGowan sur Unsplash)
(Photo: Brian McGowan sur Unsplash)

La guerre hybride n’est plus une théorie: elle se déroule sous nos yeux en Ukraine, par écran et fil twitter interposés. Et cette hybridation met sérieusement au défi ce qui constitue un casus belli. D’abord évidemment sur le volet cyber. Les attaques auxquelles se livrent les hackers des deux parties en conflit peuvent compromettre des infrastructures critiques physiques et les services qui en dépendent. Mais elles sont aussi susceptibles de déborder les frontières, de toucher des pays membres de l’OTAN et donc de poser la question d’une riposte. Bien avisée, l’alliance se refuse pour l’heure à tracer une ligne rouge déterminant quel type de cyberattaque justifierait une réponse collective. Du côté cyber donc, la guerre est hybride, mais les motifs de guerre restent physiques.

Il est un autre domaine où l’hybridation entre physique et numérique pose un défi aux doctrines établies: les armes intelligentes. Le soutien militaire apporté à l’Ukraine par les pays européens se limite à la livraison d’équipements et d’armes, y compris potentiellement des avions de chasse. La Russie semble tolérer cette assistance et ne pas y voir un motif de conflit. L’envoi de troupes apparaît en revanche comme une ligne de démarcation pour les deux parties. Tant pour l’OTAN que pour la Russie, ce qui importe c’est moins les avions que la citoyenneté de leurs pilotes, résume le champion d’échec Garry Kasparov sur Twitter.

Les armes intelligentes rendent cependant cette distinction de plus en plus obsolète. On n’en est pas encore à devoir déterminer si des robots-soldats sont des armes ou des troupes, mais la question se pose de plus en plus avec les algorithmes dont sont équipés quantité d’équipements militaires. Prenons le cas d’un drone armé avec des capacités de reconnaissance visuelle pour distinguer et cibler les véhicules ennemis, ou d’un système de pilotage automatique équipant un avion de chasse: n’avons nous affaire qu’à des outils? En temps de guerre, cette question n’est pas que philosophique.

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