China Hardware Innovation Camp

Marc Laperrouza: «Le principal apprentissage concerne la collaboration»

par Rodolphe Koller

Le China Hardware Innovation Camp fait collaborer des étudiants de différentes filières sur le développement d’un objet connecté. Responsable du projet, Marc Laperrouza explique les motifs et les défis de cette initiative inédite.

Marc Laperrouza est chargé de cours à l’EPFL et responsable du China Hardware Innovation Camp. (Quelle: Delessert )
Marc Laperrouza est chargé de cours à l’EPFL et responsable du China Hardware Innovation Camp. (Quelle: Delessert )

Comment le China Hardware Innovation Camp a-t-il vu le jour?

Le projet remonte à l’an dernier avec, à l’origine, l’envie de Pascal Marmier, qui dirige swissnex China, d’organiser un camp d’innovation en Chine avec des étudiants suisses. J’avais déjà monté ce type de projets et j’y ai vu l’opportunité de concrétiser des aspects qui me tiennent à cœur, comme l’interdisciplinarité et le fait de coller au plus près à la réalité du terrain. J’ai donc eu l’idée de réunir des étudiants de différentes filières pour leur faire développer un objet connecté, puis de le faire produire en Chine. Après un weekend d’idéation en février, trois idées ont vu le jour: un biberon mesurant la température du lait et la quantité bue, une tablette pour faciliter la communication entre les seniors et leurs petits-enfants, et un analyseur d’eau destiné à l’enseignement dans la nature. Dans chaque projet on retrouve un étudiant de HEC pour l’aspect business, un étudiant de l’ECAL pour l’aspect design, et plusieurs étudiants de l’EPFL choisis selon les compétences nécessaires pour le produit. Cela n’a pas été sans mal, car il fallait inscrire le projet dans des filières différentes, avec des étudiants de différents niveaux n’ayant bien entendu pas les mêmes plages horaires – d’où la difficulté d’organiser des projets interdisciplinaires…

Comment fonctionne la collaboration dans les équipes? Quelles nouvelles compétences sont développées?

Je privilégie la liberté et leur laisse donc beaucoup d’autonomie dans la manière de s’organiser. Il y a bien sûr des apprentissages individuels. Dans chaque projet, il a par exemple fallu faire le design de circuits imprimés, une technique qu’aucun ne maîtrisait. Mais le principal apprentissage concerne la collaboration avec des personnes d’autres disciplines. Il faut trouver des plages horaires pour se rencontrer chaque semaine. Il faut aller chercher des compétences. Il faut trouver un langage commun. Cela ne va pas sans mal et il y a parfois des clashs. Mis à part les contraintes de temps et de budget, la collaboration interdisciplinaire est proche de celle que l’on trouve dans une entreprise. C’est tout l’intérêt.

Quelle est la composante «chinoise» de l’initiative?

De nombreux composants employés dans les prototypes ont été commandés en Chine. Les étudiants ont profité à cet égard de l’aide de grande valeur d’Alex Wayenberg, un diplômé de l’EPFL basé à Shenzhen, qui maîtrise tant les aspects business que techniques pour collaborer avec des fournisseurs locaux. Sans lui, on n’en serait pas là… L’aspect chinois de l’initiative est devenu très concret en juillet avec un séjour de 15 jours pour assembler et finaliser les prototypes. Ce voyage a présenté un triple intérêt. Premièrement, les étudiants ont travaillé chez notre partenaire SeeedStudio et ils ont pu se frotter à l’écosystème d’innovation de Shenzhen, et notamment ses maker spaces. Deuxièmement, ils se sont immergés dans cette région manufacturière de la Chine. Ils ont physiquement acheté les composants dont ils avaient besoin et ont assemblé leurs prototypes sur place. Troisièmement, ils ont rencontré personnellement des étudiants et des ingénieurs à Hong Kong, et visités des sites de production de grands équipementiers.

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