Après BearingPoint…

La Californie rompt son contrat avec SAP

| Mise à jour
par Jean Elyan / Le Monde Informatique

Après des retards importants, l'Etat de Californie a décidé de suspendre son projet MyCalPAYS auquel participait SAP.

La Californie a résilié son contrat avec SAP. L'éditeur devait fournir à l'État américain une solution logicielle pour moderniser son système de paie pour un coût estimé de 371 millions de dollars. Mais le projet a connu des retards importants, a subi plusieurs dépassements de coûts, et l'État de Californie a déjà déboursé 254 millions de dollars pour sa mise en oeuvre. Aujourd'hui, le projet a été suspendu et les fonctionnaires de l'État ont engagé une évaluation pour déterminer si «les travaux déjà réalisés par SAP peuvent être réutilisés dans une autre solution», comme l'indique le communiqué publié par le contrôleur de l'État, John Chiang.

SAP est impliqué dans le projet MyCalPAYS depuis 2010, date à laquelle l'État de Californie a cherché à remplacer le maître d'oeuvre initial BearingPoint. Au mois de juin dernier, la première phase des cinq étapes du projet était mise en production, mais celle-ci «a révélé un nombre important d'erreurs préoccupantes». Comme le fait remarquer le contrôleur de l'État, «sur les huit cycles de paie réalisés depuis la mise en route, aucun ne s'est encore passé sans erreurs matérielles. Ils ont plutôt révélé que le système comportait de graves insuffisances».

Une première phase et rien de plus

La première phase a pris en charge la paie du bureau du contrôleur et ses 1 300 employés, sur un total de 240 000 fonctionnaires travaillant pour l'État. Selon le porte-parole du contrôleur, Jacob Roper, la paie de ce personnel est «la plus facile à gérer de tout l'État !» Ajoutant: «Nous allons tout arrêter à la fin de la première phase». De son côté, «SAP est extrêmement déçu de la décision du contrôleur», comme l'a déclaré dans un communiqué Andy Kendzie, le porte-parole de SAP aux États-Unis. «Nos produits fonctionnent dans des milliers d'agences gouvernementales à travers le monde. SAP pense également que nous avons satisfait à toutes les obligations contractuelles de ce projet». Enfin,  SAP a «fait tous les efforts raisonnables» pour travailler avec le bureau du contrôleur et a également envoyé une lettre demandant une médiation entre les deux parties, «mais l'État a répondu par une lettre de résiliation», explique Andy Kendzie.

«Par deux fois, le bureau du contrôleur a adressé des «mises en demeure» pour exiger que SAP corrige les problèmes», a déclaré Jacob Roper. À ce jour, l'État de Californie a déjà payé 50 millions de dollars à SAP pour le projet, et tient en réserve un reliquat de 7 millions de dollars, a ajouté le porte-parole de John Chiang. «À ce jour, reste encore à payer des licences logicielles, du temps de travail et autres coûts», a précisé Jacob Roper. Le bureau du contrôleur a affirmé vendredi qu'il «utiliserait toutes les clauses contractuelles et légales possibles pour mettre SAP face à sa responsabilité et protéger les intérêts de l'État et de ses contribuables». Ajoutant : «Sa prestation est un échec. La médiation est une des options contractuelles, mais à défaut, une action en justice sera engagée». Par ailleurs, le contrôleur devrait décider de conserver son ancien système, «le plus fiable actuellement, pour traiter la paie de l'ensemble des 240 000 autres fonctionnaires de l'État».

Un cadavre dans le placard ?

John Chang affirme que MyCalPAYS est le «plus gros effort de modernisation des systèmes de paie entrepris aux États-Unis». Selon un observateur, ce serait une erreur de juger la solution sur la base des problèmes rencontrés par l'État de Californie. «Il y a deux possibilités, soit les données entrant dans le système sont erronées, soit les données sont correctes et c'est le système qui les met en pièce», a expliqué Michael Krigsman, CEO du cabinet-conseil Asuret. «Certes, SAP n'en est pas à son premier échec, mais de nombreuses administrations utilisent sa solution de paie sans problème. On a aussi du mal à croire que SAP n'est pas capable de gérer la paye de 1 300 salariés». Par ailleurs, «on peut supposer que, suite aux va et viens avec l'État, SAP a dû mettre les bonnes personnes sur le coup pour résoudre les problèmes rencontrés», a ajouté Michael Krigsman. Ce n'est pas la première fois non plus que l'État de Californie voit ses gros projets IT échouer, ce qui, selon le CEO d'Asuret, «permet de s'interroger sur le rôle du bureau du contrôleur de l'État dans ce dossier», ajoutant même : «Je me demande quel 'cadavre' git dans l'armoire technique du contrôleur pour justifier ce conflit».

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