Intelligence artificielle

Hamza Harkous, EPFL: «Le respect des données personnelles peut être un argument de vente»

Post-doctorant à l’EPFL, Hamza Harkous est à l’origine de Polisis, mis en ligne ce vendredi 9 février. Les deux outils boostés à l’intelligence artificielle qu’il a développés avec des chercheurs américains permettent à un internaute de savoir ce que tel ou tel service fera de ses données personnelles. Pour ICTJournal il revient sur les ambitions de ce projet et les suites que ses collègues et lui comptent lui donner.

Hamza Harkous, chercheur à l'EPFL
Hamza Harkous, chercheur à l'EPFL

Notre article sur le projet Polisis

Polisis et PriBot permettent aux internautes de comprendre les politiques de confidentialités sans passer des dizaines d’heures à les lire. Mais n’est-ce pas trop tard? Ne sont-ils pas déjà trop habitués à les accepter sans savoir ce qu’elles contiennent?

Même si nous avons eu plus de 1000 visiteurs uniques par jour sur le site depuis la mise en ligne, nous ne nous attendons pas à une adoption massive. Tous les utilisateurs ne sont pas égaux. Nous ne sommes pas en train de dire aux personnes qui ne se préoccupent pas de la protection des données en ligne qu’il faut qu’elles se mettent à lire les politiques de confidentialités. En revanche, nous voulons aider celles que cela intéresse. Au-delà de l’internaute ou du mobinaute lambda, nous ciblons aussi tous ceux qui travaillent sur ces questions: des avocats qui écrivent ces textes aux régulateurs qui les critiquent.

Il ne s’agit pas d’outils grand public?

Qui veut peut les utiliser. Mais quand un particulier compare deux services, le poids du respect de la vie privée dans son choix n’est souvent pas prépondérant. Même si la messagerie Signal est plus respectueuse de la vie privée, il choisira tout de même Whatsapp car c’est là que sont tous ses amis.

Pour une entreprise c’est différent. Le respect des données personnelles peut être un argument de vente. Avec Polisis, il devient facile de prouver à vos clients que les logiciels et outils en ligne que vous utilisez pour votre business ne mettent pas en danger les informations qu’ils partagent avec vous.

Vous allez donc vendre cette solution à des entreprises?

Nous sommes convaincus de la valeur ajoutée que nous apportons et recevons énormément de demandes de la part d’entreprises IT ou de sociétés qui s’intéressent aux questions de conformité et de vie privée. Nous recevons des appels d’Allemagne, des Etats-Unis et du Royaume-Uni principalement.

Tous les membres de ce projet sont chercheurs et nous n’allons pas lancer une start-up demain. Il y a notamment des questions de propriété intellectuelle à traiter entre les différentes parties prenantes. Mais nous étudions cette possibilité avec attention. Polisis et PriBot resteront gratuits et accessibles à tous mais sur cette base nous pouvons imaginer un service à même d’éclairer les entreprises qui souhaiteraient produire de meilleures politiques de confidentialités.

Avez-vous autre chose dans les tiroirs pour les mois à venir?

Oui. Tout d’abord nous devons étendre notre offre à davantage de langues. Pour le moment seul l’anglais est traité. Nous travaillons sur le français, l’allemand, le néerlandais… Nous avons également imaginé un comparateur de politiques de confidentialité qui éclairerait de façon très simple le choix d’un utilisateur en quête d’un nouveau service. Enfin, nous voudrions que Polisis soit capable de vous montrer en premier lieu l’important et l'inattendu dans la gestion des données personnelles du service que vous vous apprêtez à souscrire.

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