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Open Government Data: les développeurs mettent les mains à la pâte

| Mise à jour
par Hélène Lelièvre

Réunis à Lausanne pour l’Open Data Camp, des développeurs, designers et simples apporteurs d’idées ont posé les bases d’applications utilisant des données libres. L’objectif: montrer aux politiques qu’il est possible d’utiliser ces données pour des applications utiles.

Développée lors de l’Open Data Camp, le projet «Green street» offre une visualisation du niveau de consommation énergétique de chaque rue de Lausanne.
Développée lors de l’Open Data Camp, le projet «Green street» offre une visualisation du niveau de consommation énergétique de chaque rue de Lausanne.

Faire en sorte que le libre accès aux données publiques (Open Government Data) devienne une réalité en Suisse. Tel était l’objectif de la centaine de participants du premier Open Data Camp en Suisse qui s’est tenu les 30 septembre et 1er octobre parallèlement à la Haute école d’art de Zurich et à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Pour cela, développeurs, designers et apporteurs d’idées ont tenté de créer des applications en utilisant les quelques données déjà disponibles sur le web pour offrir de nouveaux services aux internautes. Quels services nouveaux et utiles à la population pourraient être offerts à partir des données actuellement librement disponibles? La question se pose parmi les participants. Y répondre provoque une sorte de flottement à Lausanne, tant il reste une inconnue sur la disponibilité des données. Il faut d’abord les recenser. Heureusement, Jean-Philippe Steck l’un des participants, représentant du service informatique de la ville de Lausanne, n’est pas venu les mains vides: la ville a mis à disposition les données de consommation énergétique des bâtiments. Plusieurs projets vont naître de ces données. Le premier consiste à représenter sur une carte les consommations électriques des bâtiments à Lausanne. La visualisation qui en ressort est difficilement lisible en raison de la multitude des données. Plus abouti, le projet «Green street» vise à présenter le niveau de consommation énergétique de chaque rue (voir l’illustration). Il s’agit montrer quelles sont les rues les plus écologiques et les plus gourmandes au niveau énergétique. Pour chacune, l’application indique le nombre de maison pour lesquelles les données sont disponibles, l’indice de dépense énergétique (chauffage et électricité), ainsi qu’une comparaison par année (quand les données sont disponibles).

Une opportunité pour des start-up

«Nous aurons tout à gagner quand les gens s’empareront des données disponibles sur internet pour développer de nouveaux services.» Patrick Genoud, membre de l’Observatoire technologique du Centre des technologies de l’information du canton de Genève et invité pour une table-ronde lors de l’événement, rappelle qu’il existe de multiples opportunités pour des start-up locales d’utiliser des données disponibles pour créer des services à valeur ajoutée ou améliorer leurs propres offres. Il prend l’exemple de Genève où l’ensemble des bâtiments est modélisé en trois dimensions. «Une start-up active dans le jeu vidéo pourrait utiliser ces données pour améliorer l’expérience des utilisateurs et se concentrer sur d’autres développements. A Genève, il y a peu à faire pour ouvrir les données. Mais les politiques n’en voient pas encore l’intérêt. Quand les premières applications auront été développées, ce sera plus facile de les convaincre.» Egalement invité pour la table-ronde, Philippe Cudré-Mauroux, professeur d’informatique et directeur de l’eXascale Infolab à l’Université de Fribourg, estime également que les entreprises ont tout à gagner à s’emparer des données disponibles: «Elles pourront gagner en visibilité. D’ailleurs, depuis la loi permettant l’ouverture des données sur les retraites aux Etats-Unis, on a vu naître la première start-up qui a gagné des millions de dollars en travaillant sur l’open data. Elle a développé un site de comparaison des plans de retraite.» Le modèle économique est une question qui se pose régulièrement lorsqu’est évoqué l’open data. En effet, comment dégager des revenus de données disponibles librement? Pour Maria Sokhn, directrice de l’eGov Technology Center, contactée après l’événement, une entreprise ne pourra pas vendre les données: «Par contre, elle peut vendre l’application de visualisation. Il existe déjà des exemples en Grande-Bretagne. Une partie des données sont visibles mais pour avoir plus de détails et d’autres services, il faut payer. Il existe par ailleurs des applications pour les smartphones qui sont payantes. Et la publicité sur ces applications de visualisation est aussi une source de revenus.» Maria Sokhn confie avoir le sentiment que l’Etat reste réticent à ouvrir les données non seulement pour une question de protection des personnes mais aussi parce qu’il n’arrive pas à imaginer de quelle manière elles seront utilisées: «Je crois qu’il faut un véritable changement culturel pour que la Suisse ouvre ses données. Actuellement ce n’est pas forcément dans nos mœurs.»


 

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