Claudia Schwers: «Nous voulons notre part du marché wireless»

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par Interview: Thomas Brenzikofer et Anja Schütz

Chiffres rouges et amortissements: chez Alcatel-Lucent, la restructuration est un processus continu. Mais l’équipementier réseau entend croître, prioritairement dans le domaine du wireless. Notre rédaction a rencontré Claudia Schwers, Country Manager pour la Suisse.

Alcatel-Lucent est connu pour constamment enregistrer des chiffres rouges et procéder à des amortissements massifs. Quelle est la situation actuelle?

On ne peut pas dire qu’Alcatel-Lucent soit de manière générale synonyme d’amortissements massifs. La société est certainement plus connue pour des problématiques post-fusion, mais celles-ci ne représentent plus notre problème principal. La fusion entre Alcatel et Lucent remonte à des années déjà. En ce qui concerne nos chiffres trimestriels, nous enregistrons bien une perte, mais qui était prévue et ne constitue dès lors guère une surprise. Ces pertes sont notamment dues à des mesures de restructuration.

Et quand Alcatel-Lucent terminera-t-il sa restructuration?

Je pense que la diversification dans des domaines où la concurrence n’est en partie pas active constitue un avantage pour Alcatel-Lucent. Nous nous sommes particulièrement développés dans le domaine des services. Quitter le statut de pur fournisseur de produits et d’équipements pour devenir un fournisseur de services, donc un exploitant d’infrastructures, est un gros avantage. L’ensemble de ce processus s’accompagne toujours de restructurations et de programmes d’accroissement de l’efficience.

Des postes ont étés supprimés en Suisse aussi.

Oui, un certains nombre de licenciements ont été effectués dans le cadre de mesures d’accroissement de l’efficience et d’effets de synergies.

Vous êtes entrée en fonction en octobre 2009. Avez-vous dû réfléchir longtemps avant d’accepter votre poste chez Alcatel-Lucent?

Je n’ai vraiment pas eu à y réfléchir à deux fois. J’ai trouvé tout cela incroyablement passionnant. Précédemment, j’ai été responsable de l’exploitation du secteur grand clients de Swisscom. Actuellement, compter deux grands carriers parmi notre clientèle et leur prêter assistance est un grand défi pour moi comme pour toute l’équipe.

Quelle est la situation en ce qui concerne le chiffre d’affaires, la croissance et les objectifs au niveau suisse?

Actuellement, nous nous focalisons fortement sur la reconquête de parts de marché. On parle de modifications de parts de marché et nous avons d’assez grands espoirs en ce qui concerne l’IP. D’autre part nous comptons croître dans le domaine wireless. Nous voulons notre part de ce marché.

Quel est l’impact de la reprise de Sunrise par l’investisseur britannique CVC sur les affaires d’Alcatel-Lucent?

Nous saluons l’arrivé de CVC chez Sunrise. CVC a déclaré vouloir procéder à des investissements chez Sunrise afin, par exemple, de prendre pied sur le marché de la télévision. Alcatel-Lucent dispose d’une longue expérience internationale et, en cas de souhait, épaulera volontiers Sunrise dans le développement de ces nouveaux marchés.

En Suisse, quels sont les domaines en croissance?

Dans le segment des carriers, je considère que le wireless – y compris le LTE – est un marché porteur. Nous avons également des plans de croissance importants dans le segment des entreprises, en particulier en ce qui concerne les services managés. Nous réalisons 90% de notre chiffre d’affaires dans le domaine des carriers et 10% dans le segment des entreprises.

Le LTE et le développement de la fibre représentent un marché supplémentaire – un tout autre chantier. Quelle est la configuration de ce marché?

On retrouve toujours les mêmes acteurs, comme Cisco et Ericsson. Aucun carrier n’acquiert tout son équipement auprès du même fournisseur. Cela dépend aussi toujours du degré de développement de chaque carrier. En ce qui concerne le LTE, on regarde actuellement qui en est au stade de développement le plus avancé.

Les milliards qui sont actuellement investis dans le LTE affluent-ils aussi vers Alcatel-Lucent?

Pour nous, cela ne représente en aucun cas des milliards. Comme nous ne sommes pas le fournisseur, il n’y a pas encore de business case. L’équipement ne représente qu’une partie des investissements liés au LTE, les frais de licences et l’adaptation des infrastructures ne sont pas des facteurs de coûts négligeables. En Suisse, nos ventes d’équipements liées au LTE n’atteindront certainement pas le milliard.

Un appel d’offre de licences pour le LTE aura lieu début 2011. A votre avis d’autres candidats que Swisscom seront-ils de la partie?

Oui, je le pense. Si on se fie aux volumes d’investissements communiqués par Sunrise ou par Orange, on peut penser que ces carriers sont aussi intéressés.

Serait-il imaginable qu’Alcatel-Lucent se porte candidate pour l’attribution d’une licence LTE?

On entend beaucoup de spéculations à ce sujet. Actuellement cela ne représente pas un marché où nous souhaitons prendre pied. Nous exploitons des réseaux, rien de plus.

Selon vous, à quelle échéance des offres de LTE seront-elles proposées en Suisse, respectivement en Europe?

Je pense que cela sera le cas plus vite qu’on ne le pense. Les besoins en bande passante mobile, qui commencent à se faire sentir en Europe, croissent à une vitesse incroyable. En Europe, nous sommes pour la première fois depuis longtemps à nouveau soumis à la pression de l’Amérique du Nord. Là-bas, le déploiement du LTE à déjà commencé. Nous voyons cela en observant nos grands clients américains AT&T et Verizon. Tout le monde parle d’une arrivée du LTE en 2016, mais je ne crois pas qu’il faudra attendre encore six ans. Je pense que les premiers réseaux test européens seront mis en place l’année prochaine déjà.

 

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