IA & éthique

Quels principes éthiques pour gouverner l’intelligence artificielle?

Des chercheurs de l’EPFZ viennent de publier une étude sur les directives pour une intelligence artificielle éthique. Leur analyse de plus de 80 chartes et autres publications montrent que les préoccupations des entreprises privées, des ONG et des organismes publics convergent, du moins en apparence.

(Source: Pixabay)
(Source: Pixabay)

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Hier, l’intelligence artificielle était cantonnée à des œuvres de science-fiction, en général apocalyptiques. Aujourd’hui, pas une semaine ne se passe sans que cette technologie ne fasse l’actualité, suscitant des promesses (parfois) et des craintes (souvent). Pour y répondre, les organismes publics et privés publient à qui mieux mieux des chartes et principes éthiques destinés à encadrer les usages et à rassurer les populations. Trois chercheurs de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ) se sont plongés dans ces publications pour en donner une vue générale, identifier leurs convergences ou divergences et questionner les limites de l’exercice.

Pour les chercheurs, cet intense travail d’élaboration de principes éthiques tant par des organismes publics que ces ONG et des entreprises privées témoigne à lui seul du besoin d’orientation éthique de l’IA, mais aussi de l’intérêt qu’ont ces organisations à façonner le sujet d’une manière qui leur convienne.

Les chercheurs de l’EPFZ ont analysé 84 documents et distingué onze principes éthiques pour l’IA y figurant. Leur analyse montre que quatre thèmes cristallisent l’attention des organisations et se retrouvent dans plus de deux chartes sur trois: transparence, justice et équité, non-malfaisance, et responsabilité.

Le diable est dans les détails

Passée cette convergence apparente, les chercheurs soulignent néanmoins combien les avis peuvent diverger dès lors que l’on analyse ce qui se cache derrière chaque principe, dans la manière de les interpréter, dans les raisons de s’y intéresser ou dans qui aurait la responsabilité de les mettre en œuvre. Ils relèvent également que les chartes sont plus nombreuses à vouloir éviter les effets nocifs qu’à vouloir promouvoir des effets bénéfiques de l’IA. Enfin, ils mettent en garde contre une vision uniquement occidentale des enjeux éthiques de l’IA, sachant que seule une petite minorité de propositions émanent d’autres régions.

Pour en savoir plus, ICTjournal s’est entretenu avec Anna Jobin. Chercheuse à l’EPFZ et co-auteur de l’étude, elle en explique les principaux enseignements:
>> «Certains principes éthiques sont quasiment absents des chartes sur l’IA»

Référence:
>>
«The global landscape of AI ethics guidelines»; Anna Jobin, Marcello Ienca et EffyVayena; Nature Machine Intelligence, Vol. 1, septembre 2019

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