Micro-projecteur

Lemoptix à l’assaut du marché de la micro-projection intégrée

| Mise à jour
par Nicolas Paratte

La start-up vient d’achever la réalisation de son micro-projecteur destiné à être intégré dans un ordinateur ou un téléphone portable. Cette spin-off de l’EPFL a jusqu’ici levé des fonds à hauteur de 2,1 millions de francs pour amorcer l'industrialisation et la commercialisation de ses mini-beamer.

L’incorporation de micro-projecteurs dans des téléphones mobiles, par exemple, n’est pas nouvelle. Des fabricants comme Samsung ou encore LG ont déjà introduit des modèles sur le marché. Dans ce contexte, la start-up Lemoptix créée en 2008 au sein du Parc Scientifique d’Ecublens ne cherche pas à réinventer la roue, mais à la perfectionner. Son mini-beamer, finalisé début septembre après dix années de développement technologique, vise surtout l’efficience et la démocratisation d’un système à moindre coût pour le grand public.
Avec une tête de projection de 1 cm3, le pico-projecteur de Lemoptix est inférieur à une carte de crédit. Il fonctionne grâce à de minuscules miroirs de moins d’un millimètre d’épaisseur, les MEMS, des systèmes micro-électro-mécaniques. Utilisable à partir d’une distance minimale de 50 centimètres, le mini-beamer est capable de projeter des images en couleur sur un écran doté d’une diagonale de 15 pouces.
«Sa petite taille ne prétérite toutefois pas la qualité de l’image qui conserve une résolution élevée et une bonne luminosité grâce à la technologie laser», explique Marco Boella, CEO et co-fondateur de Lemoptix. De plus, sa consommation moyenne de courant est de 30% inférieure à celle des modèles se basant sur la technologie matricielle et LED actuellement disponibles sur le marché. Ce dernier point s’explique principalement par une conception technique plus simple qui se passe notamment de ventilateur gourmand en énergie, précise le patron de la start-up qui a œuvré pour Nokia et HP.

Applications industrielles

La start-up entrevoit de nombreuses applications pour son produit, a fortiori dans des endroits où la luminosité joue un rôle important, par exemple dans des commerces, voire des salles d’opération fortement éclairés. Lemoptix collabore ainsi avec le CHUV pour projeter à l’aide du mini-beamer des images directement sur le patient sans que le médecin ne doive relever la tête vers un écran. D’autres affectations sont également prévues dans l’industrie automobile pour envoyer des informations sur un pare-brise (données GPS, vitesse, etc.).
«Ici, nous pouvons produire 10 000 micro-miroirs par mois dans la salle blanche mise à disposition de l’EPFL», indique Marco Boella. Mais Lemoptix est en train de préparer la sous-traitance de cette activité de production avec un partenaire étranger pour pouvoir réaliser des volumes plus importants d’ici fin 2011. La technologie de la jeune entreprise devient en outre très bon marché une fois produite en grande quantité. D’autres partenaires ont par ailleurs déjà été identifiés pour l’outsourcing de l’électronique ou encore l’assemblage de l’optique et la fourniture de lasers.

A la conquête du marché

Au niveau du business model, «nous irons jusqu’à la fourniture de modules de micro-projection sur mesure que nous vendrons à des entreprises qui intégreront notre technologie dans leurs produits», avance Marco Boella. Ce seront dans la plupart des cas des modules de type plug and play. Pour le moment, des contacts ont déjà été pris avec des fabricants de smartphones et d’ordinateurs portables. «Des partenariats avec Intel ou Qualcomm entre autres pourraient être intéressants. A l’inverse, nous avons déjà été approchés spontanément par des clients attirés par notre technologie», précise le CEO.
Grâce à un meilleur rendu en luminosité, à sa petite taille, à sa technologie difficilement copiable ou encore à son architecture simple nécessitant peu de composants, le micro-projecteur de Lemoptix est bien paré pour se démarquer d’autres systèmes existants, juge Marco Boella. La commercialisation et l’industrialisation nécessitent cependant des ressources. Un premier round de financement a permis d’engranger 700 000 francs en avril 2009 tandis qu’un deuxième tour a pour sa part drainé 1,4 million supplémentaires en août 2010, des fonds provenant exclusivement d’investisseurs privés, des business angels. Mais la course à la miniaturisation de la vidéo-projection nécessitera encore d’autres moyens plus conséquents, estime le co-fondateur, notamment pour l’intégration des modules dans des laptops.
La société va prochainement s’étoffer en personnel, en particulier avec l’arrivée d’un responsable de marketing et des ventes. A la fin de l’année, elle devrait compter 13 collaborateurs aidés de deux scientifiques de l’EPFL. Le beamer de poche devrait être commercialisé d’ici fin 2011 pour des applications industrielles et l’année suivante pour le grand public.

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