Demander une augmentation de salaire en négociant avec un chatbot
Pour solliciter une meilleure rémunération, les employés devront-ils bientôt s’adresser à un chatbot? Les outils de négociations dopés à l’IA se profilent en tout cas à l‘horizon, avec leurs lots d'avantages et de risques.
Un nouveau cas d’usage de l’IA générative se profile pour les entreprises: proposer un chatbot capable de gérer les négociations de salaires avec les employés. C'est le média Axios qui anticipe l'avènement de ce type de solutions, se basant notamment sur le fait que la start-up Pactum AI teste en interne un tel chatbot.
Pactum AI s’est spécialisé dans les outils de négociations automatisés dopés à l’IA. Pour l’heure, les solutions sorties sur le marché couvrent les négociations de vente ponctuelle ou de contrat entre les entreprises et leurs fournisseurs. La technologie de Pactum AI, reposant sur une interface de chatbot, vient d'ailleurs tout juste de faire son entrée sur le SAP Store. «Nous sommes dans le domaine de l'automatisation à grande échelle, et alors que nous entrons dans l'ère de l'IA combinée aux chatbots, nous sommes impatients d'apporter à nos clients une solution capable d'augmenter la création de valeur pour la chaîne d'approvisionnement, l'achat et la logistique», a commenté Claudio Pinto, directeur principal des partenariats ISBN chez SAP.
La prochaine déclinaison de ce type d'automatisation pourrait donc concerner les salaires et conditions des collaborateurs. Pactum AI concède toutefois à Axios que son outil en test, bien qu'il ait reçu des feedbacks positifs de la part des employés, n’est pas encore suffisamment mature pour être lancé sur le marché. Reste qu'aux yeux de l'éditeur, un tel chatbot a plus d'un avantage. Il minimiserait par exemple les préjugés des managers ou permettrait d'atteindre plus facilement une parité salariale entre hommes et femmes. En outre, l’outil ferait prendre conscience aux entreprises de la valeur de la négociation des avantages sociaux et des salaires.
Nombreux risques
L'article d’Axios pointe toutefois certains risques. Dont celui de désavantager les employés qui ne disposent pas de suffisamment d'informations contextuelles ou qui livreraient au chatbot des messages inadéquats. Un agent AI mal formé pourrait de surcroît compromettre la vie privée ou des secrets commerciaux. Par ailleurs, «la clé d'une négociation réussie réside dans les relations [humaines], et non dans l'automatisation», met en garde Randi Weingarten, présidente de l'American Teachers Federation.
Les négociations salariales pourraient donc se déshumaniser si ce type de chatbot sortait sur le marché. Mais elles le sont déjà potentiellement si l’on considère les employés qui font appel à ChatGPT & co. pour préparer leur entretien en vue de négocier une meilleure rémunération. Un récent article de blog de la Harvard Law School indique que ChatGPT peut actuellement être un conseiller utile, bien que limité, dans les négociations salariales.
