Les déchets électroniques, une source précieuse de matières premières
L’année dernière, 39 452 tonnes de déchets électroniques ont été collectées et envoyées au recyclage. L’analyse des quantités collectées révèle un paradoxe étonnant: alors que la quantité totale (en tonnes) d’appareils collectés diminue chaque année d’environ 4% depuis 2012, le nombre d’appareils éliminés ne cesse d’augmenter (environ 3% par an).

Ces chiffres, qui pourraient sembler contradictoires, reflètent l’évolution technologique dans le secteur de l’électronique. Cela est particulièrement vrai pour les téléviseurs. En effet, les écrans plats enregistrent une croissance d’environ 19% par an dans les volumes collectés, tandis que le nombre d’écrans à tubes cathodiques lourds, que ce soit pour les ordinateurs ou les téléviseurs, est en forte baisse. Le passage à des écrans plats plus légers explique donc en majeure partie la baisse du volume total malgré l’augmentation du nombre d’appareils.
Le paysage du recyclage est marqué par des appareils plus légers
La tendance à la miniaturisation et à la réduction du poids est particulièrement marquée dans les catégories «informatique mixte» et «électronique grand public mixte». Ces catégories englobent un large éventail d’appareils principaux et de périphériques comme les claviers, les souris d’ordinateur, les lecteurs audio/vidéo et les consoles de jeux.
La perte de poids continue des appareils illustre les progrès technologiques de la fabrication électronique. Grâce à des procédés de production modernes, à une utilisation plus efficace des matériaux et de leur légèreté accrue, les appareils d’aujourd’hui sont nettement moins lourds que leurs prédécesseurs, avec des fonctionnalités identiques, voire améliorées.
Dans le même temps, les cycles d’utilisation se raccourcissent. Les faibles coûts d’acquisition de nombreux petits appareils entraînent des achats de remplacement plus fréquents et donc un retour plus rapide dans le cycle du recyclage.
La composition des matières premières reste remarquablement stable
L’analyse des trois dernières décennies montre que près de la moitié des métaux ferreux et non ferreux et près d’un cinquième des matières plastiques ont été récupérés dans la mine urbaine suisse. Malgré la baisse des volumes depuis 2012, la quantité de métaux contenue est restée pratiquement la même. La part de métaux est constante, d’environ 50%.
Les proportions de plastiques, de circuits imprimés et de câbles affichent également une stabilité remarquable au cours des dix dernières années. Cela montre que, malgré les innovations technologiques, la composition de base des appareils électroniques ne change que petit à petit.
Les difficultés du recyclage du plastique
La valorisation des plastiques est l’une des plus complexes. À cause des substances nocives comme le cadmium et des retardateurs de flamme problématiques, seuls 40% des plastiques collectés peuvent être recyclés. Les 60% restants sont recyclés thermiquement et servent de source d’énergie.
Répartition des métaux: une nette domination du fer
Dans la composition métallique, le fer domine nettement avec 38%, tandis que le cuivre et l’aluminium représentent des parts nettement plus faibles (3% chacun). Ces chiffres soulignent le potentiel de la Suisse en tant qu’acteur majeur dans le domaine des matières premières secondaires. C’est tout à fait remarquable pour un pays traditionnellement pauvre en matières premières et relativement peu peuplé.
Ces 12 dernières années, le poids imposant de 22 tours Eiffel a été récupéré pour le fer, celui de 324 Airbus A350 pour l’aluminium et celui de 123 toits du KKL à Lucerne pour le cuivre.
L’extraction durable des matières premières, une mission permanente
Contrairement aux gisements naturels, la mine urbaine ne sera jamais épuisée. Le flux continu d’appareils électroniques mis au rebut charge le secteur du recyclage d’une mission cruciale: celle de réinjecter le plus grand nombre possible de matières premières dans le circuit économique, avec une pureté élevée.
La complexité croissante des appareils modernes, qui combinent de nombreuses matières premières en très petites quantités, représente un défi technique et économique croissant. Pour des raisons physiques ou économiques, il n’est plus rentable de séparer et de récupérer de nombreux matériaux. Un aspect qui souligne l’importance des approches comme le Design for Recycling dans le développement de produits.