Marcelo Corrêa de Oliveira, Covadis: «Nos difficultés nous ont incités à nous recentrer sur la sécurité biométrique»
Après un passage à vide de plusieurs années, la société Covadis, active dans l’identification et l’authentification des personnes physiques, a signé en juin dernier un partenariat avec le gouvernement brésilien. Rencontre avec Marcelo Corrêa de Oliveira, CEO de Covadis, qui revient sur le parcours de son entreprise.

Covadis vient de signer un partenariat avec le gouvernement brésilien. Quel en est l’objet?
Nous fournirons notre lecteur biométrique intelligent Auriga pour assurer la protection des nouvelles cartes d’identité. Les 200 millions d’habitants seront progressivement équipés. Pour commencer, deux millions de cartes seront distribuées cette année et vingt millions l’année prochaine. Les nouvelles cartes contiendront des informations personnelles et biométriques encryptées. L’enregistrement de l’empreinte dans la carte permettra de garantir l’identification de son porteur. Cela assure la protection des données stockées sur les cartes d’identité en offrant un niveau de sécurité maximal.
Comment êtes-vous parvenus à signer cet accord avec le Brésil?
Il faut savoir que, à l’heure actuelle, au Brésil, les cartes d’identité ne sont ni uniformisées, ni électroniques et il est possible d’obtenir une carte d’identité dans chacun des 22 Etats. Le Brésil a identifié un besoin de corriger cette situation. Le pays travaillait donc sur un projet de nouvelle carte d’identité globale pour l’ensemble du pays. Nous avons approché le gouvernement via notre réseau de distributeurs. L’objectif était de pouvoir utiliser la carte d’identité dans le secteur de la santé, dans les programmes sociaux, etc. Après avoir testé notre solution, le gouvernement a estimé que nous répondions parfaitement à leurs exigences.
Depuis toujours vous êtes spécialisés dans l’e-banking, qu’est-ce qui vous a poussés à vous diriger vers ce marché?
Il y a une concurrence très importante dans le marché de la sécurité bancaire. Les acteurs du secteur sont de grandes entreprises. Nous avons décidé de mettre à profit notre savoir-faire dans les lecteurs de cartes sécurisées et d’y ajouter une solution de reconnaissance biométrique par l’empreinte digitale pour renforcer encore l’authentification de l’utilisateur. Cela nous a permis d’élargir notre marché.
Alors que vous comptez une filiale d’UBS parmi vos actionnaires, la banque n’a pas opté pour votre solution…
Aventic, notre actionnaire est, en effet, une filiale d’UBS spécialisée dans le capital-risque. Mais elle est indépendante de la banque. L’UBS a estimé que notre solution était trop chère pour sécuriser l’accès à son service d’e-banking. Mais, nous comptons tout de même la banque française BNP Paribas parmi nos fidèles clients. Depuis 2001, ses 50 000 clients commerciaux utilisent notre lecteur. En 2008, elle nous a renouvelé sa confiance pour la sécurisation de son système de banque en ligne.
En 1999, après trois ans d’existence, Covadis recevait le Prix de la Jeune industrie de Genève. En 2002, l’entreprise est au bord de la faillite. Qu’est-ce qui explique ce parcours chaotique?
A l’origine, l’entreprise était active dans deux secteurs totalement différents: le marché des téléphones publics avec un appareil de paiement sécurisé et des lecteurs de cartes sécurisées pour l’e-banking. Mais avec l’éclatement de la bulle internet, la demande de produit d’e-banking a chuté et de nombreux contrats ont été annulés. Et puis l’entreprise était très dispersée avec des filiales aux Etats-Unis, aux Pays-Bas, en France et même en Australie!
Comment avez-vous réussi à redresser la barre?
En 2004, alors que je travaillais pour la société canadienne Celestica, des actionnaires de Covadis m’ont demandé si j’acceptais de venir en Suisse pour prendre la tête d’une entreprise en mauvaise santé. J’ai accepté. Après une évaluation des difficultés de l’entreprise, nous avons décidé de nous recentrer. Nous sommes aujourd’hui uniquement à Genève. Et nous nous sommes concentrés sur notre lecteur biométrique. Il est destiné non seulement à l’e-banking mais aussi à l’authentification des personnes pour accéder à des données informatiques ou à des bâtiments. L’objectif était de maintenir le savoir-faire de l’entreprise. Aujourd’hui, nous avons un projet dans les pays africains pour sécuriser les élections. J’espère aussi que le projet brésilien va proliférer.
De quelle manière continuez-vous à améliorer la sécurité de vos produits?
L’an dernier, nous avons signé un contrat de deux ans de recherche sur la biométrie avec l’EPFL. Il a pour but de trouver un algorithme qui change lorsqu’il a été piraté. En effet, aujourd’hui, si un pirate s’infiltre dans une base de données d’empreintes digitales, elle sera perdue. Avec ces développements, au contraire, l’algorithme sera immédiatement modifié, sauvant et sécurisant ainsi les données. C’est l’un des développements auxquels nous travaillons, afin de doter Auriga d’une sécurité toujours plus absolue, mais aussi de concevoir la prochaine génération de produits.
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