«Rester exclus d'Horizon 2020 serait fatal aux EPF et à la science en Suisse»

Après l’acceptation de justesse de l’initiative contre l’immigration de masse de l’UDC, la ministre de la justice, Simonetta Sommaruga annonçait que l’accord sur la libre-circulation avec la Croatie, nouvel Etat membre de l’UE, ne pouvait pas être signé. Cette décision a des conséquences pour le monde de la recherche suisse. Les négociations sur l’accord sur la recherche Horizon 2020 et le programme d’échange pour étudiants Erasmus+ sont provisoirement suspendus.

Le monde académique suisse a écrit une lettre ouverte au président de la Confédération, Didier Burkhalter, ainsi qu’à Simonetta Sommaruga et Johann Schneider-Ammann, expliquant sa position délicate, et demandant au gouvernement d’intervenir en sa faveur. La lettre est signée de tous les recteurs des Universités et Hautes écoles suisses, ainsi que des représentants du fonds national pour la recherche et de l’académie des sciences.

L’EPFZ se montre elle aussi bien sûr inquiète des conséquences de cette votation. Quatre professeurs du département d’informatique sont subventionnés par le «European Research Council. Roland Siegwart, vice président de la recherche et des relations économiques de l’EPFZ explique quels sont les dangers.

Monsieur Siegwart, les signaux donnés par l’UE vous inquiètent-ils?

Les dernières nouvelles de Bruxelles déstabilisent nos chercheurs sur la poursuite du programme Horizon 2020. Mais nous croyons toujours que grâce à la politique et à la diplomatie, nous réussirons à trouver un compromis, qui permettra à nos chercheurs de continuer à participer aux programmes européens à l’avenir. Peut-être que nous aurons besoin d’une solution transitoire.

Quels sont les enjeux pour l’EPFZ?

Il y en a beaucoup! Dans le passé, nos chercheurs se sont très bien défendus face à la concurrence européenne et ont obtenu des financements pour de nombreux projets. Rien que dans le cadre du «European Research Council Grants», les scientifiques de l’EPFZ ont obtenu, depuis 2007, environ 200 millions de francs de l’UE pour les projets de recherche fondamentale. Rester à l’écart d’Horizon 2020 serait fatal pour l’EPFZ et l’ensemble du monde scientifique suisse.

Quelle est la situation pour Erasmus?

Le programme de mobilité avec l’UE est de loin le plus important, parmi les autres programmes d’échange, pour l’EPFZ. Dans le cadre d’Erasmus 2012/2013, 225 étudiants sont venus à l’EPFZ. A l’inverse, 132 étudiants de l’EPFZ ont effectué, durant la même période, un semestre dans une université européenne. L’EPFZ espère que la Suisse réussira à trouver une solution qui permettra aux étudiants de continuer à profiter de ce programme.