Le standard EPCIS 2.0 pour le partage de données dans la logistique est ratifié (update)

Mise à jour du 7 juillet 2022: Lors de l’interview qu’il a accordé à ICTjournal voici plusieurs mois, Dominique Guinard, l’un des artisans du standard EPCIS 2.0, expliquait que celui-ci était dans sa phase finale de développement avec une ratification prévue début 2022 (lire ci-dessous). C’est désormais chose faite. EPCIS 2.0 a finalement été ratifié par les membres de l'organisation internationale GS1, a communiqué la fondation IOTA.

Article original du 7 janvier 2022: Les promesses du nouveau standard EPCIS 2.0 pour le partage de données dans la logistique

Le potentiel de l’internet des objets dans la logistique est encore important. Selon une étude récente menée pour Teamviewer auprès de 1’700 décideurs européens, 63% s’attendent à ce que l’IOT joue un rôle plus important à l’avenir dans la logistique et 70% voient des possibilités d’usage dans leurs propre organisation. De l’avis des décideurs, les applications les plus prometteuses concernent le suivi des stocks, des véhicules et des marchandises, ainsi que l’automatisation des processus de commande dans le Warehouse Management System.

Un nouveau standard pour le partage de données dans la logistique

Elément clé de la numérisation logistique, le partage de données standardisées entre les acteurs dans la supply chain s’est beaucoup développé ces dernières années. Que l’on songe par exemple à l’adoption de containers connectés dans le fret maritime ou de plateformes blockchain dans le commerce de matières premières agricoles.

Le nouveau standard EPCIS 2.0 (pour Electronic Product Code Information Services) est de nature à accélérer encore ces développements grâce notamment à l’emploi des dernières technologies et à l’intégration des événements logistiques.

Pour en savoir plus, ICTjournal s’est entretenu avec Dominique Guinard, qui a participé au développement du nouveau standard. Il revient également sur l’acquisition récente de sa société EVRYTHNG spécialisée dans l’IOT par Digimarc.

Vous êtes impliqué dans l’élaboration d’EPCIS 2.0, un nouveau standard global pour la logistique et les objets connectés. Quelles sont les raisons de ce développement?

Le standard EPCIS existe depuis quelques années déjà. La version 1.0 date de 2007 et avait été créée à l’origine afin d’organiser la gestion des données liées aux produits équipés d’étiquettes RFID, de permettre l’interopérabilité des systèmes d’information du domaine et d’obtenir ainsi une traçabilité complète des produits. Mais le standard n’a jamais connu une adoption de masse pour plusieurs raisons dont principalement le manque d’investissement des marques dans la transparence mais aussi simplement à cause des technologies obsolètes que le standard préconisait (WSDL, SOAP, XML).

La version 2.0 du standard répond à la très forte demande de meilleure transparence et traçabilité de la part des consommateurs et des marques. EPCIS 2.0 permet de couvrir cette traçabilité au travers de la «supply chain» de la production jusqu’à la distribution des produits et cela en utilisant les langages modernes du Web (REST, JSON, etc.).

Quelles données le standard englobe-t-il?

Concrètement le standard EPCIS 2.0 permet de capturer de façon standardisée:

• Quoi: quelles identités de produits ont été observées. Les identités supportées ont été étendues afin de permettre l’utilisation non seulement d’étiquettes RFID (EPC) mais aussi de n’importe quel code barre utilisant le standard GS1 Digital Link que j’ai eu la chance de co-présider.

• Quand: date et heure exactes de l’événement.

• Où: lieu exact de l’événement - p.ex. ligne de production 1 (bizLocation) par le lecteur 124 de la port 5 (readPoint)

• Pourquoi: quel était le contexte d’affaire de la capture - p.ex. inspection (bizStep)

• Comment: quel était le contexte environnemental de la capture, par exemple le taux d’humidité. Cette nouveauté permet de répondre à la forte demande d’ajouter des données IoT aux événements de la supply chain. Cela permet par exemple d’utiliser des étiquettes intelligentes avec toutes sortes de capteurs tels que des senseurs de température très utiles pour la chaîne du froid (aliments, vaccins, etc.).

Quelles en sont les applications typiques?

Les cas d’utilisation du standard sont multiples et variés. Parmi les plus prometteurs, on compte l’optimisation de la supply chain grâce à un échange facilité de données entre les acteurs. Il permet également de faciliter la transparence de plus en plus demandée par les consommateurs. Finalement, le standard est un élément clef de la lutte contre la contrefaçon puisqu’il permet une traçabilité détaillée des produits et de leur acheminement jusqu’au consommateurs.

Où en est aujourd’hui le projet? Comment et quand le standard sera-t-il déployé?

La phase de consultation publique du standard vient de prendre fin. Le standard est donc dans sa phase finale de développement avec une ratification prévue début 2022. Les déploiements pilotes ont d’ores et déjà commencé et il est fort probable que l’intérêt pour le standard sera grand car il répond à un bon nombre de tendances actuelles. De nombreuses sociétés dans le domaine de la supply chain ou de la production de produit on rejoint le groupe de travail ainsi qu’un nombre de sociétés blockchain qui voient dans le standard une opportunité d’interopérabilité des données de la supply chain.

Dominique Guinard lors des Swiss Cyber Security Days 2019.

Votre société EVRYTHNG vient d’être rachetée par Digimarc. Pouvez-vous revenir sur vos offres respectives actuelles et la logique derrière ce rapprochement?

Ce rapprochement nous réjouit beaucoup car il existe de nombreuses synergies entre les deux entreprises. Digimarc est le leader incontesté dans le domaine filigranes et de l’étiquetage sécurisé. EVRYTHNG est un acteur majeur dans la digitalisation et l’identité digitale des produits de consommation. Ensemble nous avons un grand potentiel car nous pouvons maintenant offrir à nos clients une solution clef en main: de l’étiquetage jusqu’au digital twins des produits.

Les activités d’EVRYTHNG en Suisse vont-elles y rester?

Nous voulons clairement nous développer en Suisse. Au niveau commercial car la Suisse constitue une base idéale pour nos opérations en Europe mais aussi au niveau technologique en développant des compétences clefs ici telles que nos équipes d’intelligence artificielle ou de la blockchain.