Création & IA

Pour gagner l’Eurovison, il fallait entraîner l’IA avec des koalas

Treize équipes ont participé à l’AI Song Contest, déclinaison de l'Eurovision pour des morceaux générés à l’aide de l’IA. Les gagnants ont utilisé des sons élaborés par un réseau neuronal formé sur des échantillons audio d'animaux d’Australie. Nettement plus radical, le projet suisse impliquant deux data scientists termine dernier.

L’équipe Uncanny Valley, vainqueur de l’AI Song Contest, a puisé dans des sons de Koala. (Source: Vita Vilcina on Unsplash)
L’équipe Uncanny Valley, vainqueur de l’AI Song Contest, a puisé dans des sons de Koala. (Source: Vita Vilcina on Unsplash)

La crise pandémique ayant eu raison de l’édition 2020 du traditionnel concours de l’Eurovision, la chaîne néerlandaise VPRO en a organisé une déclinaison futuriste. Comme son appellation le laisse supposer, l’AI Song Contest a mis en compétition des créations musicales générées par des technologies d’intelligence artificielle (IA). Représentant huits pays dont la Suisse, treize équipes réunissant musiciens, artistes, data scientists et programmeurs y ont participé. Les morceaux ont été diffusés ce 12 mai, lors d’un livre-stream, puis classés en fonction des notes du public et d’un jury d’experts en IA.

Echantillons audio d'animaux d’Australie

Favorite du public, l’équipe Australienne a remporté le concours avec «Beautiful the World», un morceau de dance music dont la mélodie et les paroles sont entièrement issues d’une IA entraînée en se nourrissant de chansons présentées par la passé à l’Eurovision. Leur projet a en outre la particularité d’utiliser des sons élaborés par un réseau neuronal formé sur des échantillons audio d'animaux d’Australie, dont des koalas, des kookaburras et des diables de Tasmanie.

Babillages vintage et générateur de texte

Le jury d’experts a préféré le morceau de l’équipe allemande Dadabots x Portrait XO, deuxième du classement final, laquelle a impressionné avec son approche audacieuse consistant à générer du babillage à partir de chants a capella des années 50, puis d’y identifier des mots pour créer des chants qui font sens. Cette technique s’est entre autres complétée de création d’autres paroles et de mélodies issues de générateurs automatiques de texte et de mélodies.

Expérimenter avec autant d'IA que possible

Le projet «Painful Words» de l’équipe suisse New Piano n’a pas convaincu grand monde, terminant à la dernière place. Mais son approche était certainement la plus extrême du concours. Krzysztof Ciesielski et Basil Philipp, deux data scientists de la société Genistat, ayant fait le choix de limiter l’intervention humaine au strict minimum lors du processus de création. «Entre faire une chanson accessible avec pas mal d'interventions humaines, ou expérimenter avec autant d'IA que possible et ensuite livrer une chanson qui sonne moins bien, nous avons choisi la deuxième option», expliquent les auteurs de ce morceau effectivement pas facile à écouter. Ce qu’ils concèdent volontiers dans un billet de blog, expliquant que leur but était autant d'en apprendre plus sur l'IA et la créativité que de s'amuser. La paire a produit les paroles en entraînant un système GPT-2 avec un ensemble de données de 1’562 paroles de chansons de l'Eurovision. Un réseau neuronal a permis de créer des mélodies conditionnées par les paroles et un synthétiseur Mellotron s’est chargé des parties vocales.

Tags
Webcode
DPF8_179609