Nouvelle strategie

Changements chez Red Hat et HashiCorp: l’open source a-t-il du plomb dans l’aile?

Red Hat a limité l'utilisation du code source de sa distribution Enterprise Linux. Alors que HashiCorp s’est détourné d’une licence purement open source. Dans les deux cas, il s'agit de lutter contre les éditeurs qui clonent les logiciels sans contribuer au code en retour. Mais ce changement de stratégie ne plaît pas à tout le monde.

(Source: Anna Shvets / pexels.com)
(Source: Anna Shvets / pexels.com)

Fin juin, via un billet de blog a priori anodin, Red Hat a créé un séisme dans le monde de l’open source. Propriété d’IBM depuis 2019, le spécialiste des logiciels Linux pour entreprises a déclaré: «CentOS Stream sera désormais le seul dépôt pour les versions publiques du code source liées à RHEL (Red Hat Enterprise Linux, ndlr). Pour les clients et partenaires de Red Hat, le code source restera disponible via le portail client de Red Hat». 

Le changement signifie que «seuls les clients payants pourront obtenir le code source de Red Hat Enterprise Linux... Et selon les termes de leurs contrats avec Red Hat, cela signifie qu'ils ne peuvent pas le publier», a clarifié The Register. De quoi poser problème aux éditeurs qui proposent des distributions de Linux pour entreprise basée sur RHEL, telles que AlmaLinux, Rocky Linux ou encore Oracle Unbreakable Linux. Car en se focalisant sur CentOS Stream, considéré comme une sorte de bêta de RHEL, Red Hat contribuera à rendre disponible des mises à jour en amont de RHEL et non en aval comme c'était le cas jusqu'à présent. 

SUSE prépare un fork de RHEL 

La décision de Red Hat a été vivement critiquée par une partie de la communauté open source. L’éditeur SUSE a déclaré travailler sur un fork de RHEL et s’est joint à une nouvelle alliance, l'Open Enterprise Linux Association (OpenELA), aux côtés d’Oracle et CIQ. L'objectif explicite de l’OpenELA consiste à «encourager le développement de distributions compatibles avec Red Hat Enterprise Linux (RHEL) en fournissant un code source Enterprise Linux (EL) ouvert et gratuit».

De son côté, Red Hat s’est justifié en expliquant que le changement vise à couper l'herbe sous les pieds d’éditeurs se contentant de reconstruire le code, sans y ajouter de valeur ou le modifier de quelque manière que ce soit. «Il s'agit d'une menace réelle pour l'open source, qui risque de faire de l'open source une activité réservée aux amateurs et aux pirates», a insisté Mike McGrath, vice-président de Red Hat. 

HashiCorp change de licence 

Un autre poids lourd parmi les éditeurs open source a récemment modifié sa licence pour contrer les entreprises qui puisent dans son code source à des fins commerciales. Il s'agit de HashiCorp, «la licorne qui parle aux DevOps», connue pour sa solution Terraform et d'autres outils de cloud management. Dans un billet de blog, la firme indique passer de la Mozilla Public License v2.0 (MPL 2.0) à la Business Source License (BUSL) v1.1 (une licence non open source mais permissive). «Il y a d'autres fournisseurs qui profitent des modèles purement OSS, et du travail de la communauté sur les projets OSS, pour leurs propres objectifs commerciaux, sans fournir de contributions matérielles en retour. Nous ne pensons pas que cela soit dans l'esprit de l'open source», explique le CTO Armon Dadgar pour justifier l'adoption de cette licence qui permettra à quiconque de copier, modifier et redistribuer le code, sauf s'il propose une offre concurrentielle à HashiCorp.

Les réactions au changement de stratégie de HashiCorp ne se sont pas fait attendre. Certains développeurs de projets basés sur le code source de HashiCorp ont fait savoir qu’ils auraient bien voulu apporter leurs contributions à Terraform mais que ces dernières avaient simplement été rejetées par l'éditeur, rapporte TechTarget.com. Un groupe de mécontents a décidé d’agir formellement, en mettant sur pied la fondation OpenTF qui a l'intention de créer un fork de Terraform.

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