A grands pouvoirs, grandes responsabilités
ICTjournal fête sa première décennie et ses 100 premiers numéros. Nous avons lancé notre mensuel et notre site web en octobre 2008. Au même moment éclate la crise des subprimes. Les dirigeants des grandes banques américaines sont tenus d’expliquer devant le sénat, comment ils ont perdu le contrôle des instruments financiers qu’ils ont développés. Les gouvernements sauvent des établissements devenus «too big to fail» et travaillent à les réglementer. Dix ans plus tard, c’est au tour de Mark Zuckerberg de se retrouver ce printemps devant les sénateurs américains. On reproche au patron de Facebook d’avoir perdu la maîtrise de sa super-créature capable de propagande de masse grâce aux données de ses milliards d’adeptes.
Le rapprochement de ces deux événements témoigne de l’extraordinaire expansion du numérique durant la décennie écoulée. Les smartphones et les réseaux sociaux sont partout, les géants du web sont devenus des géants de l’économie réelle, les start-up et les développeurs sont devenus cools, et la Suisse a même son Digital Day.
Un même essor est visible dans les organisations. Menacées de disruption, sommées de se transformer, les entreprises ont adopté les technologies et les pratiques des disrupteurs: cloud, apps, Big Data, Agile, etc. Cette évolution a changé le rôle des départements informatiques. Au lieu de se battre pour des budgets et leur place à la direction, les responsables IT ont l’occasion de devenir des moteurs de transformation et des vecteurs de croissance de leur organisation. Certains se sont saisis de cette opportunité, les plus nombreux ont préféré rester dans le confort d’un rôle balisé et moins exposé.
Pour les CIO ayant fait le choix de l’audace, la tâche est immense et les attentes très élevées. Comme Spiderman, comme Mark Zuckerberg, ils doivent garder à l’esprit que de grands pouvoirs s’accompagnent de grandes responsabilités. Avec les nouvelles règles sur la protection des données, avec l’essor promis d’intelligences artificielles opérant des choix abscons, avec la digitalisation des infrastructures et objets physiques, la poursuite responsable de la transformation numérique de leur entreprise est un formidable défi. Celui en quelque sorte de conjuguer le «too big to fail» avec le «fail fast».
