Techniques

Réinventer la gouvernance des données

Les données utiles au succès d’une entreprise se trouvent autant, sinon plus, à l’extérieur qu’à l’intérieur de celle-ci. Un nouveau champ s’ouvre pour la gouvernance des données, qui cherche à établir cet équilibre délicat entre innovation, efficience et confidentialité.

Gil Regev, Senior Knowledge Manager chez Itecor.
Gil Regev, Senior Knowledge Manager chez Itecor.

Longtemps, les seules données disponibles aux décideurs étaient confinées au sein de l'entreprise, non par choix, mais par contraintes techniques. Les données externes n’étaient pas exploitables car inaccessibles aux systèmes d’information. Désormais, ce graal des données externes est à portée de main. Plus besoin d’enquête ou d’étude de marché, les clients fournissent eux-mêmes une multitude de données sur les réseaux sociaux et à travers leurs smartphones, sans parler des objets connectés qui sont une source intarissable d’informations. Aujourd’hui, une organisation qui se focaliserait seulement sur les données internes ferait preuve d’une certaine myopie. La frontière entre données internes et externes tend à s’effacer, tels les avis de consommateurs et les blogs.

La gouvernance des données doit être réinventée et aborder trois enjeux majeurs: des capacités et possibilités de traitement en perpétuelle augmentation et à la portée de tous, un besoin d'immédiateté toujours plus prégnant et des lois toujours plus contraignantes.

L’innovation au cœur de la gouvernance

Toutes les organisations, grandes et petites, peuvent bénéficier aujourd’hui des possibilités offertes par les outils de Big Data. Elles peuvent ainsi traiter les données internes et externes pour en extraire des axes contribuant à une prise de décision stratégique et opérationnelle.

Outre la fédération des données structurées, non-structurées et en streaming, les outils tels RapidMiner, Trifacta ou Atlas offrent la possibilité au métier de prendre la main sur la gestion de la qualité des données. Ces nouvelles solutions bousculent les pratiques de Master Data Management. Au lieu d’établir des règles rigides de gouvernance des données, il s’agit de devenir agile et plus proche du métier. L’informatique joue un rôle de support innovateur aux métiers plutôt que de garant d’une exactitude absolue et illusoire des données.

Un besoin d’efficience

Ces innovations technologiques inexorables impriment une augmentation des volumes de données et des délais de décisions qui se raccourcissent. Les outils de data analytics permettent aux départements informatiques, grâce aux modèles statistiques, de s’affranchir d’un besoin en données absolument précises. Les métiers peuvent ainsi prendre des décisions fiables sans un long et coûteux processus de gestion de qualité des données.

Des contraintes plus fortes

L’accroissement des données sensibles accessibles aux entreprises, conjugué aux capacités de traitement permettant le croisement aisé des informations, pousse le législateur à voter des lois de plus en plus contraignantes sur la protection des données. Ces lois (LPD en Suisse, GDPR en Europe) sont aujourd’hui au cœur des préoccupations des directeurs de services informatiques.

L’enjeu désormais pour les entreprises est de mettre en relation les acteurs concernés, d’adapter processus métier, systèmes d’information et organisation, avec notamment la création du rôle de Data Protection Officer ou de Chief Data Officer, pour permettre l’exploitation et la conservation des données disponibles dans le respect des exigences légales. La prise de recul constitue un élément clef de succès pour de telles démarches car de tels changements sont complexes mais nécessaires.

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