Livre

Utiliser ChatGPT dans le tourisme?

Claudia Benassi-Faltys et Jean-Claude Morand, tous deux spécialistes du numérique dans le tourisme, publient un livre sur l’emploi des IA génératives dans ce secteur - l’ouvrage s’amuse d’ailleurs à mentionner ChatGPT comme co-auteur. En entretien avec ICTjournal, Claudia Benassi-Faltys donne ses conseils pour les acteurs du tourisme désireux de s’essayer à ChatGPT et consorts.

Claudia Benassi-Faltys, Directrice fondatrice La Digital Room, et co-autrice de «Comment optimiser OpenAI et ChatGPT? Le cas du Tourisme».
Claudia Benassi-Faltys, Directrice fondatrice La Digital Room, et co-autrice de «Comment optimiser OpenAI et ChatGPT? Le cas du Tourisme».

Vous publiez à deux un livre sur l’emploi des IA génératives dans le tourisme¹, quelques mois à peine après la déferlante ChatGPT. A quoi doit-on une telle réactivité?

Jean-Claude suit le développement des techniques d’IA depuis de nombreuses années. En 2007, il présentait déjà au Salon du livre de Genève un prototype d’agent de voyage virtuel en ayant recours au langage AIML. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dans le domaine «tourisme & technologies». Il s’est donc emparé du sujet dès l’arrivée de ChatGPT et a commencé à rédiger un livre blanc, qui s’est très vite transformé en un livre-guide. Jean-Claude est membre du conseil scientifique d’ENTER le congrès annuel de l’International Federation for IT in Travel & Tourism.

Claudia, en qualité de Directrice fondatrice de La Digital Room, société de conseil et formation en stratégies digitales basées à Lausanne et partenaire-associée de Swiss Hospitality Global, réseau d’experts internationaux dans le secteur de l’hospitalité de luxe, pionnière dans le monde du digital, s’est donc naturellement emparée du sujet pour en comprendre les enjeux notamment pour le tourisme. La rapidité de réaction a également été rendue possible par l’aide de Jean-Claude Monney, Ex Chief Knowledge Officer de Microsoft Corp et enfin ChatGPT, dont la puissance de frappe a agi comme un réel accélérateur!

L’accès à une immense base de connaissances en langage naturel bouleverse la préparation des voyages et le marketing des entités touristiques.

Quels sont pour vous les usages les plus prometteurs des IA génératives dans le tourisme? En avez-vous des exemples concrets?

La connaissance d’un territoire comporte de nombreux paramètres que les agents des agences de voyages ou des Offices du Tourisme maîtrisent souvent de manière partielle. L’accès à une immense base de connaissances en langage naturel bouleverse la préparation des voyages et le marketing des entités touristiques. Nous proposons dans notre ouvrage plusieurs exemples de ce type sous forme de roadbook ou d’articles promotionnels. En termes de services à la clientèle, cette nouvelle génération d’outils permet de produire des réponses complètes, rapides, en plusieurs langues 24H/24. Bien que la version actuelle ne soit qu’un prototype, ChatGPT prodigue des conseils sur les activités d’une destination et lieux à visiter avec, il faut le reconnaître, quelques grosses erreurs. Erreurs qui seront certainement corrigées dans un proche avenir. Nous avons également testé la génération d’articles (blog, magazine) de conseils, optimisés pour une meilleure présence sur les résultats de moteurs de recherche en fonction de mots-clés sélectionnés. Le livre fournit une multitude d’autres exemples concrets d’usages, tant pour les clients que pour professionnel.le.s du secteur touristique et plus généralement des entreprises, directement avec les prompts et réponses générées par ChatGPT.

A moyen terme, il est fort probable que ces systèmes d’intelligence artificielle soient interfacés avec des bases de données dynamiques.

A quoi doivent faire attention les acteurs du tourisme désireux d’exploiter ces outils?

Les utilisateurs des systèmes devront apprendre à fournir des questions (aussi appelées «prompts») afin de générer des réponses pertinentes. Sachant que nous sommes qu’au tout début de cette révolution de la gestion des connaissances, les utilisateurs ne doivent pas perdre leur esprit critique et ne pas cesser d’évaluer la pertinence, complétude, exactitude des réponses. Des biais liés aux contenus des bases de connaissances utilisées (biais culturels, par exemple, une grande partie des données étant anglo-saxonnes peuvent apparaître.

A moyen terme, il est fort probable que ces systèmes d’intelligence artificielle soient interfacés avec des bases de données dynamiques. Il sera alors envisageable d’effectuer des transactions telles que la réservation de billets ou de chambre d’hôtel. Reste à savoir qui va prendre l’initiative, les OTA ont des moyens financiers, un accès au marché et une grande partie des données, les DMO² en ont d’autres. Les initiateurs et propriétaires de ces systèmes, essentiellement les moteurs de recherche, ont également des moyens colossaux qu’ils sont prêts à investir pour révolutionner le marché de la gestion des connaissances, pas seulement touristiques. Les mois à venir vont être passionnants, car toutes les GAFA s’y mettent sans compter les Chinois en embuscade³.

¹«Comment optimiser OpenAI et ChatGPT? Le cas du Tourisme»

²Destination Management Organisations comprenant les offices du tourisme

³Ils viennent de lancer via Trip.com, Tripgen

 

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