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Comment l'IA change le quotidien de la police en Suisse

| Mise à jour
par Yannick Züllig et traduction/adaptation ICTjournal

Le Congrès suisse d'informatique policière (SPIK) s'est tenu le 27 mars au Wankdorf à Berne. Outre les drones et l'informatique quantique, le rôle de l'IA dans les activités de la police a également été abordé.

(Source: Netzmedien)
(Source: Netzmedien)

Le stade du Wankdorf à Berne ne connaît une telle présence policière que lors des matchs de football. Mais le 27 mars, au lieu de tirer des balles en caoutchouc et de brandir des panneaux de signalisation, les agents de police sont arrivés au stade avec des powerpoints et des cartes de visite. Pour la troisième fois, le Wankdorf a accueilli le Congrès suisse d'informatique de police (SPIK). Plus de 700 participants se sont retrouvés dans l'antre du champion suisse en titre de football.

Les participants ont été accueillis par Valentin Bonderer, président de l'association Swiss Police ICT, qui organise l'événement. A une époque où le progrès technique est «inexorable», il est extrêmement important que les forces de l'ordre puissent elles aussi suivre ces évolutions. Le Spik offre donc l'occasion de partager des connaissances, d'échanger des expériences et d'élaborer des solutions aux défis numériques. 

Valentin Bonderer a ensuite donné la parole à Renato Renner, professeur de physique théorique à l'EPF de Zurich. Ce dernier y dirige le groupe de recherche sur la théorie de l'information quantique. En conséquence, son exposé était consacré à la cryptographie quantique. Pour lui, il ne s'agit peut-être pas d'un problème immédiat ou pour demain, mais «les ordinateurs quantiques deviendront bientôt un risque». 

Renato Renner estime qu'un ordinateur quantique capable d'utiliser la puissance d'un million de qubits verra le jour dans les dix prochaines années. C'est au plus tard à ce moment-là que les algorithmes de chiffrement classiques seront à bout de souffle, selon l'expert .

De la GenAI dans le registre des armes

Comme presque tous les secteurs, la police n'échappe pas au thème de l'IA. Le mot a été prononcé au moins une fois dans presque toutes les présentations du congrès. L'utilisation de l'intelligence artificielle diffère fortement d'un corps à l'autre.

La police cantonale de Zurich, par exemple, étudie actuellement l'introduction d'un chatbot pour le registre cantonal des armes. Comme l'explique Philippe Mathis, chef de service du service spécialisé armes/explosifs de la police cantonale zurichoise, le chatbot pourrait aider les agents à obtenir plus rapidement des informations pertinentes pour leurs enquêtes ou leurs interventions. 

Actuellement, un chatbot basé sur ChatGPT est en cours d'expérimentation, explique Patrizia Mottl du prestataire de services informatiques Deimos, chargé de la mise en œuvre. Celui-ci peut traiter des requêtes plus complexes que la fonction de recherche actuelle du registre des armes.

De l'IA prédictive dans le centre de contrôle

En Allemagne, le groupe industriel IABG utilise l'IA de manière moins synthétique et plus analytique. En Suisse, le prestataire n'est pas encore très connu, indique Thorsten Hansler, son responsable de programme pour les centres de contrôle et de suivi de la situation. Mais selon lui, les organismes de sécurité civile suisses pourraient aussi profiter de l'utilisation de l'IA dans leurs centres de contrôle. 

Selon Thorsten Hansler, les centres d'intervention sont partout confrontés à une diminution des ressources et à une augmentation du volume des missions. L'IA pourrait y remédier grâce à des prévisions, ou du moins atténuer la pression. Pour son modèle, Iabg se base aussi bien sur des données d'intervention historiques que sur des données météorologiques ou des calendriers d'événements actualisés au jour le jour. Le modèle prévoit non seulement le nombre d'interventions prévues pour un jour donné, mais aussi où et quand il faut s'attendre à des interventions, de sorte que les ressources peuvent être réparties en conséquence dans une zone.

Thorsten Hansler a montré un exemple en direct concernant le district de Marburg-Biederkopf dans la Hesse, dont la taille est à peu près comparable à celle du canton de Soleure, où le modèle est déjà utilisé. Il est encore difficile de prévoir avec précision le nombre exact d'interventions, mais l'allocation des ressources proposée par le modèle a contribué à réduire «considérablement» le temps nécessaire à l'arrivée des équipes de secours. 

De l’IA dans l'entraînement VR

La police municipale de Zurich, en revanche, veut faire de l'IA son ennemi, au sens propre du terme. Dans le cadre du projet national «PolVR», la Police municipale teste l'utilisation de solutions VR et XR pour la formation et l'entraînement des agents de police. 

Deux disciplines sont concernées: d'une part avec Simlab, des situations d'intervention réelles peuvent être reproduites sur PC et des procédures tactiques peuvent être testées, et d'autre part l'ETSVR, pour la simulation d'entraînement à l'intervention en réalité virtuelle. Dans ce cadre, les agents portent des lunettes VR et des armes factices et s'entraînent ainsi à des interventions aussi proches que possible de la réalité, explique Christoph Altmann, chef de projet du centre de compétence Extended Reality des corps de police zurichois et ancien chef d'intervention de l'unité spéciale Scorpion.

Ces exercices ETSVR recèlent un potentiel pour l'IA. Ainsi, l'intelligence artificielle pourrait à l'avenir prendre le contrôle des adversaires dans la simulation et les faire agir de manière plus intelligente et plus réaliste que les personnages non humains actuels, selon Christoph Altmann.

La TIP (une structure organisationnelle basée sur la milice, qui doit permettre et soutenir la coopération pour des solutions policières communes dans le domaine de l’informatique, des télécommunications et de la police) a également fait une apparition lors du congrès. La TIP est par exemple responsable de la mise en place de la plateforme nationale de recherche policière Polap. Celle-ci a suscité quelques remous dans les médias au début de l'année, admet Markus Röösli, directeur de la TIP. Il est néanmoins convaincu de l'importance du projet. Cette année encore, Polap doit être introduite dans sa première phase de développement.

En outre , le projet «integriertes Lagebild» (ILB), qui «donnera un nouveau visage à la présentation de la situation par la police», est également dans la dernière ligne droite, du moins en Suisse alémanique. Cette solution vise à rassembler les données des centrales d'intervention de tous les corps de police et simplifier ainsi la collaboration intercantonale. «La police suisse doit savoir ce que la police suisse sait», explique Markus Röösli. C'est pourquoi il est important, selon lui, que les corps de police romands se joignent également au projet. L'ILB sera prochainement en ligne.

Le troisième grand projet de la TIP est celui du système mobile de communication sécurisée à large bande (CMS). Il s'agit ici de remplacer le réseau de communication d'urgence Polycom. Ce remplacement s'avère toutefois difficile, notamment en raison du manque de connaissances spécialisées chez le partenaire de mise en œuvre. 

La SPIK 2025 devrait se dérouler le 26 mars 2025. 
 

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