Utilisation des données: la transformation numérique est arrivée

Les plus grandes entreprises du secteur financier ont récemment annoncé la création d’une nouvelle association: «Swiss Fintech Innovations». Son objectif est ambitieux: faire de la Suisse le principal centre international de la branche financière en matière de numérisation et d’innovation. La création de cette association est un acte fort, montrant que les sociétés financières ont pris conscience de l’importance de la numérisation, et ne considèrent plus cette évolution comme une tendance passagère, mais bien comme un changement de paradigme à prendre au sérieux.

Il est désormais difficile de trouver en Suisse une seule entreprise n’ayant pas inscrit d’une manière ou d’une autre à son programme le thème de la numérisation. La première grande vague a en effet touché plus de 90% des organisations. La plupart d’entre elles ont réalisé aujourd’hui le dynamisme de cette tendance, et intégré l’idée qu’une stratégie numérique ne devait plus se concevoir comme un aspect secondaire de la stratégie commerciale, mais que stratégie numérique et commerciale ne faisaient aujourd’hui plus qu’un.

La pression au changement se révèle particulièrement forte dans le secteur financier et celui des assurances. Les défis sont en effet nombreux: d’un côté, les entreprises numériques «historiques» telles qu’Apple ou Google deviennent des concurrents à prendre au sérieux, notamment dans le cadre des activités avec les consommateurs finaux. D’un autre côté, l’ouverture au changement est bien souvent freinée par des systèmes informatiques anciens et des processus obsolètes. Cela entraîne ainsi souvent une situation confuse, avec un scénario à deux vitesses. Alors que la partie «lente» consacre une énergie considérable à l’entretien et à la maintenance des anciens systèmes, l’autre partie met fortement l’accent sur l’innovation afin de garder le rythme face aux concurrents.

Ces entreprises doivent donc réussir à synchroniser ces deux tempos dans leur système informatique. Non seulement elles ne peuvent se permettre de retomber dans «l’ancien» rythme, mais elles doivent également suivre la cadence impulsée par les évolutions rapides de la numérisation. Elles sont soutenues dans cette démarche par différentes technologies regroupées sous l’acronyme SMAC, c’est-à-dire Social Media, Mobility, Analytics et Cloud Computing).

Les technologies SMAC offrent des avantages essentiels en matière d’innovation, de productivité et d’efficacité, et fournissent également la matière première la plus importante du XXIe siècle: les données. Car, si lors de la première vague de transformation, les entreprises ont préparé le terrain à la numérisation sur le plan technologique, la deuxième vague met l’accent sur l’agrégation de valeurs à partir de la collecte de groupes de données.

Ces ensembles de données sont alimentés par les technologies SMAC mais aussi par de récents concepts tels que Blockchain et IdO. L’utilisation de ces données nécessite en effet des technologies capables d’agréger de manière efficace des informations importantes à partir de pools de données structurées et non structurées. Les principales technologies utilisées ici sont les algorithmes, l’automatisation et l’intelligence artificielle ou les systèmes autodidactes, soit des technologies souvent désignées par le terme de systèmes cognitifs.

Un autre élément important pour les entreprises traditionnelles est l’intégration intelligente des anciens systèmes informatiques, afin de pouvoir exploiter les données historiques avec les nouvelles solutions analytiques.

Si les entreprises réussissent à transformer leurs données en valeurs, de nombreuses nouvelles possibilités s’offrent à elles. Les améliorations en matière d’efficacité et de productivité ne représentent que le début d’une nouvelle ère, car les changements vont permettre l’émergence de nouveaux produits et de services dans le secteur financier, voire même transformer les modèles économiques dans leur intégralité. La vitesse des changements sera extrêmement rapide et leur portée considérable. Les banques et les assurances vont également devoir s’adapter et accepter le fait qu’il ne suffit plus de s’en tenir aux vieilles recettes pour avoir du succès, mais bien se réinventer sans cesse.

La création de la nouvelle association Swiss Fintech Innovations est le signe que la prise de conscience et la volonté de changement sont bien présentes dans le secteur. Il s’agit donc désormais d’agir et d’innover.