Gartner Hype Cycle: des machines qui achètent, des développeurs heureux, fusion EX/CX, sécurité humanisée

L'IA générative n'occupe plus le sommet du Hype Cycle des technologies émergentes de Gartner. L'édition 2024 accorde une place de choix à d'autres tendances et concepts, l'IA générative entrant déjà dans la phase qui suit de peu celle de l'emballement frénétique.

Pour rappel, Gartner considère que l'adoption des technologies passe par une phase d'enthousiasme suivi d'un retour à la réalité, suivi enfin d'une vraie maturité. Représentée dans le Hype Cycle, cette évolution est plus ou moins rapide selon les technologies.

Des machines qui achètent

«L'IA générative (GenAI) a dépassé le pic des attentes exagérées, car les entreprises continuent de passer de l'enthousiasme pour les modèles de fondation à des cas d'utilisation qui génèrent un retour sur investissement», déclare Arun Chandrasekaran, analyste chez Gartner. 

Dans ce contexte, l'IA autonome prend son essor. La génération actuelle de modèles d'IA souffrant d'un manque de capacité d'action, les recherches se focalisent aujourd’hui sur la conception d’agents capables d'interagir dynamiquement avec leur environnement pour accomplir leurs tâches. Ces systèmes pourraient automatiser l'organisation d’une réunion virtuelle ou encore commander des courses en ligne, et ce, au nom de l'utilisateur. Une perspective envisagée sérieusement par des figures comme Bill Gates. En outre, des entreprises telles que Sierra aux Etats-Unis ou la start-up romande Hestia.ai explorent déjà ces nouvelles possibilités. Selon Gartner, les technologies multi-agents pourraient arriver à maturité d'ici 5 à 10 ans. D'autres systèmes d'IA autonomes, tels que les robots humanoïdes en milieu professionnel, pourraient se généraliser, mais dans un avenir plus lointain.

Des développeurs heureux

Le millésime 2024 du Hype Cycle des technologies émergentes fait également la part belle à plusieurs types d'outils en devenir qui, pour Gartner, favorisent la productivité, voire l'émancipation, des développeurs informatiques. Aux dires de l’analyste Arun Chandrasekaran, les technologies telles que les assistants au codage ou  le standard de développement web WebAssembly (amené à remplacer JavaScript) permettent aux programmeurs de travailler plus rapidement, notamment en suscitant une implication totale et un sentiment de plaisir. Des études ont toutefois montré que l'ingénierie logicielle augmentée par l'IA, qui pourrait arriver à maturité d'ici 2 à 5 ans, engendre une dégradation notable de la qualité du code, quand bien même elle booste effectivement la productivité.   

Fusion EX/CX

Gartner met par ailleurs en avant l’essor d’un ensemble de technologies promettant de créer une «expérience totale», en fusionnant expérience client (CX), expérience employé (EX) ou expérience utilisateur (UX). Sur ce créneau, les approches à considérer englobent la mise au point de jumeaux numériques de clients mais aussi l'informatique spatiale, qui prolonge le concept d’ambient computing (lire notre dossier sur ce sujet), avec pour ambition de transformer nos environnements en espaces intelligents par la magie des équipements connectés.  

Sécurité humanisée

La sécurité et la privacy résolument centrées sur l’humain viennent compléter les principales catégories de technologies émergentes sélectionnées par le cabinet. A l’instar des techniques de machine learning fédéré, permettant d’entraîner un algorithme centralisé de manière distribuée, sans que les utilisateurs n’aient à dévoiler leurs données. Il en va de même pour le chiffrement homomorphe multipartite, qui est proche du sommet du Hype Cycle, même s'il est peu probable qu'il soit adopté à grande échelle dans un avenir proche. 

L'analyste de Gartner souligne en outre que les organisations deviendront plus résilientes en instaurant une culture de confiance mutuelle et de prise de conscience des risques. Un constat qui rejoint celui de l’expert Charl van der Walt, d’Orange Cyberdefense, qui en entretien avec la rédaction affirmait: «Actuellement, beaucoup d’efforts se focalisent sur la formation des usagers, sur leur capacité à détecter une tentative d’hameçonnage. Cela revient à rejeter la faute et à leur déléguer la responsabilité, et je pense que ce n’est ni suffisant ni approprié. Je pense qu’il faudrait plutôt armer les utilisateurs d’outils les aidant à identifier les menaces et à contrecarrer les biais.»