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Bernd Brandl, SAP: «Je souhaite et je plaide pour que nous ayons des centres de données en Suisse»

| Mise à jour
par Interview: Rodolphe Koller

A la tête de SAP Suisse depuis avril 2014, Bernd Brandl a expliqué à notre rédaction les ambitions de l’éditeur dans le cloud, notamment l’arrivée possible d’une offre hébergée en Suisse.

Bernd Brandl est Directeur général de SAP Suisse depuis le 1er avril. (Quelle: SAP)
Bernd Brandl est Directeur général de SAP Suisse depuis le 1er avril. (Quelle: SAP)

Vous avez repris la direction de SAP Suisse il y a quelques mois. Quelles sont vos premières impressions du marché suisse?

J’ai beaucoup voyagé et visité de clients durant ces trois premiers mois. Ma première impression est que le marché suisse ressemble beaucoup au marché allemand. Nous sommes très bien positionnés dans certaines grandes entreprises, mais aussi dans les PME, qui constituent la majorité du tissu économique suisse. La pénétration des solutions ERP y est très forte, même si tous les processus ne sont pas encore couverts, ni tous les utilisateurs. J’estime qu’il y a beaucoup d’opportunités pour nos nouvelles solutions, notamment HANA.

Quelle est l’attitude des entreprises suisses à l’égard de ce type d’innovations?

Elles sont plutôt innovantes, mais elles sont aussi réalistes. Il n’y a pas d’investissement sans un business case prouvé. Ceci dit, il n’y a aujourd’hui pas de client avec lequel nous ne discutions pas de HANA, que ce soit au stade de discussions préalables ou d’un proof of concept.

Comment voyez-vous évoluer les besoins IT des entreprises?

La réponse est simple: l’IT doit devenir plus rapide et meilleur marché. Les systèmes actuels sont relativement complexes et peu adaptables aux nouveaux besoins. C’est pourquoi certains domaines recourent à des solutions ciblées qui sont certes rapides à déployer, mais qui posent ensuite des problèmes d’intégration. Face à ces exigences, nous nous positionnons de deux manières. D’une part, avec la plateforme HANA, nous rendons les environnements IT plus simples à administrer, en évitant par exemple la séparation entre serveurs de données et applicatifs. De nombreuses opérations liées à un ERP s’en trouvent éliminées. Sans compter que la plateforme permet d’accéder aux données en temps réel et d’accélérer les processus. D’autre part, on constate que de nombreuses innovations apportées dans les ERP ne sont pas disponibles aux utilisateurs, car elles sont trop complexes à déployer. Nos solutions cloud répondent à cette problématique en rendant les nouvelles fonctionnalités de chaque release immédiatement disponibles aux utilisateurs.

Voyez-vous les approches cloud hybrides comme une phase de transition ou pensez-vous qu’elles vont perdurer?

Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une transition. Si l’on regarde ce qui se passe avec les prestataires cloud Ariba et Successfactors que nous avons rachetés, il apparaît que beaucoup d’entreprises déplacent certaines applications choisies dans le cloud tandis qu’elles en conservent d’autres on-premise pour diverses raisons, et cela va perdurer. Bien sûr, certaines sociétés, grandes et petites, choisiront de mettre l’entier de leur ERP dans le cloud. D’autres enfin n’iront jamais dans le cloud.

SAP a lancé de nombreuses offres cloud, non seulement applicatives, mais aussi PaaS et IaaS. A qui sont-elles destinées?

L’Enterprise Cloud est destiné aux entreprises utilisatrices. Il leur permet de déplacer leurs solutions ERP dans le cloud et profiter de notre plateforme HANA à moindre frais. La HANA Cloud Platform est en revanche davantage destinée en priorité à nos partenaires, qui peuvent y déployer les applications spéciales qu’ils ont développées au-dessus de SAP et les proposer à leurs propres clients en mode hébergé. Que ce soit en mode infrastructure simple basé sur HANA ou en exploitant d’autres services applicatifs connexes. La plateforme cible également les développeurs d’applications tierces, sans lien avec SAP, qui souhaitent eux aussi bénéficier de la vitesse de HANA.

Envisagez-vous de proposer des offres cloud hébergées en Suisse?

Tout à fait, j’y travaille. Je souhaite et je plaide pour que nous ayons des centres de données en Suisse à partir desquels proposer nos applications cloud et celles de nos partenaires. Ceci pour deux raisons. Sur le marché domestique d’abord, je pense qu’il sera difficile de convaincre les entreprises suisses à mettre notamment leurs applications RH dans le cloud, si les données sont hébergées à l’étranger. Mais je suis aussi convaincu qu’une offre basée en Suisse présente un atout dans d’autres pays. Je pense que les valeurs de la Suisse en font un lieu attractif pour héberger ses données et que beaucoup d’entreprises dans de nombreux pays seraient plus enclines à aller dans le cloud, si celui-ci est hébergé en Suisse.

Dans quels domaines de l’entreprise voyez- vous le plus d’opportunités de croissance pour SAP en Suisse?

Je pense que l’on sous-estime les ressources humaines comme facteur de croissance. Chaque grande entreprise est confrontée à d’énormes défis en matière de gestion, de développement et de leadership de ses collaborateurs, car le nombre de personnes qualifiées ne cesse de se réduire. C’est un domaine éminemment stratégique et je ne connais aucune entreprise qui en ait actuellement la maîtrise.

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