Concurrence

Pas encore disponible en Suisse, Google for Jobs inquiète déjà les portails d’emploi européens

Plusieurs plateformes européennes d'annonces d'emploi s’inquiètent de la concurrence déloyale de Google for Jobs. Pas encore disponible en Suisse, le service de recherche d’emploi ne semble pas effrayer les acteurs helvétiques.

Google n'a encore rien annoncé pour la Suisse. (Source: Pixabay.de)
Google n'a encore rien annoncé pour la Suisse. (Source: Pixabay.de)

Quelques mois après son lancement en Europe, Google for Jobs est sous le feu des critiques de ses concurrents européens. Dans une lettre adressée à Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la Concurrence, 23 plateformes d'annonces et de recherche d’emploi ont demandé l’arrêt provisoire des activités de Google dans le domaine. Elles souhaitent l'abandon de telles pratiques qu’elles jugent anticoncurrentielles.

Google for Jobs est un outil de recherche d’emploi nativement intégré dans le moteur de recherche du mastodonte américain d’internet. Il suffit de saisir en requête l'intitulé d’un poste suivi du mot «emploi» pour se voir proposer des offres correspondantes. En cas de postulation, l'internaute est dirigé vers le site qui affiche l’offre intégrale.

Les concurrents pointent du doigt ces pratiques qui pourraient entrainer une baisse de leur trafic et de leurs revenus. Bruxelles n’a pour l’heure pas mis le service hors ligne, le temps de mener des investigations. Une plainte formelle pourrait être déposée par les sites concernés pour abus de position dominante, rapporte l’agence Reuters.

Depuis son lancement aux Etats-Unis en 2017, l’outil a été introduit dans près de 100 pays: en Amérique du Nord et du Sud, en Asie, en Afrique, et plus récemment en Europe.

Et en Suisse?

Contacté par ICTjournal, Google indique ne pas avoir de projet pour la Suisse. Les entreprises helvétiques actives dans le domaine semblent sereines face à cette possible concurrence.

«Google n’entre pas réellement sur le marché du recrutement. Ils vont faire ce qu’ils savent faire de mieux: permettre aux chercheurs d’emploi de trouver les contenus, autrement dit les annonces d’emploi qui sont les plus pertinentes pour eux», explique le géant de l’intérim et du recrutement Manpower.

Même son de cloche du côté de JobCloud, détenteur des plateformes d’emploi comme jobs.ch, JobScout24.ch et jobup.ch. «Depuis longtemps, nous fournissons à Google les offres d’emploi de nos plateformes de manière structurée. Suite au lancement de Google For Jobs nos clients bénéficieront d'une plus grande visibilité pour leurs annonces», rassure Davide Villa, CEO de JobCloud.

«La dépendance à Google constitue un risque»

Les deux entreprises estiment par ailleurs que Google For Jobs ne rendra pas les portails d’emplois superflus. Davide Villa explique que ses services vont au-delà de ceux de Google, en proposant de «la valeur ajoutée sous forme d’outils et de services». Manpower renchérit en expliquant que le recrutement restera «l’apanage des services RH et des bureaux de placements, en fournissant des possibilités d’entretiens ou d’évaluation, contrairement à Google».

La prudence reste cependant de mise. Manpower juge que la facilité de recherche offerte par Google For Jobs rassurera les utilisateurs, mais la société de placement estime toutefois que «la dépendance à Google constitue un risque. L’inconnue principale réside dans l’utilisation que les entreprises suisses feront de ce nouvel outil».

«L’entrée de Google sur le marché du recrutement va représenter un défi pour la branche et pousser les acteurs à l’innovation» conclut Davide Villa.

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