Assureurs maladie

Torsten Butz, CSS: «Dans nos investissements dans les start-up, il y a toujours une logique de collaboration»

La CSS est engagée dans une double démarche de numérisation intensive et d’innovation. Depuis 2020, l’assureur maladie investit également dans des start-up. Responsable du développement des modèles d’affaires et de l’innovation, Torsten Butz explique à ICTjournal la logique de ces participations.

Torsten Butz, Responsable du développement des modèles d’affaires et de l’innovation à la CSS. (Source: DR)
Torsten Butz, Responsable du développement des modèles d’affaires et de l’innovation à la CSS. (Source: DR)

Quelles sont les activités de l’équipe dont vous êtes responsable à la CSS? Agit-elle plutôt en support ou en apport d’innovations?

L’équipe est dédiée à l’innovation. Nous nous occupons tant des investissements dans les start-up que de soutenir l’innovation à l’interne et orientée client en étroite collaboration avec les business units. La collaboration fonctionne dans les deux sens. D’un côté, nous sommes en contact avec des instituts de recherche et des start-up et nous cherchons à apporter leurs innovations dans l’entreprise et à créer des ponts avec les unités d’affaires. De l’autre côté, nous apportons nos compétences et méthodes d’innovation aux projets des business units qui en ont besoin. Il nous arrive aussi d’approfondir un domaine spécifique figurant à l’agenda stratégique de la CSS .

En 2020, la CSS a lancé un fonds doté de 50 millions de francs pour investir dans des start-up dans la santé. Quelles sociétés en bénéficient? Quelles sont leurs activités?

Nous avons pour l’heure investi dans quatre entreprises. La première, Pregnolia, est une start-up femtech issue de l’EPFZ dont la solution aide à réduire le risque d’accouchements prématurés. La deuxième, OnlineDoctor, permet de faire rapidement réviser un problème dermatologique à partir d’une photo. Flow Neuroscience, la troisième société que nous soutenons, est une jeune pousse suédoise qui a développé une thérapie contre la dépression s’appuyant sur un dispositif d’électrostimulation utilisable à domicile. Enfin, nous avons investi dans Humanoo, une start-up allemande, dont la solution propose des programmes pour améliorer la santé physique et mentale à destination des collaborateurs en entreprise. La plateforme active365 de la CSS repose d’ailleurs sur cette solution. Plus généralement, nos investissements s’orientent vers des sociétés avec lesquelles nous pouvons développer des synergies stratégiques.

Quelle logique business poursuivez-vous avec ces investissements? Comment ces sociétés et leurs solutions s’articulent-elles avec votre offre?

Il y a à chaque fois une logique de collaboration, qui peut prendre différentes formes. Certaines start-up nous permettent de faire bénéficier nos assurés de services innovants intégrés à notre offre. C’est le cas de la plateforme Humanoo qui récompense un mode de vie sain, mais aussi de l’outil de diagnostic OnlineDoctor proposé avec notre assurance ambulatoire myFlex. Grâce à nos connaissances du système de santé, nous pouvons aussi aider la start-up à apporter sa solution sur le marché suisse. L’introduction de Flow Neuroscience nécessite typiquement une collaboration étroite avec les psychiatres. Nous pouvons aussi simplement décider de rembourser un traitement quand bien même il n’est pas aujourd’hui dans l’assurance de base, si je songe à Pregnolia. En fin de compte, toutes ces solutions permettent d’améliorer la qualité de vie et de soin des assurés, et donc l’efficacité du système de santé.

A terme, combien de start-up comptez-vous avoir dans votre portefeuille? Songez-vous à créer un incubateur, comme d’autres sociétés?

Nous souhaitons investir dans une dizaine à une quinzaine d’entreprises maximum. C’est ce qui correspond à la taille du fond de CHF 50 Mio., et cela explique que nous investissons entre un demi et quatre millions dans chacune. L’idée étant que d’ici six à sept ans, un exit nous permette de refinancer le fond, d’investir dans d’autres start-up et de fournir ainsi à la CSS un flux constant d’innovations. Un incubateur n’est pas à l’ordre du jour. Pour l’heure nos investissements s’orientent vers des start-ups ayant une certaine maturité, investir dans de plus jeunes entreprises demande un effort bien plus important en ressources non-financières. Pour les innovations plus émergentes, nous avons un laboratoire à l’EPFZ où nous finançons des doctorants et nous réfléchissons à la manière de développer efficacement des collaborations avec des start-up plus jeunes.

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