Souveraineté numérique

«Cloud souverain»: les cantons latins avancent groupés et font un appel du pied à la Confédération

Les directrices et directeurs du numérique des cantons latins ont décidé d’agir de concert en matière de souveraineté numérique. Pour la question épineuse du «cloud souverain», ils misent sur la collaboration avec la Confédération et son projet de Swiss Government Cloud.

(Source: Fotolia/Adobe)
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Les cantons romands et le Tessin ont décidé d’agir de manière concertée en faveur de leur souveraineté numérique. Réunis au sein de la Conférence latine des directrices et directeurs cantonaux du numérique (CLDN), ils souhaitent faire évoluer les conditions-cadres dans le domaine, accroître leurs capacités de pilotage et réduire les risques, en développant notamment les partenariats publics-privés avec des acteurs locaux. Le renforcement de la formation et la confiance numérique sont également au programme. Les cantons se sont également entendus sur une définition commune de la souveraineté numérique, à savoir «la capacité des autorités à maintenir leur autonomie stratégique, soit à pouvoir utiliser et contrôler de manière autonome les biens matériels et immatériels et les services numériques qui impactent l’économie, la société et la démocratie».

Pas d’annonce en revanche d’un projet de «cloud souverain» de la part des cantons latins à titre individuel ou collectif, alors la plupart des discussions sur la souveraineté numérique sont apparues suite au contrat entre la Confédération et des prestataires de cloud publics étrangers - un contrat particulièrement critiqué en terres romandes.

Appel du pied à Berne

Plutôt que de développer leur propre projet, les cantons latins souhaitent renforcer leur collaboration en la matière avec la Confédération et participer activement au développement et à la mise en œuvre de son «Swiss Government Cloud». Il s’agirait d’un cloud spécialement destiné aux données les plus sensibles de l’administration et entièrement opéré par la Confédération dans ses datacenters. Un projet qui ressemble au «nuage privé fédéral» déjà évoqué par Berne l’automne dernier.

Cloud souverain, c'est compliqué

Les cantons latins ont par ailleurs mandaté et publié trois études sur la souveraineté numérique et le cloud souverain, traitant de leurs dimensions éthique, juridique et technique. Réalisée par Eraneos, cette dernière rappelle utilement que, s’agissant de souveraineté numérique, il faut considérer l’ensemble du cycle de vie des systèmes, leur variété (le stockage ce n’est pas comme DeepL) et que tout est question de degré, en d’autres termes on n'est jamais complètement souverain. Elle montre aussi que les décisions sont affaire d’arbitrage: plus de souveraineté entraîne immanquablement moins de simplicité et inversement, sans oublier l’impact sur les coûts et la sécurité. Elle rappelle enfin que pour pouvoir arbitrer au cas par cas, il vaut mieux avoir au préalable classifié les données et les exigences s’y rapportant - vaste chantier.

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